Au milieu des herbes folles,
Il a tant plu que nous baissions nos corolles
Pour couvrir, tellement ils étaient fragiles
Nos pétales, battus par le vent agile.
Lors même que nos vies ne tinrent qu’à un fil
Nous avons souvent été cueillis dans les champs
Pour mettre une teinte rouge aux bouquets que
Pour les mamans les petits enfants composent.
Une grand-mère racontait souvent cette histoire à sa petite fille, en changeant sa voix chaque fois qu’elle changeait de personnage. Donc, elle commençait ainsi :
- Escargot, escargot, est-ce que j’ai une tête d’escargot ? dit la petite bête en se hissant sur la patte du gros chat blanc qui dormait sur le carrelage frais.
- Hé ! Tu te prends pour l’actrice, tu sais, celle qui est dans le film ? répondit le chat en ouvrant un œil et en baillant. - Et que fais-tu là, tout gluant, à monter sur ma patte ? Tu m’empêches de m’étirer !
- Moi, gluant ? Et d’abord, qu’est-ce que ça veut dire gluant ? répartit la petite bête en sortant ses deux petites antennes, comme pour mieux se faire entendre !
- Ça veut dire que ma patte va être toute sale de ta bave, petit idiot !
- Alors pour toi, c’est ça être ami ? c’est traiter l’autre de gluant, de bave et d’idiot ? Et l’escargot commença à rentrer ses antennes puis son corps vers l’intérieur de sa coquille…
- Mais non, Mamie Olga, c’est quand il a peur, que l’escargot rentre ses petites antennes ! dit la petite fille mécontente à sa grand-mère. - Et puis c’est vrai, ce qu’il dit au chat ! Hein, c’est ça être ami, se dire de vilaines et méchantes choses ? Et c’est qui l’actrice dont il parle, le chat ?
- Eh bien, tu sais, parfois entre amis, on se dit des choses très dures. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne s’aime pas ! répondit mamie Olga.
- Ah c’est comme toi quand tu me grondes, alors ?
- C’est tout à fait ça, ma petite Alizée, dit la grand-mère en prenant sa petite fille sur ses genoux…
Il était une fois une petite fille. Elle s’appellait Autumn.
Elle serrait contre elle un lapineau qu’elle avait sauvé des phares d’une voiture.
Chaque nuit, Autumn apparaissait au bord des routes de campagne pour sauver les petits lapins…
- Et les gens ? dit l’enfant.
- Et les gens » ai-je répondu.
Vous n’y croyez pas ? Vous avez tort. Moi je l’ai vue, une nuit sur ma route, serrant contre elle un petit lapin.
Un jour, l’oiseau remarqua une fleur qui était toute seule. Comment était-il possible qu’une aussi jolie fleur parut si belle et si solitaire ?
Il s’approcha et voulut lui parler.
- Aïe ! Tu me piques avec ton bec ! dit la belle.
- Pardonnez-moi, belle demoiselle.
L’oiseau se recula en battant très vite des ailes.
- Je ne voulais pas vous faire de mal, mais mon bec est si long que je ne mesure pas toujours ce que je fais.
- Tu es pardonné, dit la fleur.
- Ah ! Si vous me pardonnez et que vous acceptez de me parler, peut-être me direz-vous pourquoi vous êtes là toute seule ? voulut savoir l’oiseau.
- Je vais te répondre mais d’abord toi. Dis-moi pourquoi ton bec est si long ? rétorqua –t-elle.
- Ah ça ! C’est pour cueillir délicatement la sève des fleurs… dit-il.
- Oh ! Alors, tu vas me prendre à moi aussi ma sève ? Elle eut un geste de peur.
- N’ayez pas peur. Je ne te ferai rien. Je me suis juste approché parce que je vous ai vue seule et triste. Vous répondez à ma question maintenant ?
La fleur sourit :
- Je suis seule parce que parfois, il faut rester un peu dans la solitude pour sentir vivre les choses autour de soi. Est-ce que tu comprends ?
Il répondit gravement :
- Je comprends…
Et il vint se poser délicatement à côté de la fleur…
Voilà. Un jour, je l’ai rencontrée. Et c’était bizarre la façon dont ça s’est passé. En fait je ne l’ai pas rencontrée. Je l’ai vue. C’est plus tard que la rencontre a eu lieu.
Donc je l’ai vue. Par la fenêtre. Sur la balançoire. Dans le jardin. Elle était là. Subitement. Avant elle n’y était pas. Et puis voilà qu’elle y était et que je l’ai vue. Se balançant. Vous croyez ça ? Une petite fille qui apparaît comme ça, ça peut faire peur. Je n’ai pas eu peur. J’ai été saisie. Saisie par son regard bleu. Saisie par ses cheveux raides comme de la paille. Un peu blonds, un peu bleus.
Saisie par son sourire, gentil mais plutôt énigmatique. Saisie par ses oreilles surtout !
Voilà. Je l’ai vue et j’ai vu ses oreilles. Mes yeux n’ont plus regardé que ça, ses oreilles. Pourquoi donc avait-elle des oreilles de chat ?
Elle ne disait rien. Elle me regardait juste avec un drôle de petit sourire en se balançant doucement. Je la voyais s’élever vers le ciel. Alors j’ai ouvert la fenêtre. Pour lui parler. Pour savoir ce qu’elle faisait là. Dans mon jardin. Le temps de me lever et de l’ouvrir, elle n’était plus sur la balançoire. J’ai senti une présence derrière moi. Elle était entrée chez moi ! Ce fut à ce moment exact que je l’ai vraiment rencontrée.
Elle s’était assise sur une chaise et me regardait, toujours avec ce drôle d’air.
- Tu es qui toi ? lui dis-je. Et comment tu es entrée chez moi ?
- À toi de me dire.
- Et pourquoi tu as des oreilles de chat ?
- Dis - le moi.
- Mais comment veux-tu que je sache ? Tu étais là dehors à te balancer, dans mon jardin en plus, et soudain tu es là dans ma maison. Je ne sais pas comment tu es entrée ni qui tu es. D’où tu viens, ni pourquoi tu as des oreilles comme ça !
Son rire tinta comme une volée de clochettes.
- Tu ne sais pas ? Je suis toi.
L’autre soir, alors que la nuit tombait, et que je pressais le pas pour
rentrer chez moi, une petite voix s’est élevée à côté de moi. En effet j’ai
vu qu’à ma droite se tenait une petite fille, tout de rouge vêtue. Voici la
conversation que j’eus avec elle.
Elle me dit :
- Tu ne voudrais pas venir avec moi chez ma mamie ? Car j’ai bien peur
du noir. Et l’on m’a raconté l’histoire d’une petite fille habillée en rouge
qui s’est fait manger par le loup ! Moi, j’ai peur du loup.
- Mais ce n’est qu’une histoire. Il n’y a pas de loup dans les villes, lui
répondis - je.
- Si si si, insista-t-elle. Ma maman me l’a dit. Elle m’a recommandé de
toujours me méfier dans les rues et de ne pas accepter de bonbons, ni de
suivre quelqu’un que je ne connais pas.
- Eh bien, dis-donc ! Tu n’obéis guère à ta mère en me parlant et en me
demandant de t’amener chez ta grand-mère. Je souris.
- D’abord on dit mamie, reprit-elle avec un air sérieux. - Et puis toi, tu
as une lumière qui brille sur ton front. Alors je sais que tu ne me feras
pas de mal
- Oh ! Je ne savais pas que j’avais une lumière sur le front, m’exclamais-
je en frottant machinalement mon front. La petite fille rit.
- C’est que toi tu ne la vois pas. Mais moi si, parce que j’ai de grands
yeux pour voir !
- Ah oui ! Et tu as aussi une bouche pour parler, répartis-je.
Elle sauta sur ses pieds.
- Si je ne t’avais pas parlé, dans le noir, tu ne m’aurais pas vue. Tu
marchais et t’étais pressée. Tu n’aurais pas fait attention à moi et en
plus tu ne saurais pas maintenant que tu as une lumière sur le front.
Je lui demandai alors :
- Cette lumière sur mon front, tu sais à quoi elle me sert ?
Elle éclata de rire :
- Alors tu ne sais vraiment pas ? Elle te sert à éclairer les autres. À les
guider dans le noir. C’est comme ça que je t’ai vue, moi ! Alors on va
chez ma mamie maintenant ?
Je l’ai prise par la main et je l’ai accompagnée à la maison de sa grand-
mère qui fut bien rassurée de la voir enfin arriver.
Je crois bien que j’ai rencontré ce soir-là le petit chaperon rouge. Il m’a
appris que la lumière était en moi.
Le petit chien blanc s’approcha, que dis-je, courut vers une paire de baskets qui traînaient abandonnées sur le parquet. Il renifla, tourna autour, renifla encore, s’étonna qu’il y eût des fleurs dedans. Il tira sur les lacets et entendit : - ouille ! Surpris, il tira à nouveau sur un des lacets et à nouveau surgit un - ouille ! Cette fois, il était sûr d’avoir bien entendu, et en plus, que cela venait des chaussures.
- Tiens, dit-il, des chaussures qui parlent !
- Ben oui, lui fut-il répondu. Tu parles bien toi !
- Oui mais moi, rétorqua le petit chien blanc, c’est parce que je suis intelligent.
« Ah ! Parce que tu crois que c’est pas être intelligent, pour des chaussures, de protéger les pieds des gens ? dirent-elles en chœur.
- Bon, bon, ne vous fâchez pas. C’est parce qu’on dit bête comme ses pieds, alors les chaussures... Et pourquoi - continua le petit chien blanc, vous avez des fleurs dedans ?
- C’est elle qui nous met du parfum pour sentir bon. Les pieds, ça transpire, tu sais, après avoir beaucoup marché. Et nous ne sentons pas bon.
Elles soupirèrent.
Le petit chien blanc à la curiosité insatiable, allait demander : - qui elle ? lorsqu’il entendit : - Bastien, ne traîne pas et mets tes baskets !
Et Bastien sortit de son doux rêve. - oui maman !
Histoire extraite de HISTORIETTES et CHANSONNETTES POUR L’ENFANT QUI EST PARTI…
- Coucou, dit le petit panda en se blottissant dans le creux du cou de Noémie. J’aimerais tant que tu m’emmènes à l’école avec toi !
- Mais ce n’est pas possible, répondit Noémie, en caressant doucement le pelage blanc du panda pour qu’il n’eût pas trop de peine.
- Et pourquoi ? demanda ce dernier en la regardant de ses grands yeux tristes et bordés de noir. Noémie fondait toujours de tendresse lorsqu’il faisait ces yeux-là.
- Ben, c’est que tu n’es pas comme tout le monde, dit-elle. Alors je ne peux pas t’amener à mon école. Tu n’arriverais pas à lire ni à écrire et tout le monde se moquerait de toi ! Et ça me ferait trop de chagrin et à toi aussi !
- Mais nous nous parlons bien, toi et moi, et nous nous comprenons !
- Ah, c’est parce que nous avons un langage secret tous les deux, et moi, même si tu ne parles pas la langue d’homme, je te comprends. Mais c’est un secret entre toi et moi !
- Oh, réfléchit le petit panda, et comment je m’appelle alors dans la langue d’homme ?
- Mais tu le sais bien ! Tu t’appelles Bastien !
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...