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17 juillet 2015 5 17 /07 /juillet /2015 06:45
Le grenier enchanté – Michèle Freud
 
 
 
 
Quand, petite fille, j’ouvris pour la première fois la porte du grenier de ma grand-mère, je restai quelques instants immobile sur le seuil, comme pétrifiée : dans tout ce fatras d’objets disparates, je n’avais d’yeux que pour un mannequin gigantesque, quelques poupées difformes, qui, j’en étais sûre, me regardaient d’un air menaçant. Je pris peur et je voulus fuir cet endroit qui ne pouvait être que le repaire de monstres terrifiants. J’allais faire demi-tour, quand je perçus autour de moi des murmures, des rires discrets et même des chants. Tous les objets paraissaient s’animer, non pour m’attaquer mais pour me souhaiter la bienvenue. Et moi qui les croyais redoutables ! Ils voulaient, au contraire, m’inviter dans leur étrange domaine, me faire découvrir cette île aux trésors. J’étais soulagée, rassurée et brusquement, je fus soulevée par un élan d’enthousiasme qui, m’était, jusqu’alors, inconnu. Et le cœur battant, presque sur la pointe des pieds, je pénétrai dans cet endroit magique qui fut, durant toute mon enfance, mon royaume enchanté, ma maison aux sortilèges, mon lieu de métamorphoses. Là, j’avais rendez-vous avec des personnages que j’inventais, surtout des clowns, des musiciens et des troubadours, mais aussi des aventuriers et des explorateurs. Pour bien les recevoir, je décorais « mon chez moi » soit avec des rubans de velours, des bouquets secs aux couleurs tendres et surannées, soit avec des tissus moirés et quelques coquillages. Dans une malle tapissée de toiles d’araignées, j’avais trouvé des jupons brodés, des corsages en taffetas, un chapeau fleuri, un châle défraîchi. Avec ces vêtements d’une autre époque, je me transformais pour accueillir mes invités imaginaires. Je créais joyeusement toutes sortes de situations : comiques, farfelues, bouleversantes, fantastiques… Quelquefois, je donnais congé à mon imagination. Alors, dans ce cadre voilé de mystère, je plongeais doucement dans une longue rêverie : j’étais en état d’apesanteur, passagère d’une brise vivante ; je flottais dans l’air, aussi légère qu’un flocon de neige, tandis que le temps, pour moi, ralentissait sa course, la suspendait presque…
 
Malheureusement, les années ont passé. Le grenier de ma grand-mère n’existe plus. Mais mon île aux trésors n’a pas sombré dans l’océan de l’oubli.
 
Aujourd’hui, « mon grenier » est partout où je peux déployer mes ailes et devenir oiseau…
 
©Michèle Freud

 


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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 07:08
TU RESSEMBLES A LA MUSIQUE... - Anna De Noailles
 
 
 
 
Tu ressembles à la musique
Par la détresse du regard,
Par l'égarement nostalgique
De ton sourire humble et hagard ;
Les plus avides mélodies
Qui me boivent le sang du cœur,
N'ont pas de forces plus hardies
Que ta faiblesse et ta pâleur.
Les lumières dans les églises
Ont le même rayonnement
Que ton visage, où je me grise
Du goût d'un nouveau sacrement.
Tu n'es qu'un enfant qui défaille,
Mais, par les rêves de mon cœur,
Tu ressembles à la bataille,
A Jésus parmi les docteurs,
Aux héros morts sous les murailles,
A tout ce qui lutte et tressaille,
Au Cid sur un cheval dansant,
Au martyr dans le Colisée.
Sur qui la bête, harassée,
Passe, comme un linge apaisant
Tout trempé d'amour et de sang,
Sa langue calme et reposée...
 
Anna De Noailles
 
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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 06:48
Brève rencontre – Denise Bernhardt
©Vladimir Kush
 
 
 
Je t’avais offert mes lèvres
En fermant les yeux
Pour que tu viennes en orfèvre
Me divertir un peu.
 
Mais je n’eus pas
Ta bouche douce
Comme un pétale
Sur ma bouche.
 
Alors je mis ma tête
Dans ton cou,
Et dans la rivière de mes cheveux,
Je te noyais de baisers.  
 
© Denise Bernhardt

Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.


 


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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 06:51
Nouveau souffle – Luce Péclard
©Rafal Olbinski
 
 
Sur ton chemin de solitaire,
Plus une âme en vue en arrière.
L’espace étroit s’est élargi,
L’horizon se perd dans la brume,
Happé par les lignes de fuite.
Un vide étrange au loin t’appelle
Et t’attire vers son vertige.
La fougue te saisit,
Risque et danger te guettent.
Mais un air neuf
A pleins poumons
Fait qu’alors
Tu respires !  
 
©Luce Péclard

Extrait du recueil de Luce Péclard, « Pars si tu peux » aux éditions du Madrier


 

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 06:41
FISSURES DANS NOS CŒURS - Nancy Turnier-Férère
 
                                                       à ceux qui ont du chagrin
 
 
 
la tristesse et le cafard me percent le cœur
le bonheur et la joie s’hébergent ailleurs
nonchalants ils s’installent dans d’autres lieux
se font rares et évitent tout ce qui est joyeux
la réjouissance se recule et m’abandonne
sans répit le malheur me suit et m’ordonne
sans peine l’affliction m’adopte me terrorise
tous ils me chagrinent me hantent et me visent
 
un petit oiseau rouge-gorge vient me séduire
sur une branche frêle il se pose je l’admire
sa douce mélodie me console je le caresse
je me vois comme dans une glace en détresse
écarlate est le côté de mon cœur blessé
mon sombre sort est tragique et angoissé
mon petit oiseau est triste toutefois il chante
le destin nous poursuit et il nous hante
 
le rouge s’aménage et s’engoue de la gorge
ensanglantée de mon petit ami rouge-gorge
qui se mire dans la source se pose consterné
sur ma main siffle et comme deux roses fanées
je nous vois comme dans une glace vengeresse
la fatalité nous met en joue et s’empresse
la grande épreuve qui nous vise est effrayante
elle nous entraîne vers une calamité terrifiante
 
la glace se brise et les petits morceaux
s’égaillent et vrillent nos cœurs en lambeaux
nos reflets faibles et pourpres se multiplient
au fond de la source du malheur qui me lie
à mon petit oiseau mourant qui ne sifflote plus
mon tout petit oiseau rouge-gorge ne vit plus
dans mes bras tremblotants je le caresse
je le berce sans cesse et je pleure ma détresse
 
(Chants de Rêves Cris d’Espoir 2012)
©Nancy Turnier-Férère

 
 
 
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12 juillet 2015 7 12 /07 /juillet /2015 06:55
Il existe des lieux – Victor Varjac
Rafal Olbinski
 
 
 
 
Il existe des lieux
invisibles et secrets
que le galop du Temps
n’ose traverser…
… des lieux où le ciel
est si vaste et si lointain
qu’il devient un autre monde…
… des lieux où les cours d’eau
piègent les nuages
où les arbres
changent les saisons
et où l’enfance
reconquiert l’homme…
Il n’existe aucune carte
de ce pays merveilleux…
… aucun sentier…
… aucune direction…
… juste… peut-être
cette envie d’un ailleurs
où la vie ne serait plus
ce voyage incertain…
… brutal… éphémère
où le Temps insensible
effeuille les jours
au bord d’un précipice
jetant notre vécu
dans le sexe ignoble
de l’oubli
juste avant que le corps
ne devienne poussière…
… mais il existe des lieux
des lieux magiques
où la Vie est un cœur
que jamais
le Sablier cruel
ne pourra
ensevelir !...

©Victor Varjac
Antibes, le 7 juillet 2012


Extrait du recueil de Victor Varjac « Les Fiançailles de l’Aube » aux Editions Chemins de Plume

 
 
 
 
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11 juillet 2015 6 11 /07 /juillet /2015 07:13
LISERON -  Gérard Gautier
LISERON -  Gérard Gautier
Gérard Gautier Ambassadeur de la Paix
 
 
 
 
 
Ayant affronté les courroux du temps,
Frimas, grêle, tempêtes, canicules,
A chaque saison
Fleurs épanouies 
Senteurs poivrées, par le vent portées,
Le rosier centenaire
Témoin du passé
Voulant tutoyer le ciel,
Fièrement, se dressait.
 
En veille, sournoise, sous la terre
Hiver passé,
Dans le jardin un moment délaissé,
Obstiné, aveuglé par une soif de conquête
Le liseron, liane solaire,
Symbole de deuil,
Volubile, s’est insinué,
S’est emmêlé, enlacé,
Torsadé à l’assaut des tiges
Insouciant des épines,
Suçant, pour emplir son calice,
Le suc, la sève,
Etouffant la vie.
 
Progressant toujours plus haut
Devant l’acceptation passive,
Détruisant le patient travail,
Toujours renaissant
De dame Nature,
Fleurs Amour, étiolées
Noircies par la mort
Tiges cassantes
Feuilles asséchées
Doucement s’est éteint,
Le rosier.
 
Daech.
 
© Gérard Gautier Ambassadeur de la Paix
Saint-Brieuc 26 juin 2015
 


 


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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 06:44
Mirage – Michel Duprez
 
 
 
 
Une île, encore une île, ô Mer !
Si tu pouvais jamais fixer
à ce coquillage qui chante
mon souci d'évadé,
je t'épargnerais pour toujours
les mots de l'Agonie,
les mots de mes départs.
Miroir, mirage, envol des vagues ;
toujours tourner la grande roue,
la barre ou le disque du ciel
et taire un cri d'enfant gâté
dessous la terre solitaire,
boire le feu de tes entrailles
où se consument les regrets
et lever mon verre d'eau vive
à la santé de l'insatiable !
Amour amer, ah ! Mer mélanc-
ô liquéfiante raison d'être
quand les amarres sont larguées
à la vitesse du sang neuf,
dans les coursives de ton corps,
les mêmes mots toujours s'étranglent
et rêvent d'accéder au jour.  
 
©Michel Duprez

 

 

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 07:04
Mars – Djida Cherfi
MBA Lyon – Alfred Boucher - Photo J.Dornac©
 
 
 
Que ça soit pour sa chevelure,
Ou ses courbes magnifiques.
Que ça soit pour son sourire,
Ou ses gestes angéliques.
Son regard, sa tendresse féerique.
Qu’elle soit forte ou délicate,
Une femme enfant ou une femme fatale.
Qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs,
À tous ses beaux jours, et à ses malheurs.
Mars ne peut être qu’un mois ou un jour !
Pour elle,
Mars doit être la planète que l’ont décrocherait par amour.
Pour tous ses rêves et ses futurs beaux jours.
 
©Djida
08/03/2015
 



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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 07:01
Simple transparence – Michel Bénard
©Jean-Claude Bemben
 
 
 
Elle n’est que simple transparence,
Une révélation au ponant
De l’ombre de cristal,
Ample bustier bleu
Pareil au voile virginal
Souligné de larmes roses.
Ce n’est qu’un lumineux mystère,
La diaphane apparence
D’un étrange retour,
Ce n’est qu’un point d’étonnement,
La transcendante évidence
De l’œil de lumière
D’une femme réincarnée
En dame blanche.
 
©Michel Bénard
 



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