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17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 06:43

Collages de Michel Bénard et peintures d’Eliane Hurtado

 

Dans son essai sur l’art, Rodin écrit : « …chez Rubens, Velasquez, Rembrandt, ... la couleur tantôt éclate en fanfare de soleil tantôt s'atténue en sourdines de brume. » (A. Rodin, L’Art, 1911, p. 139), mot que le Dictionnaire définit comme un « Amas de gouttelettes en suspension dans l'air, masquant d'une manière plus ou moins opaque, le ciel, la surface du sol ou des eaux. » Par ailleurs, le terme « tesselle » est désigné comme étant une « Pièce faisant partie d'une composition ornementale formée de petits éléments juxtaposés (mosaïque, pavement, etc.). »
    Dans cette mesure, le premier ferait référence aux tableaux d’Eliane où les éléments de l’univers se côtoient dans l’unité et la différence, et le deuxième aux collages de Michel. En fait, ces deux concepts intègrent les deux entreprises par un enchevêtrement qui fait que les uns renvoie aux autres et que la pratique d’Eliane se marie à celle de Michel.
    Ici, il faut souligner que le terme « collage » est en partie restrictif car, même si par l’approche et la méthode elle diffère du tableau, cette forme artistique relève également de la peinture. Cela est particulièrement vrai dans le cas de Michel Bénard qui excelle simultanément dans le domaine pictural et la pratique scripturale comme cela se donne à voir dans ses oeuvres où l’image et le texte ne font qu’un et sont transmués par l’unité matérielle et esthétique de ce que j’appellerai sa plume-pinceau.

    A ce stade, je ferai une courte citation d’un extrait de la préface que j’avais eu le plaisir d’écrire pour leur beau livre d’artiste Encres et pigments : « Peindre les mots. Écrire les couleurs. Et par les uns et les autres sceller le mariage du tableau et du poème, donner forme à l’intime. Et de l’intime invoquer l’universel, toucher l’un pour se fondre dans le Tout. »
    Tel est l’élan créateur que l’on retrouve dans cette belle exposition à quatre mains où les collages ésotériques de Michel Bénard rencontrent les peintures lumineuses d’Eliane Hurtado. Telle semble la démarche où s’accompagnent en chemin le peintre-poète étoilé inscrivant sa voix et l’artiste habitée épousant le cosmos.

    L’un et l’autre ont une oeuvre importante tant par leurs productions que par la qualité de leurs créations. Michel Bénard, poète distingué et internationalement reconnu, Eliane Hurtado, peintre rare, inspirée, merveilleusement éclairée par son art et sa virtuosité et dont les toiles et le style unique se font de plus en plus connaître.
    Cette production commune nous est donnée en offrande en même temps qu’elle marque un stade important de leurs collaborations au fil du temps et des oeuvres. En effet, par le passé, les deux créateurs ont travaillé ensemble ou en relation l’un avec l’autre, Michel Bénard présentant les créations artistiques d’Eliane Hurtado, cette dernière prêtant sa palette aux textes et couvertures des livres du poète.
    Dans cette oeuvre peinte en dialogue, les collages calligraphiques de Michel Bénard vont à la rencontre des peintures d’Eliane Hurtado. De même, les créations d’Eliane Hurtado se déclinent en chuchotements, en étincelles ou en explosions dans les sillons des formes et des mots de Michel Bénard. Ainsi, le peintre-calligraphe traque les routes de l’artiste et la peintre explore les sentiers du magicien mariant les images aux mots. Cela nous donne une exposition d’une grande richesse tant par les thématiques que par les mouvements de ses composantes, une collaboration née de la rencontre des élans personnels et des questionnements qui interpellent tout être humain.

    Poète et peintre prolifique, Michel Bénard danse les formes, les images et les mots et, que ce soit à partir de l’émotion la plus intime ou de l’idée la plus partagée, il rencontre l’artiste qui donne des couleurs et des volumes aux sentiments partagés, aux solitudes vécues, aux aspirations communes, aux méditations constantes qui habitent l’être par-delà l’espace et le temps.
    Arpenteur des villes et des pays, de la France, de l’Europe et de l’Afrique, Michel Bénard sème des émotions et des idées, des évocations sacrées comme repères ou signaux de ses voyages, chants et appels à partir de ses pérégrinations et de sa quête. Ainsi, il n’est pas un thème qu’il délaisse ou un mystère qu’il ne tente d’approcher, de révéler et de partager. Ainsi, ses collages relèvent du questionnement le plus profond et de la spiritualité la plus sacrée.

    Voyageuse de la terre et de l’espace, traceuse de sillons dans la nuit et les étoiles qu’elle colore de questions, de célébrations, de sang et d’or, Eliane Hurtado renouvelle la contemplation, le silence et l’émerveillement face à l’inouï de l’univers et de la création. Par des moyens et dans des directions différentes ou partagées, tous deux sont à la recherche sans fin de réponses pour nous aider à survivre la tragédie de l’existence, tous deux travaillent inlassablement à exprimer la joie de vivre et, sans cesse, partagent avec nous les étapes de leurs voyages et de leurs illuminations. Tous deux sont constamment guidées par l’avénement de la Parole et de la Forme, car si « Au commencement était le Verbe… », la Bible dit aussi que « l’Esprit se fit chair et monde. »
    Comme les poèmes, les collages de Michel Bénard embrassent l’émotion la plus secrète ainsi que le rêve le plus libre en même temps que le plus exigeant. Ainsi, son art est une éloquente expression de cette grande vérité énoncée par William Faulkner : « C’est à partir du singulier que l’on atteint l’universel. »
    Pareillement, mais par le moyen de la matière et des couleurs, la peinture d’Eliane Hurtado se révèle simultanément terrienne et céleste. Tout en elle respire le sol, la lumière, l’eau, mais cette respiration se conjugue avec la présence constante du ciel et de l’espace transcendantal. Dans cette mesure, les deux démarches, celle du peintre-poète et celle de l’artiste-peintre, se font face, se parlent et s’étreignent dans une danse qui allie le simple et le complexe, l’individuel et le social, le personnel et l’universel. Enracinés dans la réalité de l’instant, elles s’inscrivent dans le même mouvement en un temps simultanément physique et métaphysique qui est constamment présent autant dans les collages que dans les peintures.

    Henry Miller disait : « Peindre, c’est aimer à nouveau » et si, comme l’a formidablement exprimé Hölderlin, « il faut habiter le monde poétiquement », la peinture renouvelle l’élan vital, alimente le flux du vivant et l’énergie de la création. Le dialogue entre les deux formes d’expression que sont la peinture et la poésie est un processus simultanément ardu et heureux, brûlant et apaisant en ce qu’il enrichit l’expression et approfondit la vision, en qu’il nourrit l’exigence et l’ascèse que constitue tout art digne de ce nom. Cette exposition en est une belle illustration.
    On ne pouvait imaginer meilleur mariage des tons, des émotions, des idées, des cris, de la méditation et de l’expression. On ne pouvait concevoir meilleure collaboration que celle de ces deux complices qui nous donnent ici des oeuvres à admirer et aimer. En attendant les prochains diamants qu’ils taillent pour l’avenir et pour nous.    

©Hafid Gafaïti
   
 
 
 

 

 

 

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23 décembre 2022 5 23 /12 /décembre /2022 08:51

 

ni pour l’oiseau
ni pour les nuages qui traînent
le paradis n’a semblable visage

 

©Hafid Gafaïti 1      
1 Hafid Gafaïti, Les braises de l’aube, Éditions Al-Amar (Alain Gorius), Paris, 2017, p. 22.        
 
 
 

 

 

 

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17 novembre 2022 4 17 /11 /novembre /2022 07:46

 

 

pays arraché
racines englouties
astres immolés
il nous reste à apprendre
la vanité du retour
la futilité d’un quelconque pardon

 

©Hafid Gafaïti      
Survivants de la défaite, Éditions Al-Amar (Alain Gorius), Paris, 2019, p. 25.
 
 
 

 

 

 

 

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7 octobre 2022 5 07 /10 /octobre /2022 06:57


 


serais-tu de ces voyageurs
qui n’admirent que
les oiseaux de paradis

 

est-ce pour cela
que tu n’as jamais bâti de maison
ni fermé de cage

 

©Hafid Gafaïti 1       

1 Hafid Gafaïti, Les braises de l’aube, Éditions Al-Amar (Alain Gorius), Paris, 2017, p. 22.    
 
 

 

 

 

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 07:07
Photo Jean Dornac©



si les arbres sont discrets
ils s’étreignent en la terre

si les arbres sont timides
ils s’embrassent par le soleil

ainsi les branches et les feuilles
laissent passer le vent et les cimes

et en un baiser tragique et gracieux
s’enlacent les racines
 

©Hafid Gafaïti    
 
 
 
 

 

 

 

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5 juillet 2022 2 05 /07 /juillet /2022 06:42

 

 

allons rallumer les étoiles
en cette île
où l’on oublie de mourir

 

arrosons les racines
en cette terre
où l’on ne cesse de renaître

 

essaimons les rues
de cette ville
où la parole unit les étrangers

 

traversons les frontières
de ces pays
où personne ne doit pleurer ou prier

 

depuis qu’elles ont été incendiées par les dieux
oubliées par les hommes
baptisées par ta source et la lumière

 

©Hafid Gafaïti    
 
 
 
 

 

 

 

 

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25 mai 2022 3 25 /05 /mai /2022 06:48
Photo Jean Dornac©


                J’ai le grand plaisir d’accueillir ce nouveau poète que m’a recommandé Michel Bénard ! Bienvenue Hafid Gafaïti ! Chers lecteurs et chères lectrices, j’espère que vous lui réserverez un bon accueil !

 


Au sud du sud

 

dans le désert
le temps est un luxe
seuls ronces et cactus
à chaque rayon se libèrent

 

j’ai dormi chez l’étrangère
celle qui habillée de musc et d’ambre
refuse la lumière de sa bougie
           le parfum de sa peau

 

depuis la mort de la ville il est une règle
à laquelle même les rebelles se plient
point de mensonges chez la femme
qui emprisonne le sable en sa demeure

 

©Hafid Gafaïti
 
 

 

 

 

 

 

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