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25 mai 2020 1 25 /05 /mai /2020 04:19

 

 

 

Le pissenlit fleurit, têtu. Griffes au bitume, ses feuilles font jardin, fissurent la ville que ses racines fécondent.

Soleil vêtu d’oubli, au front de pierre, sa lumière est offrande. Il ne craint ni la main ni la dent, son vœu : être. Il sait que mourir c’est vivre encore.

Évangile sous nos pas, sa graine exaucée.

 

©Béatrice Pailler  

 

Extraits d’HERBIER

Revue Traversées n°92

Été 2019  

 

 

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30 avril 2020 4 30 /04 /avril /2020 06:32
Autoportrait avec Bonito

 

 

Tu es pilier d’indécence

Et ton corps-colonne

Tes pinceaux-lames le dissèquent.

Tu es de sincérité brisée

Et sur ta peau

Tes pinceaux-larmes banquètent.

Idole

Au chatoiement d’étoffes

À ton cou

Caracole le Mexique.

Tu es toile sonore.

 

Aux sillons de ton front

La nuit source noire, île sombre,

Dans la saignée de ton regard

Toujours la nuit,

Au nid de tes lèvres

La nuit nouvelle-née, son duvet d’ombre.

Et, se cachant aux lianes de ta chevelure,

Je vois la nuit volée au ciel nocturne.

Et à ton corps où rayonnent amulettes et tissus,

À ta peau où flambe la terre,

Je sais la nuit des douleurs inquiètes.

©Béatrice Pailler  

 

Béatrice Pailler /Recueil SACRE

Éditions Racine & Icare 2019

http://www.editions-racine-icare.weonea.com/

Carine Roucan : 10 rue Jean Lemarcis 76610 Le Havre

Prix public 13€

 

 

 

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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 06:22
Yan'Dargent (1824-1899) - Les Lavandières de la nuit, vers 1861 - Huile sur toile, 49 x 73 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © Musée des beaux-arts de Quimper

 

 

 

 

 

Des images

de joie pure

lignes glissant

de mon esprit.

 

Des images

alignées

sur le drap du matin

lignes en larme

tombant de mes yeux.

 

Des images,

qui se voulaient printemps,

devenues visages

traits lissés

dans le blanc

des souffles.

 

Des visages

qui de linge

en linceul

partent à l'infini.

 

Les mains

se ferment

aux draps du soir.

 

Le ciel disparaît

la nuit mange

nos traces.

 

Les images

s’ombrent

voilant

la fenêtre

à vue ouverte

exsangue sur le monde

où des masques font visages.

 

Paroles éteintes

buvards blancs

au refuge des paupières

les mots

au refuge des regards

l’homme.

 

Repliées

dépliées

naissent

des pensées

vierges :

humanité

de l’instant.

 

Fuir le sombre

l’aveuglement

de l’esprit

la tentation

du chaos

accueillir la peur

surpasser son venin.

 

Regards éclos

voir le geste

voir le don

l’humaine délivrance.

 

Voir l’homme pour croire encore

et que tombent les masques.

 

Aux draps de demain : la vie.   

 

©Béatrice Pailler  

 26 mars 2020

 

 

 

 

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10 mars 2020 2 10 /03 /mars /2020 07:29

 

Note de lecture écrite par Françoise Varenne (poète et "performeuse") pour mon recueil ALBEDO. Françoise a créé une association Le Bruissement pour promouvoir la lecture de texte et la transmission orale.

Des ténèbres de la mine aux sculptures mystiques de la cathédrale de Reims, la langue riche et imagée de Béatrice Pailler suit deux routes, l'une en prose, l'autre en vers libres, tantôt récit poétique, tantôt poésie de la vie.

 

On reconnaît à chaque page du recueil ce qui constitue le force de  l'écriture de Béatrice  Pailler : la musicalité, la mélodie, le rythme : «  Il respirait ainsi sa terre, aux boues en flaques battues, talochée de la claque des galoches », le souci de trouver le mot exact, juste dans son sens premier : « dans l'ombre initiée, au respir du soir, là, sur la moire des pierres, le clair des colonnes jubile et les saintes extatiques exultent »., l'importance de la couleur et des images : « Veine noire / ombre/ au puits de l'œil » « soleil infini / véhémence de l'or / du blanc / Soleil primat/ brûlé / incessant ».

 

ALBEDO chant nostalgique et vrai mais sans amertume et plein de foi en la force de l'humain est un trajet entre le Nord et la Champagne, entre la jeunesse et l'âge mûr, entre la pierre noire et la pierre blanche, entre le souterrain et le ciel.

 

Françoise Varenne

 

 

Croisée des chemins,

Croix en calvaire

Absente au socle de pierre,

À peine dressée

Ne reste qu’une ombre.

Dans l’usure du temps

Pliée

Avalée

Aux trames de verdure

Elle gît.

 

(Extrait de Gaillette)

 

 

 

Montée trouble de la nuit

Là, dans les bas-fonds du lointain,

Une pèche plate d’or éclaté.

La pierre prend vie,

Et l’ombre s’éprend de ses foules.

Montée trouble de la nuit

Sur la pierre, comme un fard

Un vernis d’écarlate se répand.

 

(Extrait d’Asile)

 

 

ALBEDO - Béatrice Pailler, poèmes en proses et vers libres collection Encres Blanches aux éditions Encres Vives (Commande chez Michel Cosem : 2 Allée des Allobroges, 31770 Colomiers. Prix public 6,10 €   https://encresvives.wixsite.com/michelcosem  )

 

Françoise Varenne est passionnée par l'oralité sous toutes ses formes, elle oscille entre conte, poésie et théâtre comme lectrice et comédienne, en dilettante bien sûr. Son goût du partage la mène en France et en Belgique à participer à de nombreux festivals. Au sein de son association "Le Bruissement" Françoise Varenne œuvre pour la transmission des textes à travers la performance; elle crée du lien s'adressant à tous les publics.

 

©Béatrice Pailler  

 

 

 

 

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16 février 2020 7 16 /02 /février /2020 07:33
Photo J.Dornac©

 

 

 

Il était nu, le voici

Jaune, l’eau du soleil qui égratigne la verdeur :

Éclats aux tains des rivières.

Verte, l’eau des feuillages

Et, jaillissante de l’ombre,

Elle plonge au puits de l’onde.

 

L’eau pâle des averses niche dans le vent

Où l’opale des souvenirs verse dans la pluie.

 

 

De blanc et de gris, la lumière en brindille raye les pierres. Sur les flaques survit un tain d’ombre pareille à la nuit où des grains flavescents s’estompent tel le souvenir d’averses et de soleils épousés.

Sur le printemps aux clartés mouillées, éclatent le jaune et le vert.   

 

©Béatrice Pailler  

 

Revue Traversées n°89

Automne 2018  

 

 

 

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23 janvier 2020 4 23 /01 /janvier /2020 07:25
Gisants, abbaye de Beauport, Paimpol - Photo J.Dornac©

 

 

 

 

 

Il était nu, le voici vert.

 

Le printemps sur la pierre  tranche son manteau. Vent et pluie

l’essaiment. La lumière fait racines et la pierre germe. L’ivraie

vient et solitaire elle croît. Manteau, elle épouse l’injure.

 

Il était sable, le voici herbe.

 

 

Jongle vert,

Passe au ciel,

Le vent est aux feuilles.

La lumière s’égaie, folle.

 

Le jardin, corps lassé

Au  printemps boit le temps.

 

L’humide transpire.

Un goût de miel est sur l’air.

Le soleil mûrit.   

 

©Béatrice Pailler  

 

Revue Traversées n°89

Automne 2018  

 

 

 

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2 janvier 2020 4 02 /01 /janvier /2020 07:26
www.ehow.com

 

 

 

 

Au jardin du ciel,

Il est une terre lancée à la face des nuages.

Une terre qui rend grâce

À la neige de la couvrir,

Au vent de la bénir.

Une terre de pâtures : toiles en escarpe peintes d’herbe. 

Une terre rendue grasse

Par la pluie qui l’a nourrie,

Par le soleil qui l’a fleurie.

Une terre de vie

Qui pousse dans l’odeur des sèves jeunes.

Une terre de vie

Comme un drap étendu où le printemps se coule.

Au jardin du ciel, l’estive attrape les nuages.

 

 

Une fraîcheur, tel un voile, s’est posée sur le gel.

Il a cédé.

Puis une goutte est venue forte comme un premier sang.

Il a cédé.

Vent brisé,

Soleil allant,

Sèves montantes

L’ont comblé.

Le printemps s’est posé sur le gel.

Il a cédé. 

Il a cédé, comme cède la peau sous l’épine du roncier.   

 

©Béatrice Pailler

 

Revue Traversées n°89

Automne 2018  

 

 

 

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10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 07:55
pxhere.com/fr

 

 

 

 

Le soleil mord le ciel

D’un sursaut pourpre.

Le  jour s’aplatit.

La lumière s’effiloche.

 

Au fil de la fenêtre,

Un reflet attend ;

Reflet du soir

Au fil du visage.

Une aile  tremble,

Au chevet des lampes.

Au chevet du visage

Le soir s’est posé.

 

Le carreau s’amincit.

Visage mordu,

Sur la saignée du soir

La lumière  

Se signe d’un trait pourpre.

 

              * * *

 

À son heure la porte s’ouvre,

Sur la table des saisons une aube de lampes.

Dans l’évier tombe un rire.

L’eau éclate le grès,

Entame un silence,

Comme l’on débute un chant.

Teint du suint des ans,

Le jour abattu ceint la toile.

 

Sur la table des saisons, le pain du soir.   

 

©Béatrice Pailler

 

Revue Traversées N°88

https://revue-traversees.com/les-auteurs-de-traversees-2/  

 

 

 

 

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28 octobre 2019 1 28 /10 /octobre /2019 07:20

 

 

 

 

Il broussine, une étamine d’eau colle au jour et Maurice tôt levé s’en va vers son bonheur. Le vent l’accompagne, un brin soufflant, pas bien méchant, mais quand même les feuilles tombent, glissant aux sentes molles. Lui ne glisse pas, il a bon pied Maurice et son brodequin graissé bouscule sans mal l’automne à ses pieds.

 

Le sous-bois halète, de-ci de-là, un pelage en glacis d’eau couvre le sol, de rouge, de jaune, de brun sanguin. Sur les souches, la langue des mousses verdoient, repues. Non loin, les sources papotent. Maurice s’étonne, comme à chaque fois qu’il vient il s’étonne, émerveillé par tout ce beau qui l’entoure.

 

Sous la coulure du matin, il plisse les yeux, cherchant à l’oreille les sources qui s’égaient. Pour ces gamines, il a façonné une fête foraine de fontaines et de bassins. Une roue les enlève,  un tuyau les propulse et, troussées, elles versent mousseuses. Les enfants c’est pas simple et encore moins les filles et pour Maurice rien ne vaut l’œil d’une mère. Alors, à proximité, sur une rocaille, il en a placé une, une petite pour veiller ; une toute petite vêtue d’eau blanche et bleue.

 

Ce matin,  c’est grand fête.

De partout, les bassins débondent.

Les mares s’emplissent.

Les flaques grossissent.

Ça pisse, ça rote.

La goulotte rigole : la voix des sources.

Et N.D, naufragée dans sa grotte,  clapote au bain de l’automne.

 

©Béatrice Pailler

 

 Lieu-dit les Pisserottes commune de Corfélix / Marne

 

 

 

 

 

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14 septembre 2019 6 14 /09 /septembre /2019 06:20
Photo Maxime Daviron

 

 

 

 

Aux marges vertes

Le ciel  coagule.

La lumière séparée

Quitte le jour.

Les herbes

Dansent lent,

Courbent la nuque

Au menuet du silence.

Et sur le mur,

Sa nudité,

La lumière

Couleuvre glissant

Et dans son ombre,

Pierres portées,

Le jour nu.

 

Dans l’effacement

Le soir se confond

À l’orvet caché

Dans la poussière des mortiers.

L’un et l’autre lovés,

Doigts laiteux du faux-semblant

Ni jour ni nuit encore moins serpent.

 

Écaille brisée, le soir tremble

D’un noir coulant

Tendre encore.

 

Soir : jour tombant de mes yeux.

 

©Béatrice Pailler

 

Revue Traversées N°88

https://revue-traversees.com/les-auteurs-de-traversees-2/  

 

 

 

 

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