Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 09:52

 

hotel-room.jpg

© Edward Hopper



Mes yeux collés au plafond,
cette nuit est sans sommeil,
mes pupilles rayent le ciel,
le silence dans la nuit est long.

Les grains ronds des jours
barrés sur l’agenda épais
écoulent mon sablier.
Ton silence fait un bruit lourd.

© Claire PRENDKI



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 09:03

 

delacroix-le-lit-defait.jpg

© Eugène Delacroix



À l’aube de leur ensemble, les enfants chéris
ne savent pas encore que le flot turbulent
de leurs pulsions folles, leurs jeux d’amants,
remontera sans cesse vers une source tarie.

Au milieu de leur ensemble, les grands chéris
ont appris du corps trop su les fuites,
ne posent plus questions sur la suite,
hors le lit cherchent encore une source non tarie.

À la fin de leur ensemble, les vieux chéris,
prenant soin dans le lit de fuir le lamentable,
ne touchant plus les chairs innommables,
regardent en silence la source qui s’est tarie.

© Claire Prendkis



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 06:32

 

cours-de-corse-806.jpg

http://www.1001stages.com/stage-parler-le-corse-a-nice-9781.html



La mer bouge fort ce matin sous la coque de fer
les cailloux s’enfoncent dans la mousse,
un clocher envole le temps d’Ile Rousse,
un rocher brut dresse vers le bleu sa bannière.

Maigres herbes rampantes et doigts de sorcières,
le sol est dur sous les sabots d’une mule usée,
des figues obscènes éclatent leur ventre violet,
elle est rude et sauvage et antique, cette terre.

Les vagabonds d’Août traînent leur ennui,
reniflent le brocciu et le saucisson d’âne,
les Corses au bistrot maudissent ces pilleurs d’âme,
la canicule enrobe tout et tue toute envie.

Bermudas rebondis et seins nus s’agitent,
les bandes quittent leurs grottes, léchant d’énormes glaces,
les minettes à portable envahissent les terrasses,
les vieux immobiles lorgnent ces autres rites.

Dans la montagne, les vaches errantes grignotent,
les cascades sèchent sur les pierres rassemblées par les dieux,
quelques lézards osent bouger la statique de ces lieux,
le ciel est si sec tant le soleil rabote.

Corse d’abord, on doit reconnaître ton âme,
peuple ancien accroché à tes pentes,
dans les églises s’élève ta voix si dense
ton choeur tragique précise la nature de tes drames

© Claire Prendkis



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 06:53

 

vison.jpg

http://mane-alpesdehauteprovence.olx.fr/manteau-en-vison-de-couleur-marron-iid-117960549



La montagne est sur moi si tranquille,
à mi-pente un souffle lent
secoue les angles des épicéas géants
elle me calme des mensonges de la ville.

Les vendeurs de glisse se frottent les mains,
la montagne, ça rapporte et ça vibre,
la commune pourra payer ses dettes, ses larbins,
le fric de partout se déverse enfin.

La montagne violée sursaute et tremble,
le cliquetis des rames des télésièges relaie
le ronron régulier des cabines en ballet,
le soleil éclaire une magie que le blanc rassemble.

Dans les télécabines, les frimeurs de l’Est,
Rolex au poing, planches de luxe dressées
oublient leur Russie, ses steppes désertées
dans nos montagnes chic claquent dollars et restent.

A l’ U.C.P.A, dans le grand chalet d’en bas,
banlieues colorées et C.E. déversent les secrétaires,
l’or blanc est à tous, c’est comme la mer,
mais les pistes sont plus loin, faut porter ses bois.

A Megève, Alexandra sort son vison,
les maris débordés viendront vendredi,
expédiant la nichée piaillante et ses cris,
à Courch, Charles en boîte sort son mignon.

Entre les sapins noirs, les traces enlacées
sur les bleues, les ellipses lentes des mamies,
traces arrondies du chasse-neige alangui,
sur les noires, la vitesse sifflante des skieurs pressés.

La F.M. fait danser les skieurs sur les pistes,
même si haut, si près des Dieux,
l’immense silence est cassé sous les cieux,
l’accordéon grimace, recommence et insiste.

La montagne est sur moi si tranquille
sur son blanc, cannettes et papiers sales
tachent cette splendeur lisse et elle râle,
elle vomit aussi les voyeurs de la ville.

© Claire Prendkis.



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits.

Partager cet article
Repost0
28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 06:38

 

smoke.jpg

http://www.numerama.com/magazine/14578-apple-fumer-tue-votre-garantie-informatique.html



Blonde ou brune, grésillante,
fumante et enfumante
tu nous tiens par ton poison
Et mets à mal notre raison.

Ceux qui la défendent voient des terroristes partout
Ceux qui la haïssent

Ceux qui s’en défendent voient des terroristes partout
Ceux qui en jouissent

Ah Sainte Nicotine

Que d’aucuns adorent, que d’aucuns abhorent

Dans tes instables volutes bleues
Les longs lamentos de Co2
S’élèvent en serpentine

© Claire Prendkis



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 06:48

En lieu et place du poème du jour, ce texte qui chante une poésie nostalgique, mélancolique qui laisse rêver en dépit du décor tragique dans lequel il se déroule. (Jean Dornac)

metiers-d-autrefois-le-havre-france-1019693554-1386047.jpg
http://etlaterreenfanta.blog50.com/vie-d-antan


 
Le facteur, petit Hermès à vélo, chemine sur les chemins de France, il ressent très fort sa mission, il est content d’assurer le lien entre toutes ces âmes ; hier encore, il a apporté le pli tant attendu à Madame Miotte ; elle attendait, inquiète, sur le pas de la porte, le tablier aussi mouillé que ses yeux, il lui a donné le pli qui arrivait du Chemin des Dames, et il a attendu longtemps, jusqu’au moment du retour de son sourire ; il avait même prévu de donner son dernier bonbon au petit Lucien qui tétouillait encore accroché à sa mère ; il l’avait vu naître, le petit Lulu, c’est lui qui avait été prévenir la sage-femme et en pleine nuit encore...

Il sait bien qu’il a encore trois plis à livrer, les nouvelles ne seront sûrement pas aussi bonnes sur le parcours ; il devrait laisser Madame Miotte à sa joie, il se demande à chaque fois comment il va faire pour consoler quand l’enveloppe contiendra des mauvaises nouvelles, de plus en plus fréquentes ; heureusement qu’il est là, mais en même temps, il en a assez, depuis que tous les hommes valides sont partis, il est là sur les routes du canton, à disperser les nouvelles sombres de plus en plus souvent dans une guerre qui n’en finit pas ; Dieu Merci, ils ont renoncé à mettre les enveloppes à bordure noire, comme ça on peut préparer les familles...

Ah, s’il avait l’occasion de lui dire ce qu’il en pense, au Général Nivelle, il s’en priverait pas, si c’est pas malheureux, il les voit pas, lui, toutes ces femmes, qui attendent sur le pas de la porte, le guettent, un nourrisson barbouillé à leur basques, ou un vieux grand-père crachotant à leur côté, mâchonnant une vieille pipe éteinte, il les voit pas lui, comment il doit être là, trouver les mots, rester longtemps, sortir son grand mouchoir à carreaux, celui-là, il a jamais autant servi... et pourtant repartir, en emportant les plis funestes un peu plus loin.

Ah, il lui dirait à ce salaud, mais on les voit jamais ceux-là, bien planqués qu’il sont dans les états-majors...

C’est pas drôle d’apporter la mort, une petite lettre et une vie qui bascule, qu’est-ce qu’elles feront, toutes ces jeunes femmes pour lesquelles le printemps est mort...

Eh, pourtant le printemps, c’est ça qu’il attendait Gaston, en Avril, il fait déjà beau, les jours rallongent bien, quand il enfourche sa bécane, les oiseaux chantent, il est vieux, mais il se souvient de tous ces printemps, quand il emmenait la Julie au bord de la rivière et que les jonquilles leur servaient de lit ; il se souvient de tous ces printemps quand il allait à la pêche avec ses deux fils qui sont tous les deux tombés au champ d’honneur, il n’y a plus que la mort, le Chemin des Dames, voilà un joli nom pourtant marqué d’un crêpe noir à jamais, c’est à ça qu’il pense, Gaston en pédalant, fatigué sur les routes mouillées d’Avril, là-bas, partout la Mort, le Chemin des Dames, comment un si joli nom pour la Camarde ... les routes glissent, Avril I7, on s’en souviendra du Général Nivelle, il aurait mieux fait de rester en Afrique du Nord, heureusement il y en a un, Pétain, dont on parle et qui pourrait bien le remplacer et on espère que cela sera bientôt fini, Gaston pourra de nouveau aller à la pêche avec son petit-fils, il pourra lui parler de son père, un héros, il ne lui dira pas qu’il est mort pour rien, à quoi ça sert...

Gaston pose sa bécane le long de la haie, les jonquilles tendent leurs corolles vers lui, c’est beau, elles oscillent dans le vent, quand il voit ça, il aimerait pouvoir peindre ce mouvement, ce tapis jaune qui flotte, c’est la vie qui est la plus forte, il y aura d’autres printemps...

Il en oublie presque cette funeste veuve avec ses voiles sombres, mousselines de mort, cette veuve qu’est Marianne, ce chemin de la Dame en Noir, là-bas, entre l’Aisne et l’Ailette, joli nom, l’Ailette aussi, rivières rouges de sang...

Quand même, à son âge, reprendre du service, évidemment il n’y a plus un homme valide au village...

Et il reprend son vélo, quand il le pose le long de la clôture de Madame Tronchon, il sait qu’il faudra rester longtemps, heureusement son grand mouchoir à carreaux est sec...

© Claire PRENDKIS




Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 07:09

 

paris.jpg

http://fra.1september.ru/article.php?ID=200802108



A l’angle des filles du Calvaire
passent les cortèges des amantes
et le cri douloureux des souffrantes
retentit de leur chant amer.

Dans la rue des Martyrs
s’élèvent les poteaux noirs
où les vierges en espoir
crient vers Dieu leur délire.

Rue des mauvais Garçons,
les chenapans s’agglutinent,
les vauriens se radinent,
bagarreurs en haillons

A la Brèche aux Loups,
les longues plaintes sinistres
des bêtes égarées des pistes
hurlent la mort qui rend fou.

Dans la Grange au Belles,
les greniers de blé d’or si riches
voient tourner les cerfs autour des biches,
et ce doux mois de Mai affole les damoiselles.

Rue de l’Arbre Sec enfin,
l’épouvantail secoué par le vent
rappelle au léger passant
la sanction des mauvais destins.

Moyen-âge si proche, si lointain,
père de nos pères incertains,
tu t’enfonces fatigué dans le temps
et la Renaissance aspire tes élans.

© Claire Prendkis



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits.

Partager cet article
Repost0
16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 06:44

 

P1010403.jpg

© Photo J. Dornac



La Seine fait son gros dos liquide
comme un chat en attente,
gris.

Les arbres dressent leurs ramures désertées
dans l’automne rampant,
noir.

Mon cœur bat en ondes de choc longues
jusqu'à la surface de mon corps enfiévré,
rouge.

Ma propre création m’est étrangère, enfuie
et telle l’eau changeante,
les feuilles absentes,
les ondes battantes,
elle amorce lentement sa dérive,
m’isolant, lamentable, sur ses rives.

© Claire PRENDKIS



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits.

Partager cet article
Repost0
2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 07:45

 

mannequin.jpg

Photo ©DR



Lara-Oriane, ceinte de lumière, avance, femme bionique,
ses jambes de latex dansent sous les lasers,
ses hanches aiguës déchirent un halo vert,
tous la fixent car elle le vaut bien, Monique.

Le podium glisse sous Oriane-aux-pieds-légers.
Sur son corps lisse, un modèle modeste,
vingt-cinq grammes de mousse elasto-lazuralex,
cinq mille euros pour ce déshabillé.

Trois sorcières ratatinées au premier rang
entourent le podium de leur jeunesse enfuie,
cette mousse sur leurs chairs englouties,
cinq mille euros, une paille pour retenir Alban.

Le tout petit créateur entouré de ces géantes lianes
les chouchoute, ma chérie, ma chérie, tout est beau,
bisous, bisous, sur le sein plat, il n’ira pas plus haut,
Le fond de teint fond, vite, les caresses de Soufiane

© Claire Prendkis



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits.

Partager cet article
Repost0
19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 08:09

 

draw262.jpg

http://martinsinger.over-blog.net/article-chez-le-psy-20-72553664.html



Ne pas poser d’impossibles requêtes,
il faut vivre en athée pratiquant,
faut rêver, arc-bouté sur le temps,
à califourchon sur la queue de la comète.

Il est partout des beautés en éclairs,
de la transcendance, des fleurs en boutons,
des musiques liquides, infinies vibrations,
notes évanescentes débordant les cratères.

Je rêve, je vois des dents qui sortent des mâchoires,
je sais que c’est la mort, mon psy l’a dit,
il a la clé des songes, il le sait, il en rit,
je le paye assez cher pour mendier sans savoir.

Il joue avec les mots tous les jours, c’est agaçant,
moi, c’est la mort qui me compte fleurette,
pas la peine de me tuer, tout seul dans ma chambrette,
il me rassure comme un enfant, il perdrait un client.

Je lui dis, qui suis-je, je ne sais pas,
mon écriture change, je vieillis, je suis ailleurs et autre,
sur le divan, je tremble, je sue, je me vautre,
je me débats, je crie, il est tout silence derrière moi.

Il faut dire mon goût pour les tristes paumés,
mes petits papiers, mes notes fugitives, quelques griffures,
cette conscience trop aiguë des choses si peu sûres,
les mots toujours au-delà des mots fatigués.

Ai-je besoin de lui ? A-t-il besoin de moi ?
La juste transaction argent contre air frais
me relie à lui seul comme une bouée,
je paye mes silences et alors moi, j’y crois.

© Claire Prendkis



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Couleurs Poésies 2
  • : Ce blog est dédié à la poésie actuelle, aux poètes connus ou inconnus et vivants.
  • Contact

  • jdor
  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...

Recherche