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La virgen del rosario
C'était un coin d'Espagne tout incrusté d'églises
le jour de procession des femmes endeuillées
Elles avaient dans les yeux une sorte d'emprise
alors que scintillaient les feux de leurs colliers
Penchées comme des arbres inclinés par le vent
dix d'entr'elles hissaient une Vierge-à-l'enfant
de bronze et d'or fleurie de myriades d'oeillets
Les femmes arboraient de belles robes sombres
et portaient sur leur front la mantille de soie
où brillait par instant leur regard mêlé d'ombre
Des chants montaient soudain sanglotants vers les cieux
Puis s'ensuivait un long et douloureux silence
où la lenteur des pas annonçait l'imminence
d'un drame ressurgi de l'époque des Dieux
Parfois dans l'assemblée s'élevait un cri rauque
un air de liturgie arabo-ibérique
plein d'improvisations d'arabesques baroques
Frappé par la ferveur de la pavane antique
où la Vierge semblait s'élever dans les airs
mon esprit envouté ne se pouvait distraire
du rythme passionnel des accents mélodiques
Les âmes s'éventaient dans leur élan mystique
immuable espérance que rien ne ravine
À travers la pâleur du visage christique
je croyais voir la Sainte avec ses voiles d'or
et ses précieux joyaux dansant sur la poitrine
esquisser le sourire oriental d'Aliénor
quand elle s'en revint tout droit de Palestine
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
Extrait du recueil ''Racines vagabondes’'-2023
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