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19 septembre 2019 4 19 /09 /septembre /2019 06:21

 

 

 

 

tu joues avec les convulsions

de mes ardents chahuts

comme joue un félin

sur les savanes africaines

 

tu pétris mes larmes

à l’ombre d’un baobab

comme on pétrit

une galette de mil

 

tu écoutes le spasme

de mes frémissements

comme vibrent au loin

des senteurs inouïes

 

tu caresses ta proie

à l’encolure encore tiède

comme tu caresses la mèche

de tes amants sacrifiés

 

tu embrasses et tu broies

mes errances à l’agonie

comme tu embrasses l’ombre

de tes propres souvenirs

 

tu joues, Amour

et mes fibres se rebellent

tu joues à ce jeu cannibale

à ce jeu auquel on ne joue pas  

 

©Claude Luezior

 

Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan





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30 août 2019 5 30 /08 /août /2019 07:19
Dessin de Levalet

 

 

 

 

seul, de mon beffroi

je hume les effluves nomades

qu’exhalent alentour

collines, gorges et béances

 

tels des embruns

les amours anciennes

montent à mon regard

pour d’ultimes dédicaces

 

là se distendent

en vains amalgames

amnésies partielles

larmes et falaises

 

connivences païennes

de trop courtois romans

qui s’égarent à mes prunelles

en déshérence

 

éteindre les promesses

de bigotes fumerolles

qui m’enlacent et m’étreignent

de leurs souvenirs en grisailles

 

seul face à la brise

qui noue ses entrelacs

et fomente l’orage

de toutes les délivrances

 

faire enfin table rase

au cœur de la tempête

déchirer l’éclair

et vivifier ma fibre
 

©Claude Luezior
 
 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
https://editions-lgr.fr/claude-luezior/   

 
 
 
 

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7 août 2019 3 07 /08 /août /2019 06:36
Autoportrait - Paris printemps 1887 (Vincent Van Gogh)


 

 


empesés de rêves, des corbeaux
évanouissent leurs silhouettes
dans la masse fleurie du soir

 

l’aujourd’hui, qui piétinent
des souvenirs acides, ébroue
sa toison tel un chien perdu

 

s’effrangent les étoffes déchirées
d’oliviers qui contorsionnent
leurs plaintes d’amants inassouvis

 

ici s’étreignent et s’entremêlent
pour une ultime sarabande
les grelots de désirs démembrés

 

par touches pyromanes
des jaunes à la hâte allument
les contre-jours en gestation

 

tableau en déshérence
quand s’allongent vainement
les traces qu’un désespoir macule

 

traces chromatiques
d’une unique oriflamme
pour ligne de survie

 

en ces arpents dont l’épiderme
se pare de démesures
jusqu’à l’inéluctable démence

 

l’homme à l’oreille tranchée
s’égare une fois pour toutes
dans l’huile d’un crépuscule

 

trois traits sur canevas incendié
trois corbeaux lourds du soir
s’arrachent au rêve d’une toile  
 

©Claude Luezior
 
 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 
 
 
 

 


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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 06:19
Mercy est née à bord de l'Aquarius en mars 2017. Crédits : SOS Méditerrannée

 

 

 

 

 

d’un geste, elle ajuste

ses haillons ténébreux

 

l’enfant sans âge se colle

à un sein lactescent

 

sur le pavé se confondent

leurs corps de misère

 

sa main tend une maigreur

aux limites de la décence

 

une main défroquée

jette une piécette

 

une autre se signe

pour stériliser la scène

 

devant l’Opéra Bastille

deux êtres embastillés

 

dans leur dos, on époumone

une très lyrique tragédie

 

soudainement vomie

par les tranchées d’un métro

 

la foule acide part

à l’assaut des ombres

 

tandis qu’un sein vide

inutilement ballotte

 

là, une paume pour rien

l’autre étreignant le nourrisson

 

image corrosive, image

d’une errance qui s’achève

 

vierge à l’enfant  

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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20 juin 2019 4 20 /06 /juin /2019 06:42
Michel-Ange – Le jugement dernier

 

 

 

 

 

éteindre en moi

ces restes d’incendie

qui ravagent ma peau

et couvent encore

les morsures

de leurs exigences

 

ces destins enfiévrés

où la mort

en vif compagnonnage

a bu jusqu’à plus cendre

dans l’écuelle

des jours

 

je me suis battu

à l’extrême

de mes écorchures

aux carrefours

magnifiques

de leurs patiences

 

j’ai enkysté leurs peines

dans mon propre corps

et mes nuits sans limite

pour alléger un peu

les méfaits des affres

qu’ils ont voulu partager

 

et je me retrouve parmi eux

sans lumière et sans fard

devant la porte de bronze

où l’on va me juger

tel en Celte affamé

qui a rendu les armes

 

éteindre ensemble

ces révoltes, ces brandons

qui nous ont fait vivre

avant l’autre voyage

pour lequel on oublie

son passeport dernier 

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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27 mai 2019 1 27 /05 /mai /2019 06:27

 

 

 

 

éloquente

la malédiction

guerrière

s’aiguise

et s’agrippe

et progresse

 

parée de ses lambeaux

et d’attentes sordides

la faucheuse

hiberne

dans les tranchées

du désespoir

 

plus loin

tout près

la canonnade

imprime

son tatouage de feu

sur  l’atroce tréfonds

où ne copulent

qu’éclats et barbelés

 

 

seules fleurissent

des plaies

rouge sang

quand les corps

ne sont de suite

enfouis

en leur cratère

béance

 

devant soi

se hérisse

la mitraille

 

cela

tout cela

pour un arpent

de terre sale 

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 06:58

Parcelles d'Infini, de Carolyne Cannella

Éditions Alcyone, collection Surya,

Saintes, 2e trim. 2019, ISBN : 978-2-37405-059-1

________________________________________________

 

 

Sur cinq vers asymétriques et toujours renouvelés , Carolyne Cannella décline les parcelles d'un infiniment grand, d'un infiniment poétique, tout à la fois intime et cosmique, humble et puissant : celui de l'Amour.

De manière générale, l'absence quasi-totale de ponctuation (ni chair   ni os), les libertés orthographiques voulues par l'auteur (dans la coulée de la scève) ainsi que  des audaces (tout se fait  de se dé-faire) donnent au texte un supplément de modernité et de mystère.

De même, la typographie changeante de ces quintils, tels des vagues de mots et d'incantations :

      Sortir du chemin

la rupture est provisoire

 

à l'inéluctable

      dire oui

          et s'accomplir

D'emblée, l'on ressent à quel point la poétesse cultive les espaces, les silences, telle une musicienne à son archet, telle une orpailleuse au fil de l'onde. D'emblée, le rythme dicte sa présence, la respiration gagne toute sa place.

Certes, on y trouve les mots de sa passion première, la musique (luth, Bach, chant, accordé, résonance), mais également un tropisme pour le mouvement (se glisse, se balancent, nous franchissons, s'approchent, ondule) comme si la danse était un trait d'union entre l'univers sonore et une vie gestante de frémissements. Cela dit, il nous semble que Cannella est ici avant tout poète, marieuse de mots, artiste-peintre friande d'images et vouivre du sens :

 

Nous  réceptacles du vivant

nous  qui transmutons

l'aube en crépuscule

 

et nos silences féconds

en paroles de lumière

 

 Souvent sensuelle (Sur les vagues qui scintillent / aller nue  et danser / neuve à chaque instant...) elle s'adresse parfois à l'être aimé en majuscule (Toi, Ta présence) mais toujours avec délicatesse:

De caresses en murmures enchantés

tu m'effeuilles, tu m'enflammes

sous l'irrésistible maelström

de tes hauts plateaux

aux délires impeccables

Minuscule approche pour un recueil élégamment imprimé sur papier blanc nacré : comme si la place du rêve, la forme graphique des mots, leurs sons chuchotés par le lecteur avaient valeur de prière, c'est à dire de langage avec un Plus Haut.

 

                                                               Claude LUEZIOR

 

 

Site de Carolyne Cannella :

https://sites.google.com/site/artisteauteuractricemusicienne/home

Sa chaîne Youtube :

https://www.youtube.com/user/xangagata/videos?view=0&sort=p&flow=grid

Recueil - Parcelles d'Infini, de Carolyne Cannella - Note de lecture de Claude Luezior
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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 06:52

 

 

 

 

par mes litanies

je butine

ses bruissements

diaphanes

 

par mes allégeances

je harcèle

ses armées

de janissaires

 

par mes chansons

j’enjambe

le parapet

de ses refus

 

par mes étreintes

je la dépouille

d’imprévisibles

dérobades

 

par mon feu

j’emporte

les artifices

de son regard

 

par mes effleurements

je sculpte

les contours

de ses jouissances

 

par le va-et-vient

de mes mots

je possède

ses arcanes  

 

©Claude Luezior

 

Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan





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15 février 2019 5 15 /02 /février /2019 07:24

 

 

 

 

l’Orient sommeille dans ma mémoire

 

 

ses chevelures d’encens

l’ébène de ses nomades

qui rutilent de laines bleues

 

ses déesses arborescentes

les braises de ses fakirs

qui rougeoient de défis

 

ses mages tisonnant leurs exorcismes

les palmiers de ses oasis

qui transgressent le désert

 

ses danseuses drapées d’élégance

au ventre doré de strass

où pulse déjà une vie de femme

 

 

l’Orient brûle dans la soie des mes rêves  

 

©Claude Luezior

 

Extrait du recueil « Mendiant d’utopie » aux éditions L’Harmattan





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2 février 2019 6 02 /02 /février /2019 06:46

D'encre et de lumière, Michel BÉNARD,

Éditions des Poètes français, Paris, 2018

_____________________________________________

 

 

Coup sur coup, on entre dans ce livre par une préface puis une postface de Nathalie Lescop-Boeswillwald et Christian Boeswillwald, remarquables orants d'une grand-messe en poésie, comme si Adam et Eve nous ouvraient la porte d'un Paradis. Le ton est donné pour un parcours cabalistique des origines jusqu'au cosmos.

C'est que Michel Bénard est bien connu dans les milieux artistiques pour ses portes, collages et tableaux non figuratifs, dont les clés en polychromie se nichent dans notre imaginaire. En contraste, mais avec une même verve, l'auteur exprime ici, avec ses mots ô combien figuratifs, l'essence même d'un monde pétri de transcendance.

Il est l'infatigable célébrant d'un Amour Éros mais aussi Agapé tout à la fois extérieur, voire charnel : Femme effleurement de l'acte suprême (...) Me voici mendiant / Du miel sacré de tes lèvres et intérieur : Femme souffle précurseur / Jamais très éloignée des tourments de l'enfer. Tête dans les étoiles, sous les stèles du ciel, mais également pieds dans la glaise humaine, Michel Bénard revêt ses habits de Grand Prêtre au Temple d'Amon pour parer ses lignes de la déchirure d'une prière, de trirèmes perdues mais aussi d'une quête de ses racines.

Le poète, tel un bâtisseur, a fait ses choix : chaque page est une offrande sans titre individuel (bien qu'elle soit répertoriée par ses mots premiers dans la Table des poèmes en fin de volume) : chaque braise allume l'oraison suivante. Tout vers se revêt d'une majuscule en son début mais la verticalité du texte garde la charpente d'une construction prosaïque, avec sa ponctuation propre. Bien que non versifié, l'ensemble conserve une homogénéité, un style, une cohérence sans doute hérités de hautes traditions poétiques. Plus proche des maîtres d'enluminures que de plasticiens déjantés, cette écriture nous relie à un monde byzantin brûlant de ses feux et de ses ors :  divine luminosité / Se déposant / Parcimonieusement / Sur la Sainte Face / D'une icône. On sait d'ailleurs que plusieurs livres de Bénard sont parus en version bilingue français-roumain.

 

Tel un calice en orfèvrerie, chaque espace célèbre l'amour et le divin qui s'entrecroisent, dialoguent. se complètent et s'enchevêtrent en subtile connivence. Foisonnance de l'intraduisible, le parcours est initiatique, ésotérique, empreint d'une dimension jouissive et esthétique. L'écrivain enchante tantôt par sa fragilité, sa vulnérabilité, tantôt par les effleurements d'âmes à l'affût et les jachères de l'esprit. La poésie n'est-elle, de tout temps, la langue des dieux ? Chorégraphies complices / Nos silences se mesurent / À l'aune enluminée / Du destin de nos écritures.

Oui, Michel Bénard est cet officiant du temple (...) Pour le grand voyage initiatique, tout à la fois foetus en prière et poussière d'étoiles.

 

Claude Luezior

 

 

 

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