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4 avril 2021 7 04 /04 /avril /2021 06:35
Photo Jdornac©


 

 

L’œil se ferme, l’esprit s’ouvre. Je suis ici, mais je pars ailleurs, vers l’estuaire empierré où l’Aven se frotte à la mer, vers un dénuement de roches et de terre.
Gris sel, le flot, drossé sur les écueils, fragmente la lumière. Des feux opalins sertissent la grève où les algues tiédissent.
L’esprit se ferme, l’œil s’ouvre. Revenu du voyage natif, je suis ici, sur mon île idolâtre, rêveur d’harmonie dans l’insolence de ses couleurs.
Et la lumière, écrasée en badigeon de soie sur la pulpe des peaux, bue par le pinceau sur le bois souple des corps, brûle la toile.


Est-il possible de tenter, loin des appétits du commun, l’existence subtile, l’idylle absolue de la couleur et de la lumière ?
Est-il possible de fuir l’indigne, de renaître par le sauvage et d’oser l’extase dans l’harmonie des origines ?
Là-bas, dans l’effervescence du réel, ce grand corps innervé de lumière, la couleur éclate, vive, édénique. Parmi fleurs et fruits, au berceau de nature, niche la nudité première : le nu somptueux, monolithique, des déités.

©Béatrice Pailler

Recueil SACRE Éditions Racine & Icare 2019
http://www.editions-racine-icare.weonea.com/ Carine Roucan : 10 rue Jean Lemarcis 76610 Le Havre
 
 
 
 
 

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28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 07:25

œuvre de Caspar David Friedrich « Moine au bord de la mer »

 

Tesselles-galets,
Toits,
À ciel ouvert ;
Le ciel,
Ciel-eau,
Profond,
Très haut,
Sur l’horizon
Corps-d’eau.
Tesselles-pavés,
Carreaux,
Mer-à-ciel
De blancs,
De bleus,
De blancs encore,
De gris,
De blancs.

 

Une ligne infinie
Et, comme un nerf, voici l’absence nouée au présent d’une ligne-genèse où l’horizon endigue, démêle la terre, du ciel, de l’eau.
Le proche s’avance, le lointain s’efface, séparés mais unis dans la lumière où figures et couleurs sont, telles des pierres, unies mais séparées au mur d’infini

 

©Béatrice Pailler
Recueil SACRE
Éditions Racine & Icare 2019
http://www.editions-racine-icare.weonea.com/
Carine Roucan : 10 rue Jean Lemarcis 76610 Le Havre
Prix public 13€.

 
 

 

 

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 07:32
photo blogs mediapart - nuit de cristal

 


Nocturnes flambant de lueurs factices ; ce sont des hommes flambeaux qui roulent dans la nuit leurs chevelures d’incendie.
Nocturnes chancelant aux fardeaux des brasiers ; ce sont des synagogues en torche qui violentent l’esprit au bûcher de la nuit.


Au récit de la nuit, toujours la vie où désespérer c’est croire encore - pour au peuple des anges se mêler, c’est pleurer - pour toujours rire aux bras fiancés.
Et, dans la nuit vacillante aux lueurs des cierges, dans cette nuit où tu voles au-dessus des toits, tu donnes au malheur la couleur de ton sourire, à la mort, dans la lumière, un tour de piste, au bourreau le trille de ton violon.
Et quand il te faut partir, redevenir vagabond, tu puises au voyage inconnu le décor de ta vie.

 

©Béatrice Pailler 
Recueil SACRE
Éditions Racine & Icare 2019
http://www.editions-racine-icare.weonea.com/
Carine Roucan : 10 rue Jean Lemarcis 76610 Le Havre
Prix public 13€

 

 


 
 

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 07:34

 

 

Décembre brame impatient. Dans ses bois un bouquet vert, d’aiguilles et de braises, brûle la saison. De bleu et de gris son regard pers lisse le ciel. Vêtu des forêts de l’hiver, il avance vers le terme. Sa main gauche porte le gui, sa main droite le houx. Sa ceinture pèse de l’or d’une serpe. Il avance et chaque pas, chaque enjambée, lui ôte son poids d’homme, le poids du temps.

Décembre adolescent marche vers l’enfance de son histoire, à ses lèvres demain balbutie.

 

©Béatrice Pailler 

 

 

 

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8 novembre 2020 7 08 /11 /novembre /2020 07:31
Photo : www.connaissancedesarts.com
 
À Gérard Rondeau, i m
 
 
 
Traîne labile, noire de nuées, le couchant éclaire la pierre aux tendresses mystiques.
 
Sous le pâle serti, les seins de pierre rosissent et dans la nuit des vitraux tombe la lumière, hostie coupée aux lèvres de verre.
 
©Béatrice Pailler 
 
Revue Les Amis de l’Ardenne : hommage à Gérard Rondeau
N° 57 Septembre 2017
 
 
 
 
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5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 06:22
 
 
 
 
 
Gouttes au zinc de ma nuit,
S’honore le temps : ses mots.
Devant l’huis fermé, l’horloge fait écho.
Derrière la porte, la mesure des mots.
 
Dans l’absence dévêtue
L’invité franchit le seuil.
 
©Béatrice Pailler 
 
Revue Décharge le site
 
 
 
 
 
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7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 06:34
Photo lesvadrouilleurs.net

 

 

 

 

Au mur des ronces drues,

La nuit cesse de parfaire la pierre.

Opaque est le temps qui l’occupe.

L’aube chahute.

La neige en éteule résorbe les angles,

Telles les feuilles en chevet

Aux tombés des brumes,

Ou la chaleur étendue

Crue sur l’azur.

 

Comme tous les mots donnés au silence :

Mots des nuits de neige,

Des larmiers de l’automne ;

Mots du soleil radiant

Et du printemps vierge.

 

L’aube s’égoutte,

La frange des hêtres essuie la nuit.

 

Sur la page

Le silence me dépose.

Sur la page

Le poème résorbe mes angles.

 

©Béatrice Pailler 

 

Revue en ligne  LICHEN : N° 29 septembre 2018

http://lichen-poesie.blogspot.com/p/beatrice-pailler.html  

 

 

 

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7 août 2020 5 07 /08 /août /2020 06:45

 

 

 

 

 

Telle la lumière plissée

D’un œil qui se garde,

La craie du jour glisse

Des moucharabiés de verdures.

Au socle du soir,

Une brume calcaire,

Sonnant doux,

Cueille à petit glas

Le rêve.

Sous la paupière

Le mur se délite,

Lamelles sur l’œil mouché.

 

La fenêtre semble nue,

Cernée d’une ecchymose.

Visage du soir,

Visage de verre,

Le carreau respire

Métissé d’incertitude.

L’œil

Dans le temps

Cale la fenêtre

Et dans l’embrasure,

Ne cherche plus mais accepte.

 

Visage calqué sur le soir,

La vitre a disparu.

Et dans l’œil en suspend

Le mur n’attend plus son rêve ;

Il l’est devenu,

Tout à la fois marbre et sciure.

 

©Béatrice Pailler 

 

 Revue Traversées N°88

https://revue-traversees.com/les-auteurs-de-traversees-2/

 

 

 

 

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12 juillet 2020 7 12 /07 /juillet /2020 06:25
Auguste Renoir, Femme à la lettre - Paris, musée de l'Orangerie

 

 

 

…Blondeur tiède du levant sur les chaumes,

Luminosités de terre et d’eau : translucides,

Émerillonnés, l’ocre et le rouille flambent…

Avec le jour la vie afflue. Des clartés de jaune léger nuancent les toits. Du figé des vitres, des reflets en pluie tombent sur le blanc des coiffes. Au dénuement du matin, dans sa genèse, l’homme à la fenêtre ferme les yeux. Le temps passe, une voix vient.

- Maître, j’ai gâté le pigment, il a tourné, je n’ai pas su.

L’homme, ses yeux clos sur la lumière, murmure.

- D’elle seule tu apprendras.

…Un soleil lent dore les toits…paille et blé, foin coupé…

 

Miroir, l’eau du canal.

Miroir, l’eau du ciel.

Au pli de l’œil, l’encre des mots,

Gris ciel au canal des eaux.

Reflets d’encre au miroir d’une lettre,

Reflets d’encre au ciel des fenêtres,

Au lit des lettres, l’encre des eaux.

Elle est debout à sa fenêtre.

Elle est debout près du miroir

Et, près du miroir, tient une lettre.

Une lettre lue au pas de la fenêtre

Une lettre au pas de sa mémoire.

 

 

Béatrice Pailler /Recueil SACRE

Éditions Racine & Icare 2019

http://www.editions-racine-icare.weonea.com/

Carine Roucan : 10 rue Jean Lemarcis 76610 Le Havre

Prix public 13€

 

©Béatrice Pailler 

 

 

 

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14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 06:19
Tableau de Gerardo Dottori : Aurora volando

 

 

 

 

Mèches collées au front du jour

Le soir, brisé d’eau,

Se lève du couvert des brumes,

Se sèche au jour des pierres.

 

Racines tendues sur l’espace,

Herbes montées en solitude,

Il épaule le mur,

Soutient son effacement.

 

Aux saisons de maraude,

Se glane le temps ;

Son image,

Nocturne d’odeurs,

Sertie dans le repli d’un pétale,

Sertie dans le pli du jour :

Lisière sur le mur.

 

Et sur la frange du soir brûle un silence,

Tel un ciel de neige.

Un vide s’installe,

Frais,

Derrière la grille du regard.

 

©Béatrice Pailler  

 Revue Traversées N°88

https://revue-traversees.com/les-auteurs-de-traversees-2/

 

 

 

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