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2 février 2019 6 02 /02 /février /2019 06:46

D'encre et de lumière, Michel BÉNARD,

Éditions des Poètes français, Paris, 2018

_____________________________________________

 

 

Coup sur coup, on entre dans ce livre par une préface puis une postface de Nathalie Lescop-Boeswillwald et Christian Boeswillwald, remarquables orants d'une grand-messe en poésie, comme si Adam et Eve nous ouvraient la porte d'un Paradis. Le ton est donné pour un parcours cabalistique des origines jusqu'au cosmos.

C'est que Michel Bénard est bien connu dans les milieux artistiques pour ses portes, collages et tableaux non figuratifs, dont les clés en polychromie se nichent dans notre imaginaire. En contraste, mais avec une même verve, l'auteur exprime ici, avec ses mots ô combien figuratifs, l'essence même d'un monde pétri de transcendance.

Il est l'infatigable célébrant d'un Amour Éros mais aussi Agapé tout à la fois extérieur, voire charnel : Femme effleurement de l'acte suprême (...) Me voici mendiant / Du miel sacré de tes lèvres et intérieur : Femme souffle précurseur / Jamais très éloignée des tourments de l'enfer. Tête dans les étoiles, sous les stèles du ciel, mais également pieds dans la glaise humaine, Michel Bénard revêt ses habits de Grand Prêtre au Temple d'Amon pour parer ses lignes de la déchirure d'une prière, de trirèmes perdues mais aussi d'une quête de ses racines.

Le poète, tel un bâtisseur, a fait ses choix : chaque page est une offrande sans titre individuel (bien qu'elle soit répertoriée par ses mots premiers dans la Table des poèmes en fin de volume) : chaque braise allume l'oraison suivante. Tout vers se revêt d'une majuscule en son début mais la verticalité du texte garde la charpente d'une construction prosaïque, avec sa ponctuation propre. Bien que non versifié, l'ensemble conserve une homogénéité, un style, une cohérence sans doute hérités de hautes traditions poétiques. Plus proche des maîtres d'enluminures que de plasticiens déjantés, cette écriture nous relie à un monde byzantin brûlant de ses feux et de ses ors :  divine luminosité / Se déposant / Parcimonieusement / Sur la Sainte Face / D'une icône. On sait d'ailleurs que plusieurs livres de Bénard sont parus en version bilingue français-roumain.

 

Tel un calice en orfèvrerie, chaque espace célèbre l'amour et le divin qui s'entrecroisent, dialoguent. se complètent et s'enchevêtrent en subtile connivence. Foisonnance de l'intraduisible, le parcours est initiatique, ésotérique, empreint d'une dimension jouissive et esthétique. L'écrivain enchante tantôt par sa fragilité, sa vulnérabilité, tantôt par les effleurements d'âmes à l'affût et les jachères de l'esprit. La poésie n'est-elle, de tout temps, la langue des dieux ? Chorégraphies complices / Nos silences se mesurent / À l'aune enluminée / Du destin de nos écritures.

Oui, Michel Bénard est cet officiant du temple (...) Pour le grand voyage initiatique, tout à la fois foetus en prière et poussière d'étoiles.

 

Claude Luezior

 

 

 

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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 07:51
Extrait d’un manuscrit de Victor Hugo

 

 

 

 

 

en marge

de nos écritures

le goût acidulé

d’espaces

 

marge vierge

mais brûlante

où peut éclore

juste un graphe

de l’indicible

mot-clef

d’une parenthèse

 

à la marge

de nos dédales

et de nos chiffres

une ou deux

taches d’encre

 

hiéroglyphes

de nos attentes

empreintes

au fond de soi

 

ces marges

annotées

ajourées

si humaines

que personne

ne publiera

et pourtant

essentielles

à nos silences

 

marge d’erreur

où respire

la tolérance

tranche d’espoir

où repose

l’essentiel

d’un aimé

d’un non-dit  

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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25 décembre 2018 2 25 /12 /décembre /2018 07:44

 

 

 

 

 

au cortège

d'une enfance retrouvée

me recueillir

dans les pétales d'un rêve

que sculptent les marbres

de l'imaginaire

 

à l'abri des futaies

écouter au paradis

l'appel d'une âme simple

pétrie de bienveillance

loin des dédales fracassés

où gisent les brisures

 

au-delà des colosses

et de leurs agonies

qui emmurent les sentes

et absorbent nos horizons

puiser dans l'ossature du sol

les racines d'un vin nouveau

 

à l'appel des enclos

où paissent les brebis

se nouent tendresse

et quiétude partagées

sans traque

ni gueule meurtrière

 

à l'instant

goûter ce brin de vie

et sa goutte éphémère

juste à l'instant sacré

me nourrir

d'enluminures

 

 

 

prendre la pause

d'un émerveillement

quand la fraîcheur

d'une grotte

féconde nos mains

de frémissements 

 

©Claude Luezior

www.claudeluezior.weebly.com

 

 

 

 

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8 décembre 2018 6 08 /12 /décembre /2018 06:26
©Photo J.Dornac

 

 

 

 

 

à la base même du bourgeon

où s’étreignent

suc

et soleil

quand s’émaillent les carmins

de corolles enceintes

 

juste au renflement insensé

à l’embranchement

entre ronces

et délires

de couleurs en gésine

 

tout au ventre

fécond

d’une rose très fr^le

où s’ébrouent les gouttes

au matin des partages

 

où l’on devine

le scandale des pétales

 

lèvres en désir

pour impudiques abeilles

 

où fantasment les silences

de la chlorophylle

et les moires

de limbes

offertes

 

juste là, ne riez pas :

les noces d’un puceron

attendant en vain

sa belle puceronne 

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 07:40

 

Permettez-moi de vous présenter le nouveau recueil de Claude Luezior, poète que j’ai la chance et la joie de publier régulièrement ici. C’est une œuvre importante selon tous ceux qui ont eu la chance d’avoir lu ce recueil ! Ne passez pas à côté !! Jean Dornac

 

* * *

 

Préface Nicole Hardouin

Éditions Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

 

________________________________________________________

 

C'est à pas feutrés que l'on entre dans Jusqu'à la cendre, happé dès les premières pages par le courant puissant de l'écriture poétique. 

Écriture précise, finement ciselée. Les mots, dont certains pénètrent en l'intime du lecteur avec une résonance intense,  provoquent parfois comme une détonation...

L'alternance de poèmes et de prose confère aux textes un rythme particulier. Comme une respiration nécessaire pour aller plus avant dans le courant du fleuve.

On est entraîné, remué, secoué par cette lecture qui, évoquant des thèmes variés, est tissée autour d'une trame singulière : celle de l'humain jeté au cœur de la grande et mystérieuse Aventure, avec toute une palette d'émotions, de questionnements, d'incompréhensions, de cris et de désespoirs qu'elle ne peut que susciter.

Mais aussi ces plages de douceur, de tendresse, d'amour qui s'offrent à celui qui se confronte à la merveille et à la terreur d'être humain : une épaule soutenante, un regard, des lèvres offertes... Cela, le poète le voit, le vit, le dit, au milieu de la réalité souvent douloureuse, incompréhensible et violente du monde...

Posture poétique : celle qui témoigne de la vie, de son caractère précieux et qui, en même temps, s'insurge et dénonce ce qui va à son encontre et l'avilit, la détruit. Luezior est bien dans cet acte poétique : une poignée de notes, un poème jeté dans l'espace par un geste de danse, un tableau agitant ses reflets, la main d'une femme : entre nous, un jardin premier à portée de regard.

 

Jean Mahler

 

 

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13 novembre 2018 2 13 /11 /novembre /2018 07:28
Photo chmich – L’anneau de la mémoire

 

 

 

 

 

 

là se distendent

les précipices

 

en ces lieux de mémoire

l'on a serti

un anneau titanesque

de béton et de larmes

 

porte-à-faux

sur nos vertiges

ces noms infinis

désormais reliés

en alphabet unique

pour amis et ennemis

 

implacable destin

d'une famille

 

filigrane d'alliance

face à une camarde

 

si boulimique

qu'elle ronge encore

notre entendement

 

gloire et absurdité

 

guerre d'arrogances

intimement pétries

dans des boues aveugles

 

Guerre civile

entre peuples frères

tellement immonde

qu'on l'appelle Grande

 

chairs tranchées

cortège de suppliciés

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 06:28
Collage de Michel Bénard©

 

 
 
 
texture
tactile
des mots
qui se froissent
et déchirent
leurs coutures
aux plis
sombres de la phrase
 
acide
mentholé
des mots
qui vibrent
en manque
de lèvres
pour qu’existe
la salive
d’un baiser
 
arides
courbures
des mots
que piétinent
assoiffés
de miracles
les gueux
en mal
de Compostelle
 
écume
désirante
des mots
qui se disloquent
et fracassent
mes grèves
où les rocs
torsadent
leurs jouissances
 
ultime
cri
des mots
que l’on fusille
toutes lettres
ligotées
au poteau
rouge
des rebelles  
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Clames » aux éditions tituli
 
 
 
 
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13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 06:46
 
 
 
 
 
jamais
plus jamais
jamais plus
je ne t’aimerai
avais-je dit
à Jeanne
 
mais
plus
que jamais
Jeanne
par magie
aimait
harceler
mes jamais
 
jamais
plus jamais
jamais plus
je ne t’aimerai
ais-je dit
à Jeanne
 
mais au fond jamais
n’aurais-je dû dire
à Jeanne
au grand jamais  
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Clames » aux éditions tituli




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29 septembre 2018 6 29 /09 /septembre /2018 06:49
Sculpture sur sable

 

 

 
 
 
ton corps qui m’enfièvre
goutte à goutte distille
son âme sur mon regard
 
quand le rêve écartèle
mes plus sages pensées
en marge des confidences
 
le sablier de la nuit
tresse le cordon ombilical
de mes ferveurs silencieuses
 
quand s’affûtent mes désirs
et que s’égarent les secondes
au giron du temps dispersé
 
ton âme qui m’enivre
goutte à goutte se dissipe
sur mon corps enfiévré 
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Mendiant d’utopie » aux éditions L’Harmattan
 
 
 
 

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1 septembre 2018 6 01 /09 /septembre /2018 06:40
Photo issue du blog le Monolecte d’Agnès Maillard

 

 

 
pas
d’alto
sans
archet
 
pas
d’arc-en-ciel
sans
soleil
 
pas
de colombe
sans
roucoulade
 
pas
de voûte
sans
pilier
 
pas
d’amour
sans
corps à corps
 
pas
de flamme
sans
étincelle
 
pas
de femme
sans
écrin 
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Mendiant d’utopie » aux éditions L’Harmattan
 
 
 
 

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