A propos du peintre…
Un recueil de Miloud KEDDAR :
L'illustration de couverture :
Miloud KEDDAR est Poète et Peintre. Il faut en conclure que le choix de son illustration de couverture n'a pas été fait à la légère. Il me semble donc important d'essayer de l'analyser. Elle n'est pas là par hasard, surtout de la part d'un poète philosophe.
Sur fond gris de brume, un gris un peu flou s'éclairant vers le haut avec quelques traînées d'aurore ou de crépuscule juste suggéré d'un rose violacé, sont disposées trois formes humaines revêtues d'un manteau, vues de dos et qui se suivent sans précipitation ; on les dirait en suspension. Elles sont impossibles à identifier : même corpulence mais trois couleurs sont utilisées : prune, vert et blanchâtre, trois teintes que l'on retrouve chacune à des endroits différents sur les trois silhouettes, à croire que l'artiste ne possédait que ces trois couleurs : il y a donc une raison à ce choix restreint : une certaine idée d'unité ; sont-elles trois personnes apparentées ? Trois fois la même personne ? Serait - ce la même personne à trois périodes différentes de sa vie, à trois moments différents de la journée, ou de la nuit ? La même personne matin, midi et soir ?
C'est une sorte de procession, une sorte de trinité mystérieuse ( 3 en 1 ? ou bien 1 trois fois ? )
Ces trois couleurs restreignent le champ des possibles car elles créent une parenté évidente à ces trois présences : même but ? même route ? même questionnement ?
Je suis tentée de dire ; une seule personne et plusieurs routes. Voilà ce que je déduis de cette image à la fois elliptique et précise, mais je suis sans doute influencée par le titre du recueil.
D'autre part, on ressent une sorte de retenue, de retour sur soi, vu la position des épaules et de la tête penchée en avant ; il en ressort une sensation de silence mystique et pourtant cela ne va pas jusqu'à rappeler l'image religieuse traditionnelle, pas de visage éclairé par la grâce, pas de geste de bénédiction ; tout est secret, tout est à l'intérieur. On devine ces trois silhouettes en procession lente, en apesanteur ; ce sont les pensées qui s'élèvent. Cela pourrait être la même personne à des degrés d'introspection différents ; et là, bizarrement, je pense aux feux tricolores, à l'arrêt : on est au carrefour des doutes. Mais ce n'est pas l'adolescence agitée. La vitalité, la transgression ne sont pas représentées, le ralenti, oui. On ne ressent pas l'exaltation de la jeunesse, plutôt la démarche que l'on fait lors d'un retour sur soi.
C'est un chemin virtuel que l'on ne foule pas avec les pieds. On est sur la voie multiple du ''Connais-toi toi-même'' et du ''Je pense, donc je suis ''. Un chemin multiple, à la fois long et lent et profond qu'empruntent ceux qui n'attendent pas la mort pour entamer ''le grand voyage''.
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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