Avant tout poème, une image dérobée aux chemins. Fragile, elle donne le mot. Début du voyage, à je-perdu l’incertitude. Sans fin se renouvellent les pas.
Temps déroulé, vie en suspens, s’ouvre la fenêtre monde. Quiétude de l’œil, écoute du corps, ne plus seulement voir mais sentir de tout son être.
Lumière sur l’heure vacante, une écriture du rien sinue aux marges ; prémices des horizons de l’œil où le vide fait sens.
En mon jardin
Cyprès et sycomores
Profilent leur élan
Vers une sombre lumière
A l’éclat doux-amer.
De la pointe du coeur
Je réveille sa flamme
Pour que dore le blé
Du pain quotidien,
Celui de l’amour,
L’unique merveille.
Le ciel allégé de son linceul
S’allume à la source des étoiles
D’où ruisselle une musique apollinienne
Inspirée de mes planètes gardiennes.
En ce jardin pollinifère
L’ellébore noir offre la corolle
De sa blanche robe
A la gent abeillère
De mon hiver.
Allaiter cette page comme le peintre
donne ses becquetées de couleurs au tableau.
Obstination tendre, idée insensée :
que mes mots fassent un jour synapse avec la
rétine d’un hypothétique lecteur. Qu’ils soient
complices de ses émotions. De ses cicatrices. A
l’extrême fin de sa pensée.
Que mes images deviennent siennes,
comme assimilées par une partie infinitésimale
de son être. Qu’elles fassent éclore, le temps
d’un parfum, les bourgeons de ses jardins.
Le soleil danse sur les collines quand vient à chanter une fauvette. La caresse de son chant fait éclore les premiers perce-neige.
Oui, bien sûr, vous l’avez certainement constaté ce désir, cet élan qui monte chaque jour.
Tout devient possible. L’inspiration jaillit.
Ma plume calligraphie voyelles et consonnes sur un cahier d’écolier. Tour à tour s’installent une lueur, une sonorité.
Voici le A, arc-en-ciel sur l’amandier qui donne le bras au Z : l’alpha et l’oméga, clef de l’univers et des douze constellations.
Le temps d’une chanson et vient le S avec sa touche de lumière, bleu tel un saphir.
Prose, vers, rime, assonance, il faut trouver son mètre en syllabe et octosyllabe, jouer habilement des césures et élisions.
Mais comment arriver à une concision chatoyante ?
Simple, me direz vous si l’on suit Paul Claudel qui a écrit dans Cent phrases pour éventail :
« Il faut qu’il y ait dans le poème un nombre tel qu’il empêche de compter. »
Sans cesse, il faut plonger sa plume dans l’encrier de la ferveur, s’émerveiller de l’aléatoire, s’éloigner de la vérité pratique et chercher partout où la raison n’a que faire.
Et si l’encre sèche parfois, c’est pour mieux respirer ce bleu qui vient de naître au jardin d’herbes folles. Là, l’œil intérieur aux aguets, il suffit d’attendre la main d’Orphée pour rejoindre le cœur d’une rose sauvage où s’épanouit le sourire d’une muse.
Il faut des heures de réflexions, d’observations, d’émotions pour que, soudain, en une poignée de secondes, vienne une métaphore aux vives couleurs.
Dans la cour des poètes, il n’y a point de mélancolie stérile ; c’est derrière le rideau de perles de l’averse que l’on rencontre la nostalgie fructueuse.
De l’azur descend en cascade un bleu intense, inconnu jusque là, puis, à la faveur d’une farandole, il remonte les marches du ciel en jouant dans les bras de l’arc-en-ciel.
J’y vois une clarté palpitante et douce à la fois, une lumière qui ne s’éteint jamais : le sourire de ma mère.
2023
VISUEL :
de Nicolas POUSSIN : L’inspiration du poète (1628-29), musée du Louvre, Paris
Poussin le poète annonce le retour aux sources, l’harmonie entre l’homme et la nature.
De sa vie entre Venise et Rome, Nicolas Poussin se nourrit des enseignements de Raphaël et du Titien.
Cette allégorie représente un poète épique visité par la muse Calliope et Apollon.
« Que penser d’un monde
Où l’on mutile les statues,
Où l’on brise la roue d’éternité.
Elle est si fragile la Paix,
Si furtive, comme un reflet
Sur un miroir brisé.../... » M.B
Chères amies et chers amis des Arts et de la poésie.
Permettez-moi de vous informer de la publication de mon dernier ouvrage :
« Les soies de l’imaginaire. »
( bilingue franco-roumain.)
Préface Adrian Dinu Rachieru – professeur émérite de lettres et critique littéraire.
Postface et traduction -Manolita Dragomir Filimonescu- professeur de français et traductrice. Editions ArtPRess -2022-
Bonne réception. Très poétiquement vôtre.
PS : Vous pouvez faire suivre ce courriel sur vos adresses amies susceptibles d’être intéressées.
Et soudain le printemps s’impose
sans ménagements impitoyable
cruel en sa jeune luxuriance
dessus la tombe encore ouverte
de l’hiver terrassé exsangue
aux abois devant la victoire
l’inégale témérité du prince
la neuve splendeur suzeraine
le brusque enchantement des prés.
Tout doux ma vorace saison
laisse-nous donc un temps de pause
A peine dévoilés tes méandres
tu livres déjà tes alpages
aux braconniers insaisissables
et tes purs bouquets de mariée
à tous les gros bras des faubourgs
Va pour la neige des vergers
le blanc poudroiement des gazons
Mais suffise à notre bonheur
la timide invasion des tulles
dans la fraîcheur des sentes
et la gaze des premiers nés
sur les jonquilles consentantes
Pluie de brous
Un corbeau rouge
fond sur les noix
chues dans l’herbe
Le corbeau rouge
n’a pas d’ailes
et il a une canne
Ce drôle d’oiseau
est la vieille femme
que je suis devenant
* * * * *
Pluejo de rascal
Uno graulo roujo
founso sur la nou
chaida din l’erbo
Lo graulo roujo
n’o pa d’ala
e o’no cano
Que drole d’ausèo
è lo vièlo fenno
que sai devenènt
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...