7 janvier 2020
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07:33
tu m’as dit tes angoisses :
qu’une volée de jours
insère l’inéluctable
parmi nos interstices
pourtant cet amour idolâtre
le dernier avant la camarade
nous paraît diamant noir
aux rayons hiératiques
tu crains que les lunes perses
pâlissent à l’heure des canicules
et que nos incendies mutuels
s’ébouriffent en feux follets
mais là déferlent nos rouages
et se creusent nos houles
là se fortifient les haubans
de nos tempêtes clandestines
©Claude Luezior
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan
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Claude Luezior
15 décembre 2019
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07:23
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profond, ce toi
qui dort en moi
et qui s’éveille
et balbutie
je le porte
comme une obole
qui frissonne
au-delà de la terre
pour que ce toi
qui est en moi
jamais ne se dilue
en quelque turbulence
et que l’éphémère
devienne marbre
et les méandres
cheminements
lorsque ce toi
qui vit en moi
envoûte subtilement
mon axe d’homme
je tutoie ces oasis
de la pensée
d’où proviennent
les grands mythes
parce que ce moi
qui est un peu toi
a la chasuble
d’un prière
tout contre nous
au fond de nous
comme un miroir
comme un baiser
©Claude Luezior
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan
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Claude Luezior
2 novembre 2019
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07:14
L’origine de la vie vue par un géologue qui aime l’astronomie
là
se cabre
le destin
dans ma tête
rutilent
d’inaccessibles
vertiges
là
coulent
des attentes
les électrons
enivrent
nos liens
en désespérance
là
virevoltent
nos faims
les astres
s’escortent
les uns aux autres
jusqu’au trou noir
là
s’exaspèrent
nos souffles
ne serions-nous
que soleils
au ciel
de l’éphémère ?
©Claude Luezior
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan
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Claude Luezior
11 octobre 2019
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06:13
louve des vents
où s’égarent mes brûlures
louve cruelle
où mes flèches maladroites
se tordent et s’effritent
en fétus épars
et s’effarouchent
mes déchirures
louve
louve des éclairs
quand gronde
la fissure des bourrasques
et gémissent au nom des louves
les troupeaux des nuages,
quand s’ébranlent
en galops furieux
mes plaintes génitrices
louve
louve au corps léger,
à l’échine qui vibres
au gré des rafales
louve mienne
qui humes le souffle
de mes tempêtes
et déchires pour moi
le silence des steppes
louve
louve qui dévores
mes alphabets
louve qui harcèles
mes nuits insomniaques,
ombre solitaire et multiple
où fléchissent mes prières
et s’éparpillent
mes ultimes suppliques
louve
hurlante louve
au fond des steppes
où brûlent nos absences
mors-moi, ma Louve
dans tes mâchoires
mors mes lambeaux
en mal d’amour
en mal de moi
©Claude Luezior
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan
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19 septembre 2019
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06:21
tu joues avec les convulsions
de mes ardents chahuts
comme joue un félin
sur les savanes africaines
tu pétris mes larmes
à l’ombre d’un baobab
comme on pétrit
une galette de mil
tu écoutes le spasme
de mes frémissements
comme vibrent au loin
des senteurs inouïes
tu caresses ta proie
à l’encolure encore tiède
comme tu caresses la mèche
de tes amants sacrifiés
tu embrasses et tu broies
mes errances à l’agonie
comme tu embrasses l’ombre
de tes propres souvenirs
tu joues, Amour
et mes fibres se rebellent
tu joues à ce jeu cannibale
à ce jeu auquel on ne joue pas
©Claude Luezior
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan
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Claude Luezior
30 août 2019
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Dessin de Levalet
seul, de mon beffroi
je hume les effluves nomades
qu’exhalent alentour
collines, gorges et béances
tels des embruns
les amours anciennes
montent à mon regard
pour d’ultimes dédicaces
là se distendent
en vains amalgames
amnésies partielles
larmes et falaises
connivences païennes
de trop courtois romans
qui s’égarent à mes prunelles
en déshérence
éteindre les promesses
de bigotes fumerolles
qui m’enlacent et m’étreignent
de leurs souvenirs en grisailles
seul face à la brise
qui noue ses entrelacs
et fomente l’orage
de toutes les délivrances
faire enfin table rase
au cœur de la tempête
déchirer l’éclair
et vivifier ma fibre
©Claude Luezior
in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
https://editions-lgr.fr/claude-luezior/
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Claude Luezior
7 août 2019
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06:36
Autoportrait - Paris printemps 1887 (Vincent Van Gogh)
empesés de rêves, des corbeaux
évanouissent leurs silhouettes
dans la masse fleurie du soir
l’aujourd’hui, qui piétinent
des souvenirs acides, ébroue
sa toison tel un chien perdu
s’effrangent les étoffes déchirées
d’oliviers qui contorsionnent
leurs plaintes d’amants inassouvis
ici s’étreignent et s’entremêlent
pour une ultime sarabande
les grelots de désirs démembrés
par touches pyromanes
des jaunes à la hâte allument
les contre-jours en gestation
tableau en déshérence
quand s’allongent vainement
les traces qu’un désespoir macule
traces chromatiques
d’une unique oriflamme
pour ligne de survie
en ces arpents dont l’épiderme
se pare de démesures
jusqu’à l’inéluctable démence
l’homme à l’oreille tranchée
s’égare une fois pour toutes
dans l’huile d’un crépuscule
trois traits sur canevas incendié
trois corbeaux lourds du soir
s’arrachent au rêve d’une toile
©Claude Luezior
in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
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13 juillet 2019
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06:19
Mercy est née à bord de l'Aquarius en mars 2017. Crédits : SOS Méditerrannée
d’un geste, elle ajuste
ses haillons ténébreux
l’enfant sans âge se colle
à un sein lactescent
sur le pavé se confondent
leurs corps de misère
sa main tend une maigreur
aux limites de la décence
une main défroquée
jette une piécette
une autre se signe
pour stériliser la scène
devant l’Opéra Bastille
deux êtres embastillés
dans leur dos, on époumone
une très lyrique tragédie
soudainement vomie
par les tranchées d’un métro
la foule acide part
à l’assaut des ombres
tandis qu’un sein vide
inutilement ballotte
là, une paume pour rien
l’autre étreignant le nourrisson
image corrosive, image
d’une errance qui s’achève
vierge à l’enfant
©Claude Luezior
in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
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Claude Luezior
20 juin 2019
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06:42
Michel-Ange – Le jugement dernier
éteindre en moi
ces restes d’incendie
qui ravagent ma peau
et couvent encore
les morsures
de leurs exigences
ces destins enfiévrés
où la mort
en vif compagnonnage
a bu jusqu’à plus cendre
dans l’écuelle
des jours
je me suis battu
à l’extrême
de mes écorchures
aux carrefours
magnifiques
de leurs patiences
j’ai enkysté leurs peines
dans mon propre corps
et mes nuits sans limite
pour alléger un peu
les méfaits des affres
qu’ils ont voulu partager
et je me retrouve parmi eux
sans lumière et sans fard
devant la porte de bronze
où l’on va me juger
tel en Celte affamé
qui a rendu les armes
éteindre ensemble
ces révoltes, ces brandons
qui nous ont fait vivre
avant l’autre voyage
pour lequel on oublie
son passeport dernier
©Claude Luezior
in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
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27 mai 2019
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éloquente
la malédiction
guerrière
s’aiguise
et s’agrippe
et progresse
parée de ses lambeaux
et d’attentes sordides
la faucheuse
hiberne
dans les tranchées
du désespoir
plus loin
tout près
la canonnade
imprime
son tatouage de feu
sur l’atroce tréfonds
où ne copulent
qu’éclats et barbelés
seules fleurissent
des plaies
rouge sang
quand les corps
ne sont de suite
enfouis
en leur cratère
béance
devant soi
se hérisse
la mitraille
cela
tout cela
pour un arpent
de terre sale
©Claude Luezior
in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
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