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6 octobre 2023 5 06 /10 /octobre /2023 07:36

La planète rouge – 1991 – tableau de Monique Thomassettie

 

Imaginaire (100 cm x 100 cm)

Reproduit dans Intuition Tome III (MonéveiL 2015)

et dans le Livre I de mes œuvres plastiques (M.E.O. 2020).

 

© Monique Thomassettie

 

 

 

 

Ma lettre à Salvatore Gucciardo

 

Lettre parue en été 2003 dans la regrettée revue « Remue-Méninges » à propos du beau livre* consacré à la peinture de Salvatore, analysée par Anita Nardon.

* « Traces de l’art », Éditions Art in Belgium, 2002.

 

 

 

Le 29 janvier 2003

 

Cher Salvatore,

 

À peine sortie de mes visions, de mes intérieurs et extérieurs voyages (il y a un an, je me trouvais en Inde du Sud), me voici invitée à celles, à ceux de ton livre !

Je ne puis y entrer qu’avec mon propre regard, ma propre entente. D’éminent(e)s critiques ont analysé ta peinture. Aussi, est-ce en tant que seule peintre et seule poète que je la contemplerai.

Hier soir, quand tu m’as téléphoné pour une autre invitation, celle de t’envoyer quelques dessins et poèmes pour « Remue-Méninges », je venais de vivre un épisode poétique, de ceux qui créent des légendes.

Sur le plus grand des deux tablas indiens (achetés en Inde du Nord en 1978) décorant un coin de ma demeure, j’avais pianoté, puis tambouriné avec cette colère qui est l’autre versant de mon énergie.

Aussitôt, le vent au-dehors se leva. Un orage éclata.

Ces coïncidences me remplissent toujours d’un immense bonheur.

Quelle ne fut ma surprise de voir ensuite tomber la neige ! Des éléments du ciel se mêlaient. Le vent, le tonnerre, la neige : l’air, le feu, l’eau. Tous trois dans des états extrêmes.

De ma fenêtre, je voyais avec ravissement le sol blanc tandis que la foudre se canalisait dans quelque paratonnerre. Et ma colère, et mon énergie extrême, étaient au ciel ! C’est le cas de le dire.

Alors, tu me téléphonas. Je repris ton livre aux beaux tableaux dont les ciels aussi mêlent différents éléments. Je passai la soirée à le redécouvrir, c’est-à-dire à le mieux découvrir.

 

« La spirale de la vie »...

Dans le conte (La Source d'Incandescence, 2002 Bruxelles et Inde du Sud) que je viens d’écrire, encore inédit, un taureau, terrienne monture de Shiva, s’envole. Dans ta vision, la corne est d’or ; son or, d’abord de la Terre, devient solaire en s’effilant. Un croissant de soleil !

À l’image de ton nom – Salvatore –, ce croissant sauve. Il semble sauver la ronde harmonie de notre planète. Il la sauve, la contient, la maintient hors des crevasses et des abruptes chutes, telle une main émergeant encore de marais enliseurs qui voudrait sauver une étincelle de vie. Dans ta sphère, cette étincelle est le soleil. Combien, cher Ami, je suis sensible à ces images, étant sans cesse animée, habitée, par de pareilles ! Cette étincelle, ce feu, est d’ailleurs le départ de mon dernier conte. Que l’on me pardonne de parler à nouveau de moi, mais c’est dans le cadre d’un dialogue de visions.

Ta spirale qui est spire, est-elle involution ou évolution ? Elle me semble repli méditatif en un monde qui s’effrite, se fissure, se brise. La bonne Terre, symbolisée par l’animal le plus terrien : le taureau, est enlisée dans une destruction, un écroulement. Une seule corne en émerge qui peut-être deviendra cosmique. Si tu as voulu cette corne de bélier, on peut espérer un bond, un saut par-dessus les abîmes.

Dans mon conte, j’ai doté d’ailes l’animal.

Mais la Terre, chez Gucciardo, est massive et opiniâtre, elle a d’autres moyens, d’autres envols.

 

• Dans « La destinée humaine », un Ange féminin apparaît, discrètement, qui désigne du doigt une voie hors cadre, tandis qu’un musclé humain montre le centre du tableau, un couple au pied duquel est assis un serpent apprivoisé – et ailé !

Cette « destinée » place résolument l’Humain au milieu, sa rédemption est dans le couple. Dans l’androgyne, peut-être, car trône au-dessus, telle une divinité, presque une idole, un homme au visage de femme.

 

• Le nuage compact du « Jugement dernier » est-il vraiment tragique ? Il semble plus contenu qu’atomiquement explosif... Ne sortirait-il pas du cerveau de l’accusé, de celui montré du doigt par le représentant d’une foule dans l’ensemble plus passive qu’effrayée ? Assis comme le « Penseur » de Rodin, le désigné n’est-il pas incompris des gens agglutinés de part et d’autre de lui ?

Bordé par tout ce monde, un chemin relie le solitaire à la perspective de sa création : à un jugement ?

Les solitaires et créatifs artistes sont-ils jugés dans leur vision ? Dans leur pensée ?

De quelle sorte d’explosion sont-ils accusés ?

 

Salvatore, je ne connais pas les dates de tes tableaux. Mais, même si « Le jugement dernier » est postérieur à la « Traversée flamboyante », l’accusé du premier pourrait être l’homme rivé de la seconde. Rivé à sa planète, en formant un croissant, gravitant sans errance au-dessus d’un paysage doux et suave qui, telle une rose, comporte quelques épines, des tours ou collines acérées. L’homme aux mains absentes fut-il ainsi condamné ?

Dans cette éventuelle condamnation, est-il aussi heureux que celui ou celle enfermé(e), protégé(e), dans la translucide sphère de « La joie sacrée » ? Sans doute, car sage et serein est le profil de son visage. Si la métallisation de son corps est un vestige de la robotisation d’une ancienne période de Gucciardo, elle l’a coulé en sculpture, dans un alliage de terre et de feu.

 

Voici, cher Salvatore, quelques étapes dans le voyage que je viens de faire au sein de ton livre.

Lorsque, naguère, tu me fis découvrir de tes tableaux, je restai abasourdie devant nos affinités cosmiquement visionnaires.

 

Avec ma visionnaire sympathie,

 

Monique

 

©Monique Thomassettie

 

 

Tableaux de Salvatore :

« La spirale de la vie »

« La destinée humaine »

« Le jugement dernier »

« La traversée flamboyante »

« La joie sacrée »

 

 

N. B. :

Mon conte La Source d'Incandescence, écrit en 2002, est paru en 2004 aux regrettées Éditions de la

 

©Monique Thomassettie

N. B. :

Mon conte La Source d'Incandescence, écrit en 2002, est paru en 2004 aux regrettées Éditions de la Page. Il vient d’être réédité aux Éditions M.E.O., en 2022.


 
 
 

 

 

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