Si je suis en deuil permanent
Des êtres perdus ou à perdre,
La souffrance est calcinée
Jusqu’à sont point central,
Sans résidu ni scorie,
Une fois pour toutes.
Il demeure un état
De réceptivité intense.
Chaque visage est contemplé
Comme une dernière fois.
Je le décalque pour toujours
Sur le feuil de ma mémoire.
Raconte moi la Mouette
Tes voyages incessants
Les tempêtes angoissantes
Les soleils éblouissants
Raconte moi la Mouette
Abandonnées par l’Océan
Les grèves immenses
Les goémons odorants
Raconte moi la Mouette
Tes vols majestueux
Les plongeons vertigineux
Les vagues incessantes
Raconte moi la Mouette
L’inquiétude, la grandeur
Le labeur éreintant des Hommes
Leurs regards implorants, noyés,
Raconte moi la Mouette
Vite,
Car engluée, alourdie de noirceur
Tu vas mourir
– Collection Le Chant du Cygne - éditions du Cygne - 2023 - Nombre de pages 88 – format 13x20 –
D’amblée ce nouvel ouvrage de la poète et musicienne Carolyne Cannella – Arabesques purpurines – nous transporte dans une note de beauté porteuse des couleurs du temps, symbole d’éternité aux nuances pourpres de la vie. Semblable à son inspiratrice, l’écriture est libre, indépendante, porteuse d’images en transparence et hors du temps. Tout est de subtile sensibilité, tendue comme la corde d’une guitare, c’est aussi un jaillissement de délicieuses métaphores. Au travers de son jeu littéraire, notre poétesse tente de rejoindre l’homme égaré et mélancolique perdu sur la plage déserte et qui n’attend qu’un souffle. L’ambiance dévoile un univers insolite désireux de réembellir le monde des hommes, par une poésie délicate, énigmatique nous transportant dans un espace aux nuances transparentes. Carolyne Cannella est à la recherche de l’intime beauté et de la fluide lumière. Nous avançons pas à pas dans un environnement spirituel, sorte d’errance mystique informelle porteuse de ce fort besoin de retrouver de vraies valeurs, une voie nouvelle, de donner sens à l’existence. Nous nous retrouvons au cœur d’un monde d’entre deux, sorte d’univers flottant semblable à celui que nous côtoyons dans les paysages d’Extrême Orient. Voici bien une poésie aux images foisonnantes, patchwork symbolique, mystérieux et irréel. Cette œuvre est aussi un cri silencieux, une blessure cachée, que seul peut cautériser le voyage intérieur qui conduira jusqu’au seuil de la porte de la renaissance. Carolyne Cannella, fait de sa poésie une mélodie, un songe qui tend vers une nouvelle reconstruction, un nouvel accostage, car nous ne pouvons pas danser seul éternellement. Alors la poésie reprend ses droits. Au gré de mes lectures, je me surprends à cueillir quelques fleurs rimbaldiennes, brocardées de notes romantiques. Les images ici se font réminiscence, un voile de souvenirs plane au-dessus des textes, fruits mémoriels de clichés ne pouvant pas ou ne voulant pas s’effacer. Par l’esprit synthétique des poèmes, nous sommes proche de l’esprit aux effets haïku . Notre amie parfois a besoin de recul, de retour sur elle-même, accepter le silence intérieur pour mieux se retrouver face à soi-même dans l’aura de l’amour. C’est aussi une possibilité de pénétrer dans l’univers, de percevoir la vie dans le miroir. L’auteure se risque à quelques approches extrême-orientales, soulignant la pureté, l’essentiel, l’intemporalité et le vide du Tao : « Au début était le vide habité d’une infinitude de possibles dont nous faisions partie. » Le verbe nous conduit à l’essentiel, se dépouille afin de mieux trouver les sources de la beauté, la ligne mélodique à l’instar d’une partition se veut pure. Phénomène atavique sans doute, notre poète étant professeure de musique. Il arrive d’être dérouté du sens, il y a rupture volontaire avec la signification même du poème, qu’il faut recomposer comme un puzzle. Carolyne Cannella ne dit-elle pas : L’essentiel n’est pas dans les mots, mais dans cet espace par eux créé . » Ainsi l’auteure parvient à extraire en quatre vers une forte densité significative, sorte de contre-point : « J’ai croisé la beauté dans le regard du gueux / intense et clair / dont la lumière m’enseigne et me renvoie / à ma propre lumière. » Nous frôlons le voyage astral, juste là où l’éternité prend naissance, alors nous pénétrons dans le domaine de tous les possibles. Poésie nomade qui nous pénètre en profondeur par ses jeux verbaux et ses métaphores. Le langage se désarticule, joue avec les inversions, se fait magique, il envoute, illumine, s’éparpille dans le vent, afin de mieux communier avec l’univers où réside l’âme aimée. Une ligne musicale impose son rythme, sa cadence : « Ivraie semée / La blessure suinte / Noire orchidée / Cœur labyrinthe » Carolyne Cannella livre son combat jusqu’à l’effacement des ombres ténébreuses dans la perspective d’un avènement de lumière. Puis elle s’arrête pour contempler et procéder à une lente renaissance pour ne plus faire qu’un dans le grand tout : « Être... une présence-absence » Au-delà de la mort, par la musique et la poésie Carolyne Cannella tente de franchir l’autre rive où se dessine le profil de lumière de l’homme solaire : « Un soir, Il apparut... ! »
Michel Bénard.
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.
Poeta Honoris Causa du Cénacle Européen des Arts et des Lettres.
Les poèmes de Arabesques purpurines m’évoquent des bulles irisées, porteuses d’un sibyllin message vers les mondes invisibles.
Carolyne Cannella nous emmène dans un prodigieux et mystique voyage hors de l’espace-temps, depuis la particule, miroir de tout l’univers, à la plus lointaine galaxie, du créé vers l’incréé. « Car en toutes choses non encore apparues / Tu déposes la frissonnante beauté du monde ». Elle projette l’éveil de son être intérieur sur la nature jusqu’au moindre flocon de neige. Métaphores et oxymores fleurissent sur les chemins de sa méditation. « J’escaladerai l’aube / vers les chutes ardentes »
De temps à autre, son vécu dans le monde matériel transparait, bien celé, sous le voile de la pudeur et par le subterfuge de l’hypallage « Aube lacérée / les éraflures de ta passion / rosée diamantine/ sur la peau des souvenirs enfuis » Ces poèmes sont gorgés de lumière « nuit aux éclats de citrine et de cornaline / déchirant l’horizon lapis-lazuli » ;
Ce recueil dans son ensemble m’évoque cette citation de Khalil Gibran : « Quand nous aurons atteint le cœur de la vie, nous verrons la beauté en toute chose ». Civilisations occidentale et orientale se mêlent en un bouquet chatoyant. Il se termine par un chiasme aux accents nostalgiques qui interpelle le lecteur, car la présence de l’auteure est bien toujours là, inscrite dans le miroir.
Un livre de chevet à déguster soir après soir pour illuminer nos ténèbres !
moi, aussi, j’ai de ton cœur, Thomas,
car je ne sais pas deviner sur les arbres des tourbillons fleuris
dans des blessures revêtues d’écorce,
la vie ne peut plus surgir de sous les neiges,
je me suis dit.
au bout d’un rêve, sur une route qui me rappelle Emmaüs,
des anges muets sur les branches apparaissent les dimanches :
de leurs ailes hautes ils nous annoncent
une existence neuve d’abeilles et de bourgeons.
leur vie se mêlera à la nôtre
telle une sève, un tumulte bien sage,
nos yeux apprendront à vivre avec la lumière,
et le vert nous couvrira tel un esprit.
(paru dans le recueil Alean de aripă/Envie de vol, Iași, Éditions Ars Longa, 2020)
înviere și eu am din inima ta, Tomo,
căci nu pot ghici pe copaci volburi de floare
în răni acoperite cu scoarță,
viața nu mai poate irumpe de sub zăpezi,
mi-am spus.
la capăt de vis, pe un drum amintind de Emaus,
îngeri tăcuți pe ram se arată-n duminici:
cu aripi înalte vestesc
lujerii unei noi existențe de albine și muguri.
viața lor trece-va într-a noastră
ca o sevă, ca un tumult cuminte,
ochii ni se vor învăța cu lumina,
iar verdele ne va acoperi ca un duh.
(din volumul Alean de aripă, Iași, Ars Longa, 2020)
Proposée par l’auteur, une bio express que je publie très volontiers en la remerciant chaleureusement !
Biobibliographie
La poétesse Alix Lerman Enriquez est née à Paris le 5 mai 1972 et a déjà publié une quinzaine de recueils de poésie comme Météores (Editions La Bartavelle 2005), A-Contre-jour (Hervé Roth Editeur 2013), Les territoires de la nuit pourpre (Do Bentzinger Editeur 2012), Herbier d’errances (Editions Flammes Vives 2016), Au-delà de la nuit (Editions Les poètes français 2016), Tessons et miroir (Editions Vox Scriba 2017), Estuaire de l’espoir (Editions flammes vives 2018), La morsure du jour sur la mer (éditions les poètes français 2018), Bribes du jour, éclats de nuit, (Editions Stellamaris, 2019), Solstices et saisons (Editions Stellamaris 2020) Tombée du ciel (Editions Les poètes français 2021). Elle est également l’auteur de proses poétiques sur le site de l’éditeur Hervé Roth et anime elle-même deux blogs poétiques Perles de poésieet Aphorismes et petits riens .
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
je t’écris comme tout ce qui coule de source se jette dans la mer
et dans le désordre d’un monde étrange et marchandé
je t’écris des choses rondes percées de traits solaires
la poésie est une parole d’échappée au plus près de soi
elle a cessé de faire semblant et elle s’expose nue au tremblant
de ce qui est
elle est la fleur absente de tout ravin
la fleur démente de tout bouquet
l’iris turbulent d’un ciel qui marche sur la terre
l’enfant guérie d’un coeur têtu sur un chemin qui demeure
invaincu
et moi je t’aime comme une invitation musicale vous prend la
main
pour vous envelopper l’âme d’un paysage orange
parce que s’élève au-dessus des fontaines ton rire d’eau sauvage
que dans la surenchère de clarté que suscitent tes yeux se
pressent
les dernières forêts ourlées de chaleur animale
et tout ce qu’il reste d’utopie tendre à caresser
je l’inventerai pour toi
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...