10 août 2014
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Renée Vivien vers 1905
I
Ta robe participe à ton être enchanté,
O ma très chère!- Elle est un peu de ta beauté.
La respirer, c'est ton odeur que l'on dérobe.
Ton coeur intime vit dans les plis de ta robe,
L'odeur de nos baisers anciens est dans ses plis-
Elle se ressouvient de nos divins oublis.
En mon être secret je suis presque jalouse
De l'étoffe qui suit ton corps et qui l'épouse.
J'ose te l'avouer, en un soir hasardeux
Où l'on s'exprime enfin- Nous t'aimons toutes deux.
D'avoir été si près de ta douceur suprême,
Ta robe est ma rivale, et cependant je l'aime
II
Tu n'aimes déjà plus ta robe de jadis,
Soyeuse et longue ainsi qu'un irréel iris.
Mais moi je l'aime et je la veux et je la garde.
Pour moi, le passé reste et l'autrefois s'attarde.
J'adore ces chers plis du voile transparent
Qui n'enveloppe plus ton corps indifférent.
Garde-moi, parfumée ainsi qu'une momie,
Ta robe des beaux jours passés, ô mon amie!
Renée Vivien (Pauline Mary Tarn)
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