Un chuchotis d'oiseau sur le fil du réveil
a fait un pas vers moi dans le dos du soleil
Il a ouvert l'espace juste avant mon passage
puis en parle à ses frères, vérifie ses repères
J'avance dans un monde de murmures et d'images
qui a vraiment connu et mon père et ma mère
Un éclair de lumière au pied de la haie d'ombre
dépliée du sommeil, si près de tout connaître
attend que j'élucide ce que je crois savoir
Un tison de soleil qui me suit pas à pas
me touche un peu les mains pour me garder du froid
de l'ubac à la ronde, d'un monde sans fenêtre
Des souffles à peine nés passent en grand silence
dans d'aériens couloirs d'une forêt profonde...
Un oiseau affolé, un petit geai, je pense
me donne des nouvelles d'un ciel où tout commence
Le sommeil des étoiles redevenues des pierres
efface les fortins des neiges du vieux monde
Partout s'éveillent alors les nids de la lumière...
Déja au pied soyeux de la dernière brume
le bleu du ciel contemple le front d'une rivière
qu'un souvenir de menthe et de mousse parfume
Des pensées évasives me filent entre les doigts
comme truites sauvages et soulevées de joie
Mes rêves retenus se détachent du quai
et retrouvent le large qu'ils n'auraient dû quitter
Mille silences suivent, ils savent naviguer
de trou noir en quasar et dans l'obscurité
ils sont la parabole de la vie en allée
et comme les lucioles allument leur briquet
Et comment revenir, esseulée, sur ses pas
alors que tout ce bleu satine le trépas
et qu'un peu de chaleur réanime la foi...
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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