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14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 08:27


 

           « Qui n'a pas d'ennemi n'a aucune valeur » proverbe bosniaque issu d'un peuple qui connaît la musique ; quant à vouloir s'en créer juste pour le plaisir de défrayer la chronique relève d'une agressivité ou d'un masochisme évidents. Pourtant c'est le risque que prend le grand philosophe de l'humour Pierre Dac lorsqu'il ''étudie'',à sa façon, l'évolution de l'homme et note que certains caractères tels que la bouche aux lèvres développées chez certaines peuplades africaines prouveraient que nous avons dégénéré en perdant ce caractère ultra protecteur de dentition, nous qui vivons actuellement 24 heures sur 24 sur les gencives dès l'âge mûr!

Alors, l'évolution : progrès ou dégénérescence ?

           À l'origine, on en est sûr, l'homme se déplaçait à quatre pattes tout comme les singes dont il est la version verticalisée, mais semble-t-il, sans réelle protection extérieure contre les chocs, leur coccyx, sorte de queue résiduelle, étant ultra fragile, contrairement à certaines espèces de singes qui, eux, possèdent un arrière-train étonnamment développé, véritable coussin de cuir rouge vif, semblable au canapé en forme de lèvres géantes ( le ''Sofa boca'') créé par Dali, en hommage à Mae West .
           Ah ! Ces magnifiques et énormes lèvres charnues, exorbitées, que certaines peuplades épargnées ont aussi à la bouche, et qui protègent alors de façon magistrale la dentition que cette espèce a d'ailleurs fort belle et solide. Formidable avantage, très sécurisant, ce qui empêche ces favorisés de la nature d'être comme nous ''sur les dents'', tels de sauvages bestiaux que nous sommes, tout en gueule, prêts à l'attaque à la moindre occasion !
            Avions-nous tous à l'origine ces sécurisantes protections avant, arrière ? Combien de temps aura-t-il fallu pour que l'artiste constructeur de l'époque décide de changer la carrosserie de ce créatif mobile humain ? A partir de combien de millénaires d'usure ce caractère extraverti est-il devenu trop lourd à assumer ? Nul ne sait, mais il est probable que ce genre de pare-chocs attirant, usé jusqu'à la gomme, ait été cause de douleurs, au point d'obliger à de longues séances d'immobilité, voire de reculade en cas de danger : la cible n'étant que trop visible. Voilà comment auraient disparu ces genres de punching-balls humains autoportés, provocateurs...

Pourtant « Là où est le danger là est ce qui sauve » nous dit Höberlin !

           Dans l'attente de neutralisation de l'attrait produit par ses bases arrières colorées gonflées à bloc, il se pourrait aussi que l'hominien ( femelle surtout plus particulièrement visée) histoire de passer inaperçu, ait eu l'idée d'épouser la rectitude du tronc d'arbre ; voilà que pattes avant et pattes arrières au lieu de concourir au ras du sol, soudain se surplombent et que l'équilibre du véhicule s'en trouve du coup momentanément étrangement fragilisé : vertigineuse expérience d'où seraient nées les expressions : à tomber, tomber de haut, tomber d'inanition, et plus communément '' se carapater'', voire se planter, dégringoler étant plus récent (probablement du temps des gringos)
           Bref, il n'est plus question que de tomber ( même en amour!) et ceci jusqu'à la tombe finale dont nul ne s'est encore relevé, à part quelque cas non encore vérifié, fort probablement sortis du coma,( kôma=sommeil profond en grec) inconnu à l'époque.
           Tant d'histoire, direz-vous, pour un sujet humain à quatre membres dont deux portent les deux autres sur le dos, et parfois l'inverse dans le but de se rappeler les anciennes pratiques simièsques, sans jamais être capable d'autant de souplesse!
          Tant d'histoire pour essayer de réhabiliter cette espèce verticale au regard oblique que nous sommes, formée d'une forte majorité de ''déséquilibrés'' dont mille et un exemples se déplacent en ce monde, debout, mais dépourvus de vision à longue portée, à peine une courte vue que rien n'améliore, pas même l'usage fluctuant de la philosophie ou de la religion.
Et pourtant... l'espoir existe : l'humour notamment qui permet très souvent d'y voir plus loin que le bout de son nez !

Y aurait-il, un ultime secours ?

           Ne manquerait à cette espèce, dont nous sommes, qu'un gonflement postérieur équivalent au  gonflement spectaculaire de l'égo, pour corriger le fait de cette déchéance animale, et encaisser les coups de pieds au ''fondement''.. qui se perdent...
Ne plus se prendre pour la race supérieure d' humanoïdes, droits dans leurs bottes, autorisés à dénigrer, voire à détruire les autres, dès la plus petite différence d'aspect, ou de croyance, c'est pour quand?...
Aucun signe d'amélioration à l'heure où nous parlons!
           Histoire humaine incroyable qui laisse pantois ! Seule une certaine souplesse d'esprit permettrait tout de même d'en rire... à postériori !... LE RIRE : un des rares points positifs qui nous distingue des animaux, preuve que nous en avons plus besoin qu'eux !
          Alors, faute de mieux, cultivons, entretenons l'humour, cette étrange soupape de sécurité cérébrale qui nous retient souvent à deux doigts de l'ultime implosion ou explosion de férocité , car comme le dit un correspondant d'Anna Akhmatova qui en connaissait un rayon sur la méchanceté humaine :

Ils sont sans compassion, ces pauvres animaux
Qu'autrefois on appelait les humains
Vindicatifs, ils fomentent  jusqu'à la fin
Histoire d'avoir médaille au tombeau...

© Jeanne CHAMPEL GRENIER  

 
 
 

 

 

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commentaires

H
Très juste et fine analyse qui, de plus, ne manque pas d'humour. Un vrai plaisir !
Répondre
B
Aussi drôle que fin...Un régal!<br /> Merci Jeanne!
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  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
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