Quatre mains sur le clavier de l’amitié et accords : naissent des mouvements. Allegro, andante, scherzo se conjuguent, s’entrecroisent en parfaite harmonie. Ils s’encerclent, chassent les échos des cicatrices hivernales, cheminent dans les litanies du crépusculeet les oraisons solaires, ils sont possédés par le feu ses tenailles, ses images, ses espoirs : songe à tous ceux qui t’aiment.
De leur alliance naît la beauté, beauté de l’instant qui, très tôt, va te happer: lumière enfouie dans les strates du cœur, pliures où se calent l’encrier et la palette.
Les deux auteurs offrent, avec Convergence, un concert où les notes sont des buissons de mots, traits, couleurs. Écrire pour sentir fleurirl’air… / pour tenir son feu en vie.
Tournent les fuseaux, danse l’humour : j’ai toujours été fasciné par les miroirs /surtout celui du fleuve, un peu comme Ulysse. Se dentellele silence qui est espoir du soir au fil du désir, pulse l’originalité lorsque un bon artiste inspiré / passe ses idées au chalumeau. Parfois un pleur d’étoile ponce le marbre de la nuit, la nostalgie s’enroule dans un galop de pluie et le vent ne chante plus que notre émoi.
Voyage intersidéral, intersidérant pour chasser nuages, orages, ombres, pour se désaltérer dans la luminosité des dessins et la richesse des mots.
Les phrases, comme des oiseaux multicolores, chantent, s’égosillent, les heures s’affolent, vacillent laissant aux épines du temps…./ des baies de jais et de rubis.
À l’endroit, à l’envers, les mots vont, viennent,cœur et pensées sont à nus.
Les pages se tournent à s’en rendre fou, à s’en rendre sage, houles contre vagues, flux et reflux mêlés sur la grève du papier. Mots réverbères pour éclairer les souvenirs, mots calices pour offertoire débordant de vie où les algues font la prière, mots au goût de sel, nostalgie, mots de pluie pour trouver l’eau dans les déserts du cœur, communion du silence dans les mains du mystère. Mots de vie : quatre enfants pars seconde / et dire que parfois on se sent seul, mots du rire : Ah, je vous le dis : ça me maroufle / les pantoufles. S’entrecroisent les premiers pleurs de l’enfance et la main de grand-pèrequi est une plage de chair, le souvenir des disparus, quand je ferme les yeux …/ j’entends ta voix.
Textes et dessins se répondent, lucioles au visage d’encre, la flamme est prêt à bondir dans l’éventail d’écorces bleues car les oiseaux chantent en bleu / ils ont gardé leurs ombres marines. Ce recueil est un glissement, un espoir, un apaisement, dans une bourrasque d’ambre, une arche aérienne pour tous les hommes / en quête de transcendance.
Sans être ni eau ni nuit, dans des flambées de sarments / serments, le lecteur s’insinue dans la fissure de l’entre-ciel pour retenir les arabesques du souffle des deux auteurs.
Avec eux plus besoin d’acheter compléments alimentaires, vitamines, finis les cachets et ampoules dynamisantes, Convergence est un nouveau médicament, à faire breveter, rude concurrence pour la pharmacopée.
Ce recueil, à lui seul, est vivifiant, revigorant, à consommer sans modération, aucun effet secondaire, hors le bonheur de la lecture, l’écoute du regard.
Convergence se referme pour s’ouvrir sur une arche luminescente où la sève, issue d’invisibles racines, ruisselle et dessine le visage de la beauté. Alors dans une explosion d’étincelles s’installe le rêve : Jeanne Champel Grenier et Louis Delorme nous en donnent les clés.
Mains moites de brume
désirée, désirante
inconnue, reconnue
les lucioles dansent entre nos ombres
ajustement des accords
au cristal du regard
battement de cils
aurore boréale
rosace encerclée du plomb de l’absence
du cristal de l’étonnement
sourcière- sorcière
dans de vagabondes broussailles
émoi des corps et des âmes
avoir encore au creux de ma peau
au large du cœur
vos élans d’homme
votre lente montée dans l’ailleurs
à la lisière du dedans, du dehors
aimer encore plus loin, encore plus près
encore plus grave
encore plus aigu
chair à chair
dans des carrières de lune
sur des résilles de peau
landes où palpitent les braises dérobées
belle Ferronnière,
femme pyromane
lenteur et vitesse
d’un péché capiteux
dernier pari pascalien
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...