
Il semble que le ciel tout à coup va s'éteindre
que l'eau dans les rivières s'en retourne à la source
que la vie diminue, que la sève s'assèche
Il semble qu'en amour on étreigne des ombres
La lueur du matin ne laisse aucun espoir
mais un éclat d'acier, avec des remous sombres
qui vous crèvent le cœur tout en broyant du noir
Il semble que la vie s'éloigne et refroidisse
et qu'un matin noyé on trouve entre ses bras
la cage pulmonaire sans oiseau de lumière
On est seul, suspendu au souffle de l'Ailleurs
On a le souffle court, où sont donc les prières ?
On croise fort les mains avec dans ses doigts nus
la pensée noyée d'encre et la voix éperdue
car la vie s'en retourne par les sentiers de guerre
Où est ce port lointain reposé de prières
que l'on trouvait en soi à chaque coin de rue ?
Où est donc la maison où le grillon espère
ce fronton qui s'éclaire tel une friandise
cet âtre d'autrefois qui toujours fleurdelise ?
Il semble que le ciel va tout à coup s'éteindre
Impossible de dire si vous êtes en ce monde
plus personne n'entend votre voix qui murmure :
''Je sens partir ma vie... Appelez mon mari...''
Il semble qu'on chuchote un ou deux mots bénis
une voix qui soupire : ''Arrêtez, c'est fini ! »
et vous, vous entendez « Faites entrer l'Infini ! »
Il semble que le ciel tout à coup va s'éteindre
Pourtant en haut des murs un rayon le défie
l'arc-en-ciel sort du gris, tous les enfants l'ont vu
avec dans le regard l'azur qui leur sourit...
Il faudra cette fois s'embrasser et s'étreindre
La vie refleurira innocente et bercée
du souffle reposé de ceux qui sont partis
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
31 mars 2020
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits