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24 février 2018 6 24 /02 /février /2018 05:41

 

 

 

 Oublier
 
tes énigmes au galop
sans mors ni bride
et ces débris
d'instants fracassés
 
ne plus piller
ces lambeaux de mémoire
que pulvérise encore
la meule des heures
 
quand se délitent
nos paumes écorchées
et s'accrochent
de viles déchirures
 
ne plus suffoquer
à l'ombre maigre de bétons
qui emmurent la fournaise
convoquant nos asphyxies
 
au pas, la tessiture
de nos voix en chamade
qui hument désormais
 
© Claude Leuzior
Aux franges de l'essentiel
Dimenticare
 
i tuoi enigmi galoppano
senza morso né briglie
in questi detriti
d’istanti spezzati
 
smetti di saccheggiare
questi frammenti di memoria
che la macina delle ore
ancora polverizza
 
quando si disintegrano
le nostre mani scorticate
e s’aggrappano
ai vili strappi
 
non soffocare più
all’ombra secca del cemento
che mura la fornace
provocando la nostra asfissia
 
nel passaggio, il tessuto
delle nostre voci in marcia
respirano oramai
le vertigini del silenzio
 
© Francesco Casuscelli
Dairago, 21 novembre 2017

 

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10 février 2018 6 10 /02 /février /2018 07:42
"Dragon", de Jean-Pierre MOULIN, huile, 80x80 cm - Cliquez sur l'image pour accéder au site de Jean-Pierre Moulin

 

 

 

 

 

Mettre une pincée de mots sur les tableaux de Jean-Pierre Moulin semble a priori chose téméraire. Car s'approcher d'un buisson ardent, d'une énergie en expansion comporte toujours des risques : électrocution du regard, court-circuit des habitudes. On entre dans un champ magnétique où l'artiste catalyse les couleurs, explore des crêtes à pinceau nu, organise une mécanique intime, détruit et rebâtit des fractures.
 
Mouvements horlogers parfaitement organisés mais aussi perpétuelle renaissance, soupirs de vie dans des déserts où se hérissent les épines de végétaux désormais minéralisés sur le tranchant des roches. Tantôt surgissent les fossiles d'un autre âge, tantôt s'épanouit la dérive d'un continent, tantôt se recompose l'espace, selon d'inénarrables et splendides logiques.
 
C'est que l'artiste est captif d'un cosmos intérieur. Moulin est tout à la fois architecte, ingénieur et porteur de feu : il décortique les rouages infimes de son univers, réarrange des lignes de fuite tel un mikado. Tout à la fois ange et démiurge, il organise l'anarchie, dompte le trait, distille l'aquarelle, décante l'huile, fait jaillir ses soleils, sacrifie l'inutile.
 
Bienveillant, parfaitement organisé, il décortique savamment sous nos yeux la machinerie de son monde onirique comme s'il nous expliquait l'horlogerie fine d'une pendule. Là où le génie du détail se noue aux microns d'un métal en mouvement. Minutieux, précis, Jean-Pierre Moulin dépasse toutefois ces ingénieries pour accéder aux portes d'astres tragiques où s'embrasent des feux sans artifices, où respirent couleurs, cris d'aube et éclaboussures de lumière.
 
Mettre des mots sur les toiles de Jean-Pierre Moulin, c'est s'approcher du feu, avec, dans ses poches, quelques pincées de dynamite. Beauté complexe, parfois grave, souvent acérée, où se féconde la liberté, où s'articulent des espaces et se fiancent d'inédites perspectives.
 
©Claude Luezior


 


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3 février 2018 6 03 /02 /février /2018 04:47
J’adresse mes chaleureux remerciements à Claude qui m’a beaucoup ému par son texte, tout comme Nicole Hardouin l’autre jour. Comme jeune auteur à cheveux blancs et rides marquées, j’ai beaucoup, vraiment beaucoup de chance d’être ainsi commenté au travers de mon recueil « Grains de vie » !
 
J’adresse également mes remerciements à la revue « Traversées », revue belge que je ne connaissais pas, mais y figurer est un véritable honneur doublé d’un vrai bonheur ! A découvrir en suivant les liens en bas de page.
 
***
 
Grains de Vie, Jean Dornac, Éd. les Poètes français, Paris, 4e trim. 2017
_______________________________________________
 
Semer quelques grains de vie dans le sillon de ses ancêtres, y laisser un peu de sa sueur et de son sang. Y buriner sa trace à coups de cœur.
 
Enfant des étoiles, le poète certes fait l’amour avec la beauté. Parfois cependant, les souffrances et douleurs / qui griffent la terre / font hurler ces tendres troubadours. Contrastes et clairs-obscurs, émerveillement et désespérance malaxent sa chair. S’y bousculent feux follets et poignées de cendres, feuilles mortes, zéphyr (Mais qui donc a le pouvoir / De faire taire le vent ?) et sentes tortueuses.
 
Au programme des souvenirs, La liberté me réclamait (…) Sur la péniche de mes rêves / Seule la rive existait. Une mère-grand nommée Marie, à laquelle ce recueil fait hommage, semble d’ailleurs être la figure tutélaire dans l’âtre de la reconnaissance.
 
Jean Dornac est oiseleur d’un site bien connu, http://www.couleurs-poesies-jdornac.com où pépie, en heureuse intelligence, tout un boisseau de créateurs, artistes et photographes. Dornac, lui-même homme de plume et d’objectif, en est, d’une certaine manière, le pater familias, le metteur en scène ou le chef d’orchestre ailé. De ce vivier, Ode, une poétesse-plasticienne, issue du Québec, illustre le présent ouvrage.
 
Michel Bénard, peintre, écrivain et préfacier, qui enchante également les portées informatiques dudit site, est ici-même de la partie et introduit ce livre d’élégante manière. Synergies de cœurs qui s’émeuvent / à la fragrance des émotions.
 
L’éternel féminin, bien sûr, hante le bateleur des mots qui est, par tes yeux couleurs de rêve (…) tempête lorsqu’il t’imagine. Mais son vieux pays (…) mariant  l’eau et le feu y tient également une place de choix. Tout autant que le pain des patriarches et celui des Misérables.
 
Ainsi, l’âme profonde (…) qui danse sur les portées trouve-t-elle tout à la fois terre et ciel sur la Toile mais également ici, grâce à quelques grammes de cellulose et un soupçon d’encre. La chose est d’importance :  le temps, certes, rabote sa poussière, mais celle-ci ne devient-elle, grâce au poète, humus où ces Grains de Vie vont germer et s’épanouir dans la rétine de lecteurs en mal d’amour ?
 
©Claude Luezior
 
 
Article paru dans la revue :
 
 
 
La recension de Claude Luezior, ici :
 

Il est toujours possible d'acheter mon recueil, 15 euros plus les frais de port. Il suffit de m'écrire ici en privé pour me le demander !!

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27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 05:19
Agonie pour poètes…

 

 

 

Ultime
 
 
Penser à mes chimères
toutes élytres arrachées
 
Agonie pour poètes sans clés
oracles et druides hermétiques
 
À l'entaille du destin
mes pages, alourdies de cicatrices
n'ont su étreindre
les tatouages dont la gloire
çà et là pollinise les pistes
 
Respirer à contre-courant
des stridences perverses
quand il suffit, pour épousailles
d'agiter l'arborescence
de magmas et de bruits
 
En vulnérables vendanges
voici le moût de mots
que tuméfie à l'automne
un soleil épars
 
Ardente, malgré le passage
qui s'approche sans cesse
ma main pourtant combat
jusqu'à l'ultime phalange
 
À la plume, au couteau
et jusqu'à la trame
pour une flaque de lumière
 
Une fois encore
à la frange des laves
 
Panser mes chimères
tous poèmes arrachés
 
© Claude Leuzior
Aux franges de l'essentiel
Ultime
 
 
Pensare alle mie chimere
tutte elitre strappate
 
Agonie per poeti senza parole
oracoli e druidi ermetici
 
All’intagliare del destino
le mie pagine, appesantite dalle cicatrici
non interpretano
i tatuaggi di cui la fama
impollina qua e là il percorso
 
Respiro contro corrente
gli stridori perversi
quando per le nozze basterebbe
agitare le ramificazioni
del magma e dei rumori
 
Nel raccolto vulnerabile
ecco il mosto delle parole
che gonfiano in autunno
un sole sparpagliato
 
Appassionato, nonostante il trapasso
s’avvicina senza tregua
la mia mano ancora combatte
fino all’ultima falange
 
Con la penna o con il coltello
fino all’essenza
per una sorgente di luce
 
Ancora una volta
ai margini di un fiume di lava
 
accudisco le mie chimere
tutte poesie strappate
 
© Francesco Casuscelli
Dairago, 23 novembre 2017
 
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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 05:52

 

Photo Claude Luezior

 

 

 

 

quand tressaille
au fond de nous
la fêlure du deuil
 
et s’écroulent
nos caillasses
en tragiques éboulis
 
quand se hérissent
les épines
en sanglants buissons
 
échines d’une douleur
pour pèlerins fourbus
en mal présages
 
quand s’embourbent
nos corps
sur des chemins sans âge
 
et se délitent
infécondes
les mains du partage
 
quand se ferment
les portails
des châteaux errants
 
où feulent des loups
sans louve
ni tanière
 
quand chant
la promesse
immensément seule
 
se frôlent
et s’envolent
nos connivences
 

©Claude Luezior

 

 

quando rabbrividiamo
nel nostro intimo
la ferita d’un lutto
 
e si sbriciolano
le nostre pietre
come detriti tragici
 
quando si ergono
le spine
nei cespugli sanguinanti
 
spalle d’un dolore
per pellegrini esausti
di cattivi presagi
 
quando s’impantanano
i nostri corpi
su percorsi senza età
 
e le mani della condivisione
sterili
si disintegrano
 
quando si chiudono
i portoni
dei castelli erranti
 
dove abbaiano dei lupi
senza lupa
e senza tana
 
quando canti
la promessa
immensamente solo
 
ci sfioriamo
e s’invola
la nostra connivenza
 
trad.par ©Francesco Casuscelli
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18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 07:47
Références de la photo (cf dossier joint) et du texte : Mystères de cathédrale, texte de Claude Luezior, photos de Jacques Thévoz, BCU Fribourg, 4e trim. 2016

 

 

 

 

Juste au coin du narthex, un pieux bénitier. Autour de lui, le geste est souvent machinal, bâclé, sans souvenir précis des temps heureux : l’eau du baptême est à presque cent mètres de là. Certains se signent, pressés, comme pour pointer à l’horodateur du Seigneur. D’autres ont la lenteur de l’arthrose, humectant leurs phalanges de presque ressuscités.
S’avance la bigote à la peau parcheminée : marathonienne de la rédemption, elle hydrate les flétrissures de son cœur en vue de la dernière ligne droite. Juste derrière, les doigts légers d’une fleur de pavé. Selon les Évangiles, cette Marie-Madeleine coiffera l’athlète des ave à la porte du Seigneur.
Quelques enfants de chœur bousculent de leurs rires la bien-pensante. Plus loin, des canailles bâclent une génuflexion, tandis que des traîne-crasse envisagent une ablution. Et puis, un fada : d’après la légende, les fées, qu’on appelle dans le sud fadarelles, échangent parfois leur descendance dans le berceau des humains. Consolation des affligés, le simple d'esprit sera tantôt prince du royaume.
Suit la main droite du besogneux, trempant ses cals jusqu’à la paume et celle, un peu raide, du colonel qui hésite entre signe de croix et salut. Depuis l’ébrasement du porche, un martyr surveille le geste sévère de l’instituteur, égalitaire du gauchiste en goguette, opportuniste du politicien dont le menton tutoie les étoiles, niais de la cancanière en mal de calomnie.
On y voit aussi les ongles vernis de la précieuse qui, pour peu, déposerait une goutte sacrée sur son cou, tel un parfum. Et cette jeune-fille presque vierge, presque transparente, effleurant les satins de son amant.
En miroir, des doigts froissant à peine la surface de l'eau sacrée, comme pour ne pas déranger le Très-Haut : arachnéennes caresses d’une religieuse déjà en extase.
Pour clore cette humanité défilante, une troupe de dubitatifs, tièdes et païens de toute obédience évitant comme des chats maigres la sainte source et préférant passer à gué le seuil de l’Eden.
Self-service d’eaux lustrales, le bénitier a bien du mérite. Mirage d’anachorètes ou puits artésien pour âmes en rémission, on le retrouvera au tourniquet du Jardin premier.
 
©Claude Luezior
 



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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 07:48
Silhouette...

 

 
 
 
 
sur ta silhouette
si finement grainée
j’effleure
la gourmandise
que seuls
nos désirs comprennent
 
à portée de souffle
te voilà captive
bouquet de flammes
dans mes bras
où se calcinent
tes boisseaux du plaisir
 
nonchalance
des caresses
qui fleuronnent
au creux d’ombres
quand j’apprivoise
l’attente
 
j’oscille
entre tes lèvres
que j’esquisse
et ta crypte
où s’abandonnent
d’inépuisables ferments
 
déposer sur ta peau
l’encre de mes averses
en contrebande
vendanger
au seuil d’un sourire
ton âme clandestine 
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan




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21 octobre 2017 6 21 /10 /octobre /2017 06:56
Corsaire armement, huile, 50 x 60 cm, de Jean-Pierre MOULIN

 

 

 

 

jusqu'à l'escale
que déjà bariolent
mes crayons de bonheur
 
jusqu'à l'île vive
où flottent, indociles
les parfums d'un caprice
 
jusqu'au fluide insensé
qui prend source
à l'entaille de tes chairs
 
jusqu'aux plages lascives
où s'abandonnent les algues
en intimes mêlées
 
jusqu'à ton guet-apens
pour pirate enivré
et sa carte du Tendre
 
jusqu'à ta morsure
infiniment fatale
sur la grève d'un désir
 
jusqu'à ton envol
entre les abîmes
de tes cruelles falaises
 
je divague sans cap
en cette barrière de corail
où s'aiguisent les squales

 
©Claude Luezior
 
 
 
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7 octobre 2017 6 07 /10 /octobre /2017 06:39
Göran Strand : Un arc-blanc lunaire dans une aurore boréale

 
 
 
 
le cambouis de la nuit à fini de
couler dans mes artères
 
entre chien et loup s’allongent les
ultimes rapines du noir
 
dans ses brumes en charpie, le jour
ébroue ses victoires premières
 
ton sourire s’amarre à mon regard
 
au bouquet des sens respirent des
fumets d’aube
 
le bruissement des couleurs est à
marée haute
 
tutoyer la lumière
 
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan




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23 septembre 2017 6 23 /09 /septembre /2017 04:15
Photo Claude Luezior©

 

 
quelque part né de rien
sur un océan léthargique
filleul borgne
enroulant ses vents
autour de son œil unique
le cyclone émiette les îles
 
pirate des Caraïbes
il répand son carnage
et mâche de sa spirale
ces terres de jade
où cohabitaient
en images d'Eden
miroir turquoise
et palmiers frileux
 
de ses rafales fétides
l'ouragan broie
souille et pille
ce monde originel
où gisent désormais
les déchirures
d'un festin sanglant
 
houle, rage et tourments
démembrent le littoral
quand s'amoncellent
toitures crevées
tôles, ferrailles
et détritus du vulnérable
 
exsangues, hommes et bêtes
divaguent sans eau vive
ni grammaire d'un espoir
 
là-bas, dans l'azimut
se rassemble déjà
la prochaine charge
contre les tropiques  
 
©Claude Luezior
 
 
 
 
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