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16 avril 2022 6 16 /04 /avril /2022 06:58
Géricault - Le radeau de la méduse (symbole du naufrage de toutes vies - JDornac)


 


Nous naissons et mourons
en un même naufrage

Qui parle de terre ferme ?

Nos répulsions et nos délices
croisent la même mise à feu
dans les jardins du paroxysme
Nos errements nos certitudes
ont cette morsure identique
au talon de leurs équipées

Les victoires et les défaites
se disputent les mêmes jeux
les mêmes torrents galvaniques  
leurs cris de foule et leurs outrances
leur même tanière abyssale

Fourches caudines Sous le joug
de votre impériale jactance
nous vivons à jamais l’hiver
les sombres promesses du soir
et l’été de nos résiliences
matutinales

Qui parle de ligne claire ?

          ©Pierre Guérande            
 
 
 

 

 

 

 

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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 07:44
©Photo J.Dornac

           
       

 

                                                      Il vient du pays des énigmes
                                                      sphinx ou héron allez savoir
                                                      Il pose pour Giacometti
                                                      regard lointain    indifférence .


                                                                                                                  
          Il tient de l’armure et du prince
          un fuselage séculaire
          gris-perle savamment lissé
          apesanteur et gravité

 

                                                      Sentinelle des fraîches eaux
                                                      bleu samouraï des roselières
                                                      il se défait de son ego
                                                      pour n’incarner que son lignage

 

           Il veille à n’avouer jamais
           quel moment prévaudra
           pour son envol ostentatoire
           subreptice et vif soulèvement

 

                                                       Il réinvente l’immobilité
                                                       entre deux glissements muets
                                                       vers un ailleurs d’enivrement
                                                       et de solitude héraldique


                                                              
                        Il vole un temps à hauteur d’homme
                        assez pour que l’incise du départ
                        laisse stupéfaits les marmots
                        cachés dans le feuillu des berges

 

                                                              Fine lame au ras des étangs noirs
                                                              Il laisse à l’abandon ses ailes
                                                              Et s’offre à changer en statue
                                                              Sa masse frêle et ses bras refermés

 

©Pierre Guérande            
 
 
 

 

 

 

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 07:31
Travail personnel, Domaine public, wikimedia


 

              Samothrace a perdu la tête
                les bras m’en tombent dit Vénus
                Prenez-en du poil de la bête
                et laissez là votre rictus

 

                C’est assez dire que pour plaire
                un certain manque ne nuit guère
                Ainsi moi qui ai peu d’esprit
                je compte bon nombre d’amis

 

                On voit combien la bienveillance
                vient à bout des insuffisances
                pour peu qu’elles soient bien portées
                soit dit en toute humilité

 

                ©Pierre Guérande 

 

 

 

 

 

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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 09:18
Xavier Grall


 

 


Pierre Jakéz Helias est né à Pouldreuzic (Finistère) en 1914 d’un père qui est à la guerre : élevé en breton, l’enfant deviendra un élève du Lycée de Quimper et finira par enseigner méritoirement le français en divers coins de l’Hexagone. En 1945, il est rédac’chef de « Vent d’Ouest » du Mouvement de libération nationale, anime des émissions en breton sur radio Quimerc’h et devient président d’Ar Falz qui incarne la culture bretonne des enseignants laïques. Il collabore aussi aux Fêtes de Cornouaille.

 

Tous ces titres de gloire rencontreront cependant, par la parution de son livre, une farouche mobilisation de la part de militants bretons dont le plus mordant sera donc Xavier Grall, fraîchement rentré de la capitale et lassé d’y être apostrophé pour sa « gueule de breton ». Sa conscience militante ne s’en trouve-t-elle pas suraiguisée au point de lui faire déverser sa bile, quelquefois sans nuance, sur le « folklorisme fossilisant » de l’auteur désormais « à succès » : Helias. L’épisode a immanquablement marqué les esprits ! C’est que la réponse cinglante de Grall donnera lieu, nous le disions, à un livre-réponse sous le titre « Le Cheval couché » qui a valeur d’un blâme à l’égard du côté rétrograde et carpetteux de son désormais célèbre confrère : sauf que son plaidoyer revêt tous les attributs du dépit amoureux face à l’irrésistible ascension de ce Jackez l’ancien, comme il se plaît à le qualifier irrévérencieusement. Et, pour le lecteur du temps présent et étranger à la géopolitique de cette querelle, le portrait-charge finit par lasser, suscitant comme un malaise face à la disproportion entre le reproche et le corps du délit, si délit il y eut jamais.


Précisons néanmoins que Xavier Grall, à qui nous devons de belles évocations de destins exceptionnels (James Dean, François Mauriac, Arthur Rimbaud et, sans doute Le plus beau : Lamennais), avouera tardivement regretter tout bonnement ce livre.


Il ne nous revient nullement, comme observateur extérieur, de juger du bien-fondé quasi politique de ces réactions dont nous ne partageons – et moins encore ne partagions – pas le contexte. Simplement, il peut sembler légitime de reprendre quelques critiques adressées à l’auteur-cible comme de relever, ensuite, les illogismes dont le temps paraît avoir constellé la diatribe. Les mots sont forts de la part de Grall quant à ses reproches dont certains sont quelque peu décoiffants, comme celui d’en vouloir à Helias d’avoir enseigné le français et de participer à l’extinction de la langue bretonne !  

 

©Pierre Guérande            
 
 

 

 

 

 

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8 novembre 2021 1 08 /11 /novembre /2021 07:31
Pierre Jakez Helias


 

 

Cette appartenance même à la collection « Terre humaine » de Malaurie devait bientôt faire bondir maints contradicteurs, dont le plus virulent, Xavier Grall, étalera ses reproches au long d’un « droit de réponse » qu’il s’arrogera sous le titre « le Cheval couché » : « la civilisation bretonne est-elle réellement morte au point qu’on dût lui ériger ce monumental tombeau ? » (Le cheval couché, p. 45).

Mais revenons au premier ouvrage et à son auteur Pierre Jakez Helias. Le succès de son « Cheval d’orgueil » se concrétisera par des millions d’exemplaires vendus et près de vingt traductions de par le monde. Tardivement, la presse escortera ce qui s’impose dès lors comme une évidence éclatante au départ d’un récit autobiographique et ethnologique : c’est que la langue en est imagée et savoureuse et sent bon la communion avec la terre et, Bretagne oblige, la mer. Et c’est vrai que ses histoires ont un charme fou !

Un certain art de vivre surgit en outre de ces pages dont l’auteur dira, bien plus tard : « je trouve que la société dans laquelle j’ai vécu avait atteint un degré de civilisation considérable ». En même temps, le trop heureux élu de ces choix populaires écrira : « Je ne suis fier de rien. Mon plaisir c’est d’écrire, de mettre au point quelque chose que je sens en moi. Je le fais de mon mieux. Je me fais plaisir avant tout. Je suis un égoïste ». Il conclura encore, plusieurs années plus tard, la suite de son autobiographie sous le titre « le Quêteur de mémoire » (1990), par cette affirmation : « Je me sens parfaitement bilingue et biculturé, doublement acclimaté ». Il rejoint en somme son grand devancier qu’est Anatole Le Braz (1859-1926) qui lutta pour des cours publics de breton et présida l’Union régionaliste bretonne, et qui temporisait ses élans en concédant : « Le Breton que je suis doit trop à la France ». Il anticipe en somme un courant d’idées plus récent, comme celui d’Amin Maalouf, qu’il eût sans doute adoré quand il affirme : « je n’ai pas plusieurs identités, je n’en ai qu’une, faite de tous les éléments qui l’ont façonnée, selon un « dosage particulier qui n’est jamais le même d’une personne à l’autre ».

 

©Pierre Guérande      
 
 
 

 

 

 

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4 octobre 2021 1 04 /10 /octobre /2021 06:29


 


Au balcon des assuétudes
tu hantes la loge royale

En l’officine des plaisirs
tu ranges tes influenceurs
par taille d’extase escomptée

Les bancs de sable du vertige
étreignent un néant fissible
prometteur de ses seules promesses
mais bien insolvable au-delà.

©Pierre Guérande      
 
 
 

 

 

 

 

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30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 06:39
Slider-Croix©Roland-Chatain-OTPEN.jpg


 

 


Est-il bien utile d’exhumer tel ou tel cas de rivalité entre artistes dès lors qu’il en existe depuis la plus haute antiquité ? Cibler, comme ici, deux épisodes précis relevant, en outre, d’une même époque et d’un contexte culturel identique pourrait à la rigueur paraître indélicat dans la mesure où ces deux dimensions – la seconde principalement – pourraient se voir et surtout se croire spécifiquement visées. Notons dès à présent que les escarmouches évoquées plus loin ne donnèrent pas lieu à d’interminables échanges d’aménités mais se sont soldées par des essais tangibles d’apaisement : les acteurs de ces deux conflits se sont révélés beaux joueurs, en définitive ! Notons surtout que les principaux intéressés ont fini par faire de leur confrontation l’objet d’épanchements littéraires et qu’il ne saurait être question d’aucune violation de faits confidentiels, de ce fait.


La vraie question ne devient-elle pas de savoir si, pour les auteurs concernés, leurs querelles ont pu se révéler bénéfiques – ou l’inverse - pour leur œuvre ou leur évolution ; de savoir ensuite si, au niveau des lecteurs cette fois, ces jalousies conservent le moindre intérêt à long terme : pour l’édification « morale », pour l’intérêt historique ou artistique, par exemple.


                        °   °   °
 

En 1975 paraît chez Plon le livre « Le Cheval d’orgueil » d’un auteur jusque là assez peu inconnu : Pierre Jakez Helias. Cet ouvrage de quelque 550 pages,  sous-titré Mémoires d’un Breton du pays bigouden, est tout entier consacré à l’évocation d’un monde rural presque révolu ; il va connaître en quelques mois un succès rare et inattendu, même aux yeux de l’auteur et de son instigateur, Jean Malaurie, ce visionnaire qui éditera les plus prestigieux ethnologues : Claude Levi-Strauss, René Dumont, Margaret Mead, Victor Segalen …  (*)

 

©Pierre Guérande    
 
 

 

 

 


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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 06:52
Photo : Sucre d’Orge



                                                             à Jean-Loup Seban


C’était plaisir
ambassadrice du grand siècle
pensive effeuilleuse du temps
te voir jouer du luth
en ta robe de porcelaine
sous les vivats des chandeliers
et le velours des sarabandes

 

C’était plaisir
John Dowland (*) rougissait je te jure
quand s’accordait la révérence
aux tranquilles modulations
des contrechants de Ludivine

 

C’était plaisir
plus encore en ces temps funestes
soudain muets quand la torsade
des guirlandes et des guipures
frémissait sous tes doigts volages
et les incises de la strette

 

Ce fut plaisir
mais quand le reverrait-on ?
Il fallut bien rendre les armes
au soir de bleus ressourcements

 

Adieu romance et virelais
adieu gavottes et rondeaux
Demain ce sera l’indigence
faute d’un luth
             assurément
                            pour Ludivine


(*) luthiste et sublime compositeur anglais (+1626)
 
©Pierre Guérande    
 
 

 

 

 


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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 06:20
Photo Jean Dornac©


 

                                 Pour Gérard Gautier

 

Les hortensias ont une excuse
d’être bleus s’ils sont de Bretagne
s’ils sont moutonnants et prospères
et s’ils imitent sobrement
le bleuté des maisons côtières

 

Pareillement s’ils sont bretons
les camélias demandent grâce
de fleurir un temps éphémère
et de tacher d’un jeune sang
les promenoirs du Finistère

 

La mer affine ses efforts
d’être un peu plus bleue chaque jour
de ce bleu de noble lignage
sur des fonds marins Véronèse
que guignent les oiseaux sauvages

 

La mer s’invente des remords
Ils sont de toutes les flambées
entre raison et déraison
couleur d’acier, couleur de feu
pourvu qu’au soir l’astre se noie
                    messianique
à l’horizon

 

©Pierre Guérande  

 

 

 
 
 

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8 mai 2021 6 08 /05 /mai /2021 06:46

 

J’ai le plaisir d’accueillir ce nouvel auteur belge présenté et soutenu par Gérard Gautier qui me dit qu’il aime tellement la Bretagne qu’il s’est choisi comme pseudo : Pierre Guérande ! Bienvenue à lui et avec joie ! (Jean Dornac)


 

Figée pour mieux mourir en vestale éternelle
la roche en Cornouaille est trouée de vertiges
sans fin renouvelés par la vague cogneuse
et les vents goudronneux sur la piste du large

 

Le rivage ne tient que par la grâce ultime
des mouettes filant sous l’averse d’argent
et par le lit d’écume au fond des phalanstères
où nichent les embruns dans l’agonie des vagues

 

La falaise fractale ébranle les assauts
furibonds et bientôt l’escarmouche ruineuse
Toutes ont pareillement droit de cité pérenne
en leurs enclos minés de palanques bravaches

 

Les sentiers sont noueux dans la jeune bruyère
Il suffirait d’un pas de trop dans l’herbe vierge
pour retrouver l’errance ailée du visionnaire Icare
vouée au rêve fou d’un pur égarement

 

©Pierre Guérande
 
 
 

 

 

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