Je voudrais moi aussi, dans le maïs roumain
dans les champs d'oliviers d'Espagne ou de Sicile,
m'enraciner profond ; j'aurais un chien bâtard
mauvais pour l'étranger, un autre caressant
faisant ployer la main blanche des jolies filles.
L'aïeule monterait son raidillon glissant
de galets noirs jetés dit-on depuis les îles :
Tous autant de regrets des pas des revenants
Je voudrais m'en aller arpenter d'autres sphères
au milieu des mûriers sans autre cimetière,
où ni l'école ni les grilles noires des clochers
ne sont plus des remparts à la mer, aux rochers.
Dans tous les ports du Nord, je serais ''le Slavon''
au seuil de l'occident limitant les Russies,
-serais inaperçu ; au-delà de Tachkent
traverserais le pont jusqu'aux mers du Japon(...)
Des histoires d'ombre et de fumées roussies
à raconter... J'aurais des images patientes,
lettres en papier jauni d'essais de poésie
où Varsaw peu à peu approxime l'Asie.
Une mèche dorée enroulée sur le front
ferait sourire avec mon air de fier luron...
L'âme de mon pays composerait un Chant
plein de magiques mots, -formules déclenchant
à la fois les larmes et la mélancolie.
Mais au lieu de cela mon cœur prend n'importe où
Sous la plante des pieds, là est bien ma patrie...
Sur la route si lente errent les hommes fous.
Nuages bien formés,- Oh ces ballons filant
emportés par les flots prenant toujours la fuite
du lieu que j'ai choisi. Et c'est en m'en allant
toujours un peu plus loin que je vais vivre ensuite.
©Pierre MIRONER
( extrait de ''La Paix s'éloigne'' )
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