Désirée, désirante, inconnue, reconnue,
femme-salamandre qui attise, défie, obsède
émerveille.
Imaginée, respirée, envisagée, dévisagée,
déesse-mère, première femme, n’étant pas née
d’une côte, comme celle qui m’a succédée.
Je ne dois rien à Adam.
©Nicole Hardouin
Extrait du recueil « Lilith, l’amour d’une maudite » aux éditions L.G.R Paris
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Je sens que je vais trop t’aimer
De tout mon corps de tout mon coeur
Je sens que je vais trop t’aimer
Alors vois-tu ça me fait peur
Avant que se croisent nos regards
Me voici prise à ton sourire
Aussitôt je songe au départ
Tant je crains que tout chavire
Maintenant tu me regardes
Moi la guerrière désarmée
Je n’étais plus sur mes gardes
Pas de doute je suis en danger !
Sans même hésiter tu t’avances
Comme si tu étais sûr de moi
On pense déjà que j’ai ma chance
En fait je me méfie de toi
Bel animal aux dents pointues
Qui sait si bien montrer patte blanche
Pourtant je dois être mordue
Pour onduler ainsi des hanches !
Il est trop tard pour m’échapper
Ma main vient d’effleurer ta peau
Et tes lèvres se sont mises à remuer
Entre nous s’installent des mots
Qui semblent faits juste pour nous
Zut ! Ma vie vient de basculer !
Soudain l’air me paraît plus doux
C’est le printemps en plein hiver
Te revoilà donc amour fou !
Que viens-tu faire en mon désert ?
Comme un papillon affolé
Qui se serait brûlé les ailes,
Tu voudrais pouvoir t’envoler
Avant que je ne sois cruelle
Tu sens que je vais trop t’aimer
De tout mon corps de tout mon coeur
Tu sens que je vais trop t’aimer
Alors bien sûr ça te fait peur
©Kathleen HYDEN-DAVID
Extrait de « A cœur ouvert » Éditions France Libris 2019
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A... ou... B... ?
A présent, choisissez A ou B selon la fin que vous préférez !...
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Cette appartenance même à la collection « Terre humaine » de Malaurie devait bientôt faire bondir maints contradicteurs, dont le plus virulent, Xavier Grall, étalera ses reproches au long d’un « droit de réponse » qu’il s’arrogera sous le titre « le Cheval couché » : « la civilisation bretonne est-elle réellement morte au point qu’on dût lui ériger ce monumental tombeau ? » (Le cheval couché, p. 45).
Mais revenons au premier ouvrage et à son auteur Pierre Jakez Helias. Le succès de son « Cheval d’orgueil » se concrétisera par des millions d’exemplaires vendus et près de vingt traductions de par le monde. Tardivement, la presse escortera ce qui s’impose dès lors comme une évidence éclatante au départ d’un récit autobiographique et ethnologique : c’est que la langue en est imagée et savoureuse et sent bon la communion avec la terre et, Bretagne oblige, la mer. Et c’est vrai que ses histoires ont un charme fou !
Un certain art de vivre surgit en outre de ces pages dont l’auteur dira, bien plus tard : « je trouve que la société dans laquelle j’ai vécu avait atteint un degré de civilisation considérable ». En même temps, le trop heureux élu de ces choix populaires écrira : « Je ne suis fier de rien. Mon plaisir c’est d’écrire, de mettre au point quelque chose que je sens en moi. Je le fais de mon mieux. Je me fais plaisir avant tout. Je suis un égoïste ». Il conclura encore, plusieurs années plus tard, la suite de son autobiographie sous le titre « le Quêteur de mémoire » (1990), par cette affirmation : « Je me sens parfaitement bilingue et biculturé, doublement acclimaté ». Il rejoint en somme son grand devancier qu’est Anatole Le Braz (1859-1926) qui lutta pour des cours publics de breton et présida l’Union régionaliste bretonne, et qui temporisait ses élans en concédant : « Le Breton que je suis doit trop à la France ». Il anticipe en somme un courant d’idées plus récent, comme celui d’Amin Maalouf, qu’il eût sans doute adoré quand il affirme : « je n’ai pas plusieurs identités, je n’en ai qu’une, faite de tous les éléments qui l’ont façonnée, selon un « dosage particulier qui n’est jamais le même d’une personne à l’autre ».
©Pierre Guérande
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Rome Deguergue : « La part des femmes suivi de & Ros(e) Noir(e) - roman –
Editions l’Harmattan – AGA – Février 2021 – format 14x21 – nombre de pages 417.
Impressions de lecture :
Ce nouveau roman « La part des femmes suivi de Ros(e) Noir(e) » de Rome Deguergue est introduit par un clin d’œil à l’éminent poète Henri Meschonnic dont la porte s’entrouvre sur une salle de soins dans une clinique en effervescence.
L’écriture de Rome Deguergue est très personnalisée, elle se révèle être une sorte de rupture avec l’esprit conventionnel. C’est une plume qui possède son rythme, sa cadence, ses codes d’expression, sa réalité fragmentée.
Mais la question demeure en suspend où commence la littérature où s’achève-t-elle toutes les hypothèses sont permises. Symboliquement Rome Deguergue voit dans l’acte d’écriture comme un rythme pour marcher et évoluer plus vite sur le mode féminin ou masculin. Nous croisons de nombreuses références et citations de grands auteurs, comme Rilke, Goethe, Foucault etc.
Malgré nous, nous sommes transportés dans des espaces insolites aux rêves, aux témoignages de femmes, un univers érigé sur un champ de souffrance et d’absolue désorientation. C’est le constat pertinent d’une société en délitement minée à cœur, par la pantomime sociétale et de la bouffonnerie politique.
Rome Deguergue n’a pas assez de mots en ses trois langues pour tout nous révéler. Elle voudrait faire de son lecteur un compagnon de route, un témoin conscient et responsable d’un système qui a priori lui échappe. Reconstruire tel est le grand défi. Tous les ingrédients de notre société sont rassemblés dans les degrés de cette écriture déroutante qui aborde le monde de face au féminin comme au masculin.
Il faut lutter et se protéger de la déferlante médiatique, du vampirisme des réseaux dits sociaux, véritables chancres sous-jacents, qui infantilisent la société avec pour seul débouché, celui de d’une pensée unique aliénante.
Ici le fil de la vie se déroule sous toutes ses nuances, regardant vers le passé afin de mieux se projeter vers le futur. Mais quel futur je vous le demande ? Celui d’un monde virtuel où l’amour se déclinera dans un univers programmé, robotisé, où l’humanité agonisera sur ses déchets, ses détritus, ses fragments d’ignorance et de vanités suicidaires ? Un monde lézardé de toute part !
Cet ouvrage intriguant de Rome Deguergue est ponctué de chapitres courts et édifiants sur la palette protéiforme d’un univers contemporain déviant, voué à son déclin comme toutes les autres formes de civilisations.
La plume de notre poétesse-romancière se présente à nous parfois sous un aspect hermétique, obscure, mais toujours vive, chargée d’énergie spontanée et d’une clairvoyance pertinente.
Rome Deguergue nous fait évoluer sur un plan géopoétique ou géopolitique où il est sage d’avancer à pas comptés et avec précautions. Notre auteure nous brosse un remarquable portrait de nos contemporains, chez elle tout est observance et porte son regard en symbiose sur les femmes victimes de tyrans, de cruautés, femmes brisées dont les lois font des coupables, femmes sous tutelle emprisonnées dans leurs propres cellules familiales et soumises à un système juridique qui prétend les protéger pour ne faire que son contraire.
La parole de Rome Deguergue libère les femmes sous pressions, incarcérées dans la cage des traditions entretenues par les mâles dominants, crétinisés, endoctrinés et machistes.
Nous croisons au fil de notre lecture, des pages codées, algébriques, sorte d’écriture à quatre mains. Ecriture aux senteurs des terres du Nord et aux parfums d’outre-rhin, avec un petit détour inspirateur sur les pentes du Vésuve qui vit passer bon nombre de peintres et d’ écrivains, Hölderlin, Hugo, Dumas etc.
Nous sommes ici au cœur d’une écriture qui nous transporte de l’histoire du début du siècle jusqu’à notre monde connecté, formaté et cloné sur son smartphone ou tablette. Mais qu’est devenue l’odeur du livre ?
Face à un phénomène de société d’une civilisation de masse connectée sur une pensée globale soumise aux hystéries de minorités identitaires éternellement frustrées au féminin comme au masculin, face tout simplement à la vie et à l’humain : « Humain trop humain.../... » cet ouvrage de belle tenue littéraire et de haute sensibilité, exige votre attention et compréhension, sinon il ne vous reste qu’à passer votre chemin.
C’est une bien singulière promenade d’une intrigante narration où se pratique la libération au quotidien et qui ne manque pas au passage d’égratigner l’hypocrisie et les vieux tabous. Même la sexualité s’engage sur les chemins de la liberté partagée.
L’écriture se fragmente, impose sa cadence, déroule ses visions de la vie, offre ses pensées rompues et brisées.
Question ? L’amour est-il salvateur ? Réponse : où se trouve l’énergie pour évoquer l’indicible, pour affirmer la vérité, pour ne plus subir l’humiliation, l’injure.
« Derrière l’art sa cache la femme ou est-ce l’inverse ? »
Quant à la poésie trouve-t-elle sa place au cœur du temps qui passe ?
Témoignage d’une histoire générationnelle au féminin.
Ici je refermerai le livre afin que d’autres lecteurs puissent mieux l’ouvrir et l’interpréter, en laissant la conclusion non pas à un poète mais à un peintre qui lui aussi a bousculé les conventions, pionnier de l’abstraction et auteur d’un livre qui révolutionna l’esthétique : « Du spirituel dans l’art. », Kandinsky qui imaginait une nouvelle spiritualité au travers d’un art qui ne connaitrait : « ni peuple, ni frontière, mais la seule humanité. »
Et c’est bien ici qu’aimerait vous guider Rome Deguergue dans « La part des femmes... »
Michel Bénard.
les mains enfoncées jusqu’aux coudes dans le vert
je sens les organes de mon corps aéré
des arbres ancestraux tremblent dans ses artères
voilà un nid, là-haut, près du cœur
et un autre plus bas, entres mes vertèbres.
un sérum tout vert, telle l’herbe, coule en moi
c’est avec lui que les oiseaux nourriront mon vol.
les mains jusqu’aux coudes dans mon océan intérieur
je sens les organes de mon cœur noyé
dans un liquide amniotique oublié,
je sens le goût doux-salé de la tristesse sur mes lèvres
le ciel sent l’herbe
son regard reste sur ma peau tel un signe,
telle la mémoire d’une feuille.
© Elina Adam
recueil en préparation « La blessure de l'amphore »
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Des parfums d’humus et de lichens,
D’odeurs de branches finissantes
Et de feuilles froissées,
La forêt accompagne tes pas
Quand tu vas
Dans le vertige de l’air
Avec la mort familière
Pendue à ton épaule.
Alors tu n’entends plus ma main.
La lumière glisse
A l’ombre des fougères,
Et sous les chênes
Où murmurent les fées.
Mais nul n’osera t’enfermer
Dans ces envoûtements
Ni la mandragore
Ni la salamandre d’or,
Quant dut tressailles
Tout entier oublieux du monde
Pour un éclair d’acier,
Pour un frémissement
D’aile qui s’abat
Dans le linceul de l’aube.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.
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4 mars
S’interroger à neuf, douter, remettre en cause,
Sont les trois marchepieds du piéton des hauteurs.
Il grimpe sur la crête et s’accorde une pause
Aux replats, révélés du sentier des guetteurs.
5 mars
Guetteur par tous les temps, option à part entière,
Quel champ de découverte offert en continu !
Qui s’engage à franchir l’invisible frontière
De l’avant à l’après n’est jamais revenu.
6 mars
Panorama d’avant, perspective d’hier,
Et pays sans confins promis outre-limite
Sont comme un éventail mi-clos ou grand ouverts,
L’un pulsant simple histoire, et l’autre vaste mythe.
7 mars
Une histoire jaillit du fond de l’encrier,
Ruisseau de mots pressés remontant à la source.
L’eau sourd à la lisière, auprès d’un coudrier,
Et de goutte en filet se précise sa course.
A suivre…
© Luce Péclard
Extrait du recueil de Luce Péclard, « LE GUÉ DES JOURS » aux éditions du Madrier
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