
Il était là
solitaire
au pied de l'escalier
qui monte vers la bénédiction
Il était là
cherchant quelque mollesse entre les pierres
et ces rares rudérales qui fleurissent
au hasard les félures du béton
La nuit écrasait tout l'édifice de l'église
qui semblait couver ses pardons
Seul brillait l'oeil fixe de l'horloge
pleurant la rouille de ses chiffres en rond
Il était là près de son chien rasséréné
qui avait trouvé
enroulé sur lui-même
les reins creusés
les yeux fermés
la pause d'abandon
Il était là
la nuit coulait sur ses épaules
Je le saluai
il me répondit « Bonsoir ! »
et leva les yeux :
la lune inondait son regard
qu'il avait bleu...
Je me souviens, c'était le premier mai
grand jour épuisé d'espoir
Je me souviens de cette lumière lunaire
qui avait l'air de vouloir
dorer à l'or fin la misère...
Je me souviens...
Qui dormira
d'un sommeil de pierre
après ça ?
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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