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7 août 2015 5 07 /08 /août /2015 07:03
Mot nu mentalement relooké – Michel Duprez
 
 
 
 
Ces vers sont peut-être à moitié pleins
ou à moitié vides,
mais, si vous tendez bien l'oreille,
il se peut que vous entendiez respirer
un mot dans un mot,
ensuite encore un autre,
et puis encore un autre,
des millions d'autres,
voire des milliards.
 
Remarquez que je n'ai jamais dit « nom »,
sans doute en raison de mon esprit résolument positif,
ni encore moins « terme »,
pourtant si cher à Guillevic,
mais qui pourrait m'inciter à croire
que tout serait fini avant même de commencer.
 
Non, je ne dois probablement pas être le seul
à s'être au moins une fois déjà figuré
réussir un  jour à déchiffrer tout ceci au sens propre
pour une énième remise à neuf.
 
À neuf,
soit à l'image du nombre de Muses
que l'on se serait donné bien du mal
à substantiver avec autant d'élégance,
un tel accent de nouveauté,
même si une de plus n'aurait pas été du luxe,
ainsi que le disent certaines mauvaises langues
soi-disant soucieuses d'arrondir les contours
du mystère entourant ces déesses.
 
En fin de compte,
ce que vous écrirez sera d'abord un choix personne
et quand, demain, plongés dans un bouquin,
vous lirez « vocable »,
libre à vous d'avoir une pensée pour Valéry,
son plus fidèle admirateur,
ainsi que pour toutes ces autres voix
rebaptisées souffles de vie
après avoir conquis le cœur d'autrui
par tant de belles tournures.
Quant à moi, j'avoue éprouver un faible
pour la plus simple expression
quand le mot nu,
mentalement,
se voit vêtu comme un prince,
souverain sujet aux effets secondaires
d'une cour empressée.
J'envie sa surprise autant que son bonheur
tout en ayant l'impression
d'avoir ajouté ma petite pierre
à l'édifice.
 
©Michel Duprez

 


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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 06:56
Le relais – Djida Cherfi

 

 
 
 
« Ce poème est dédié aux personnes ayant, tout au long de leur vie, été les martyres de gens insensibles et malveillants. À ces personnes, je dis de se débarrasser du mal qui les ronge. Détachez-vous-en! Rendez ces souffrances à ceux qui vous les ont infligées ; rendez leur ce malheur que vous n’avez pas mérité ! Rendez leur dû à ceux qui vous ont affligé et, vivez… ! Accrochez vous à l’ avenir ; foncez dedans ! Vivez et, n’oubliez pas de regarder derrière en pensant au passé comme à une grande institution, qui vous aura appris à mieux apprécier la vie grâce à ce trésor inestimable ; l’acquisition de grandes valeurs humaine et, d’une sensibilité sans pareil au prix de vos chagrins et de vos larmes.»        
 
 
 
Je te dédie toutes mes larmes.
Essaye donc de les compter !
Des éclats de mon âme,
Pour toutes les fois ou j’ai pleuré.
Je te voue une myriade de poignards,
Remuant la même plaie. 
Mille et un cauchemars,  
Pour tes nuits à jamais.
Je t’offre mon cœur brisé,
Je le pose entre tes mains.
Regarde comme il est desséché,
Trouve lui un lendemain !
Je te sacre digne roi,
De mes inexistants hauts, et
 Mes perpétuels bas.
Je te fais chevalier de mes malheurs,     
Je t’en fais le don, je t’en fais l’honneur.
Je te remets ce poids,
Qui te revient de droit.
Je te laisse te charger,
De tout ce qui m’a oppressé.
Je te fais unique héritier,
De ce que j’ai trop bien gardé.
J’ai longtemps supporté,
À  toi de prendre le relais.
 
©Djida Cherfi
26/04/15



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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 09:42
Lorsque la détresse – Michel Bénard
©Paul Maulpoix
 
 
 
                                                                              A l’ami & au sculpteur Paul Maulpoix.
 
 
Lorsque la détresse revêt la forme du quotidien
Avec pour unique soutien la déchirure du prochain,
Le ciel comme une chape de plomb
Demeure obstinément silencieux
Au dessus d’étranges silhouettes
Reflétant sur un miroir de sang.
Mais il faut marcher, encore marcher,
Lorsque la terre se dérobe sous les pas,
Que le chemin se fait des plus incertains,
Il faut avancer jusqu’au terme de l’humain,
Jusqu’au dernier souffle de la vie
Au cœur de la haute dramaturgie.
Dans ce déchirement de l’extrême,
Monte l’effroyable dissonance
Du cri du silence et de la main
N’ayant plus qu’un grand vide à retenir,
Quand les reins s’arc-boutent
Sur l’absolu décharnement,
Et que se profilent deux jambes brisées
Au gibet des oubliés et de l’inavouable
Meurtrissure de l’écriture des corps.   
 
©Michel Bénard. 
 
 
 

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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 06:45
Laissez-moi – Ode
©Caspar David Friedrich
 
 
 
 
Laissez-moi seule
Laissez-moi seule avec lui
Laissez-moi être le bois
De ses vieilles armoires
Laissez-moi être sa mer
De magie et d'écume
Laissez-moi être son Fleuve
Qui coule en ses veines
Laissez-moi être sa plage blanche
La saumure de son soleil
Laissez-moi être la glaise
Qui le sculptera
Laissez-moi être la toile
Sur laquelle il me verra
Laissez-moi être l'aquarelle
Devant laquelle il se pâmera
Laissez-moi être sa chaleur
Quand il pleure à en épuiser les étoiles
Laissez-moi être sa fleur
Qu'il respire en rêvassant
Laissez-moi être le feu
Qui guérit sa nuit
Laissez-moi être sa brûlure
Dans ses envies d'aimer
Laissez-moi être sa prière
Lors qu'il s'agenouille et crie
Laisse-moi être le baume de son âme
Quand il a mal à son humanité
Laissez-moi être la chair du poème
Celui qu'il lit et sans cesse relit
Laissez-moi être ce chant
Qui le porte à la création
Laissez-moi être sa mer porteuse
Des continents vacillants dans son vent cosmique
Laissez-moi pleurer son matin
Afin que la fleur fasse naître son soleil
Et être l'ombre qui le suit chaque jours
 
Laissez-moi... Laissez moi
Regarder l'envers du miroir de son cœur
Où il écoute l'Oiseau de la première heure
Laissez-moi le veiller jusqu'à l'aube
Jusqu'à la rencontre de nos soleils, de nos lunes
Jusqu'à ce qu'il prenne mon âme dans ce morceau de pain
Jusqu'au silence complice qui embrassera mes paupières
 
Laissez-moi, laissez-moi seule avec lui
Dans le silence infini de mon sang
... Là, tout au fond de moi ...
 
©Ode
 
 
 

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 06:46
Destinée du pauvre – Jean Dornac
 
 
 
 
Le pauvre est à jamais condamné d’être et rester le garant
De l’éclat du riche qui ne connaît pas la dureté des jours…
 
Le démuni, comme un fier amant
Doit vivre avec la misère toujours !
Celui qui n’a rien ou tellement peu
Doit s’en contenter et paraître heureux !
Tout comme au Pays du Sourire
Où l’on paraît heureux même de mourir…
 
Si tu es pauvre tu n’as pas le droit
De sortir du chemin le plus étroit
Si, de rage,  tu le tentes quant même
La main de la finance ne dira pas amen !
Elle t’enfoncera dans les sables mouvants
D’une misère totalitaire au goût de néant !
 
Tu as cru voir, enfin, un petit bout du tunnel
Mais ce n’était qu’un leurre criminel
Bien vite, les orgueilleux t’abaissent plus bas que terre
A moins qu’ils ne te traînent tout de suite au cimetière
Ignores-tu qu’ils adoreraient que tu te suicides
Afin de leur éviter de passer par l’homicide ?…
 
Tu as cru voir approcher la fin de ta pauvreté
Ô misérable, jamais ils ne te l’auraient accordée !
Comment deviendraient-ils riches
Car c’est avec le pauvre que, toujours, ils trichent !
Tu es la proie idéale et si facile
Ton statut te rend tellement docile…
 
Et tu n’as pas le temps de les combattre
Tes cartes sans cesse, tu dois les rebattre
Il te faut trouver de nouvelles économies
Pour assurer, au moins, un semblant de survie
Trouver de quoi manger, une vague nourriture
Pour qu’une impression de vie perdure…
 
Si ta pauvreté est légère en tant que retraité
Sache qu’à tout moment, ils peuvent te piller
Bien sûr, en toute légalité et main sur le cœur
Les fonctionnaires en excellents phraseurs
Te diront que c’est une loi entrée en fonction
Pour assurer tout le clinquant de la nation !
 
Et tu sauras, alors, qu’un pauvre hère
N’a nulle nation hormis sa mauvaise litière !
Qu’aucun bien-portant ne veut de toi
Pour tous, tu es le misérable maudit
Plus coupable qu’un dictateur ou un roi 
Et que tu devrais être heureux qu’on te laisse la vie…
 
©Jean Dornac
Lyon, le 1er août 2015 
 




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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 06:52
Mirage – Thierry Deschamps
" Mirage " BENEDETTA SEGALA
 


Myriade d'étoiles, pétales de roses,

Il y a dans la nuit comme un parfum d'osmose.

Rivage doré, soleil levant,

A l'ombre des palmiers le vent écarte le temps.

Grottes mystérieuses, havre de paix,

Entouré de ces murs tu meurs et tu renais.


~~*~~
 
©Thierry Deschamps
 
 




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31 juillet 2015 5 31 /07 /juillet /2015 07:03
Excursion dans les Dolomites – Michèle Freud
 
 
 
Capucine est enfin dans les Dolomites ! Depuis le temps qu’elle en rêvait ! Mais elle l’avait tellement caressé ce rêve, qu’il avait fini par éclore et se réaliser.
 
Et ce matin, ô délicieux plaisir, elle se trouve à un col, près de Cortina d’Ampezzo. Assise sur un rocher moussu, parmi des marguerites, des trèfles rouges et des centaurées, elle contemple tous ces pics, ces tours, ces monolithes, ces clochetons sculptés par l’érosion. C’est saisissant, sidérant, époustouflant, c’est… Un mot naît soudain sur les lèvres de Capucine, un inattendu qui traduit bien son ressenti et elle lance avec enthousiasme : « C’est vraiment… trempoline ! » Et sa joie saute, bondit, rebondit encore et encore jusqu’à toucher le ciel et côtoyer les bergères de nuages. Et ça tourne, tourneboule dans sa tête. Capucine est loin d’être prisonnière du raisonnable. Alors elle se cerf-volantilise, devient navigatrice de l’azur pour admirer de près ces cathédrales de pierres et se perdre dans ces effilochés de brume qui ondulent comme des poissons d’argent. Elle aspire à pleins poumons l’air vivifiant des sommets, elle le goûte, le mâche, le savoure. Comme elle est bien dans son corps ! Elle ressent des petites secousses bénéfiques qui favorisent l’éveil de toutes ses cellules, de tous ses sens.
 
Mais il est temps de poursuivre la randonnée. Après avoir croisé un beau troupeau de moutons, elle rejoint un ruisseau qui chante clair. Elle n’en revient pas, il est tout doré. Ce sont de minuscules galets jaunes qui lui donnent cette couleur ! A petits pas, en s’arrêtant souvent, elle longe ce petit cours d’eau insolite qui serpente parmi des linaigrettes rigolotes dans leur bonnet de coton blanc. Il grimpe, redescend, se fait cascade, disparaît sous un buisson. Il est vif, heureux de vivre. Capucine traverse maintenant une espèce de cirque où vivent chichement des herbes raides et des lichens. Elle arrive enfin près d’un pierrier à moitié caché par des arbustes. Elle explore l’endroit. Brusquement, elle découvre une sorte de grotte où dégringole un filet d’eau mince et flexible comme un serpent. Cette caverne est éclairée par une douce lumière qui s’infiltre par une multitude de fissures. Avec émotion, Capucine pénètre dans cette chambre secrète où semble brûler un feu intérieur. C’est petit ici comme la planète du Petit Prince mais elle s’y sent chez elle. Et quel silence ! Un silence velouté et soyeux, un silence qui vous effleure de sa légèreté… Capucine est restée toute une éternité dans ce lieu magique, sorte de porte vers des mondes inconnus, imaginaires que l’on crée à volonté.
 
Le soir venu, sur un rayon de lumière rose, cette buveuse d’apothéoses rejoint son nid d’aigle sous les étoiles, ces fileuses de merveilles.
 
©Michèle Freud


 

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30 juillet 2015 4 30 /07 /juillet /2015 07:10
Les Chercheuses De Poux – Arthur Rimbaud
©Bartolomé Murillo
 
 
 
Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes,
Implore l'essaim blanc des rêves indistincts,
Il vient près de son lit deux grandes soeurs charmantes
Avec de frêles doigts aux ongles argentins. 
 
Elles assoient l'enfant devant une croisée
Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs,
Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée
Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs. 
 
Il écoute chanter leurs haleines craintives
Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés,
Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives
Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers. 
 
Il entend leurs cils noirs battant sous les silences
Parfumés; et leurs doigts électriques et doux
Font crépiter parmi ses grises indolences
Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux. 
 
Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,
Soupir d'harmonica qui pourrait délirer;
L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses,
Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.
 
Arthur Rimbaud
 
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29 juillet 2015 3 29 /07 /juillet /2015 06:48
Persistances – Denise Bernhardt
Photo J.Dornac©
 
 
 
Il est des feux
Qui ne meurent pas
Et qu’un souffle suffit
A faire renaître.
 
Il est des liens
Qui ne se brisent pas
Quelque soit l’épée
Et l’orient de la lame.
 
Il est des mots
Qui ne s’effacent pas
Venus des antres
De chair et de sang.
 
Parce qu’ils sont
Nés de mon cœur embrasé,
Tissés de mes mains candides,
Gravés dans le cristal de l’âme.  
 
©Denise Bernhardt

Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.


 


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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 06:59
PROFIL BAS – Luce Péclard
 
 
 
Une existence tournoyante
Comme un carrousel voltigeur.
 
La force centrifuge
Eparpille nos jours,
Et les projets explosent
Entre nos mains tremblantes.
 
Ah ! Quelle peur immense
Etreint le cœur du monde !
 
Arrêtons la machine
Ivre de son vertige.
Remettons pied à terre
En titubant.
 
Le tapis volant du jardin
S’est reposé au ras du sol.
Il a repris sève et racine,
On est sauvé !  
 
©Luce Péclard

Extrait du recueil de Luce Péclard, « Pars si tu peux » aux éditions du Madrier


 

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