
Il faut l’avoir vu pour le croire.
à l’origine, il s’est contenté de lire en cachette
un tas d’ouvrages plus fins que les bras de Morphée.
Il avait à peine dix ans
quand il commença à ne plus discerner les choses
qu’à travers un brouillard à couper au couteau.
C’est alors qu’un opticien proposa à ses parents
de l’équiper de verres correcteurs.
L’enfant étant devenu adulte,
on remplaça ses lunettes par des lentilles de contact.
Un jour, jouant de malheur
après avoir contracté un zona ophtalmique,
il se retrouva face à un véritable choix cornéen,
dut postposer sans retard le traitement au laser,
pourtant prévu de longue date,
et le remplacer par la pose de cristallins artificiels.
Toujours aussi obstiné, même après un repos bien mérité,
notre jeune retraité bouquina de plus belle
tout en continuant à croire dur comme fer
que lecture allait de pair avec écriture.
Ah, écrire, ouvrir son cœur et son âme
à celle ou celui sans qui nous n’aurions pas lieu d’être !
Hélas, voilà qu’une déchirure rétinienne
à nouveau vient compromettre ses projets.
Par bonheur, une intervention rapide
parvient à éviter le pire avant qu’il soit trop tard.
Moralité : ceux qui ont le culot de vous dire
« On ne fait pas d’homme de lettres
sans casser des yeux »
devraient surtout d’abord apprendre à lire.
©Michel Duprez
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