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29 mai 2019 3 29 /05 /mai /2019 06:35

 

 

 

En 1955, j’ai rencontré sous un pont de Paris un aristo qui venait de quitter la Société qu’il n’acceptait plus, il était avocat, pour vivre une autre vie… choisie

 

                                                                                                  « A mes frères… »

 

 

Au moment où, sur mes tempes,

Les frimas des ans,

Posaient leurs premiers flocons,

« Les 30 glorieuses »  

N’avaient point encore dents de lait,

En devenir carnassières.

Refusant la frénésie ambiante, le confort émollient

Tueur du libre arbitre et de l’Homme conscient,

J’avais choisi la liberté, la rue, la bohème.

J’avais tourné le dos à la course effrénée au paraître

Et rejeté le dieu possession,

J’avais choisi d’être Autre, d’être Moi.

Contemplant avec un inquiet mépris

La spirale montante,

Respirant les saisons,

Je partageais, grand prince,

Au hasard des rencontres, les ponts,

Arches protectrices ou mon toit constellé.

Avec les copains de pavé qu’avaient

Parfois aussi connu la Haute,

Rapidement, j’étais devenu

Un aristo de la manche,

Un distingué du trottoir.

Il nous arrivait encore,

A cette époque,

De croiser le regard aquarellé

D’un soupçon d’humanité d’un passant pressé,

En quête forcenée de temps à gagner.

 

 

Puis la machine boulimique, à créer toujours plus,

A bouffer les Hommes jusqu’à l’indigestion,

Qu’en avait plus besoin, les a déglutis,

Après en avoir pris le suc,

Sur le trottoir, dans la peur castratrice,

En pâture à la misère, sœur des laissés pour compte

 

 

Par centaines qu’avaient pas choisi

Qui voulaient pas, Eux.

Maintenant on est des millions

Ilots à la dérive, impuissants,

Dans un océan d’indifférence,

Prêt à engloutir,

A n’avoir même plus à partager

Un trop plein de rien,

Seulement des parcelles d’aumônes,

Tout juste, nourricières

A attendre l’embellie d’un printemps,

Toujours prometteur, jamais éclos.

Ils m’ont volé la solitude et laissé au clou  

La désuétude humaine, immense.

Ils m’ont volé mon choix.

Je ne suis même plus,

Pour mon ego,

Vieil et noble aristo,

Plus même un numéro.

Foutue Société

Où ceux qui trop possèdent,

Sordides,

Ne laissent même pas le luxe 

Aux pauvres

De l’être dans la dignité !  

 

©Gérard GAUTIER

 

 Saint-Brieuc 27 avril 2004

 

 

 

 

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