Au chevet de l’inaccompli
le temps raffermit ses jambages
soupèse à l’envi ses arceaux
élongue ses vastes consonnes
Au seuil brumeux des lendemains
son appel survient des abysses
ou des sommets peut-être bien
Qui saura jamais son lignage ?
Mais il est là le mot l’indice
le signe qu’on n’attendait plus
on le tient pour peu qu’on y croie
qu’on le saisisse à bras le corps
lui saute céans à la gorge
Pas de quartiers pour cet oracle
Il se révèle il se dérobe
mais son sillage est cousu d’or
C’est une place nue, à bien d’autres semblable
Clôturée d’une haie de gravas et de sable
Hérissée ça et là de houppes de coton
De gerbes de lavande et bouquets de chardons.
Rendues par la marée
Pièges de corde, d’algues séchées
Échardes redressées telles les dents du Diable
S’enlisent les trophées de chasses redoutables.
Un bouton de vareuse
Arraché au poitrail d’une mer lépreuse
Creuse la fosse d’un cimetière
Larme de cendre dans la poussière.
Jadis les réfugiés
Espagnols fuyaient
Une horde fasciste, sauvage, sanguinaire.
Ils furent cantonnés sur les plages de l’enfer
Harcelés, humiliés, tenus en laisse tel des chiens
Les tempes noircies de poudre sous le feu des gardiens.
Argelès sur Mer.
Mémoire de l’histoire par le temps effacée
Aujourd’hui les marsouins viennent ici s’échouer.
Sur les plages blessées fleurent des immortelles.
Arrêt du souffle sur la douceur
Tu souris au passage du temps
Dans l’incertain des desseins
Geste mutin au coin du destin
Tu répands ton attente jusque dans tes craintes
S’ennuyer ouvre à la suspension
Du mouvement au geste l’appel en silence
Corps allongé, corps aux aguets
Sous l’attrait peu coloré
Ta charmante capacité à briser
Arrêt du souffle sur la douleur
Un avenir de désir et de martyre
Échapper aux odeurs de plaisantes heures
Pour goûter à l’envers de l’en-vie
Pendant que s’étiole l’idée de l’attendrissement
Malgré qu’on ne relève à première vue
aucune indication précise
au sujet de ma présence à vos côtés ;
sachez que je suis bien là,
devant vous,
prêt à témoigner en tant que poème en personne.
Eh oui, en tant que poème en chair et en os,
encouragé par cette envie irrésistible
d’échapper à l’analyse
et d’éviter les lieux communs
tout en respectant ma logique un peu rebelle,
à jamais en liberté surveillée.
Je suis bien là,
devant vous,
avec, avant tout, pour mission,
le devoir d’obliger le silence
à desserrer les dents
jusqu’à ce qu’après l’avoir aidé à vider son sac,
on parvienne ensemble une bonne fois pour toutes
à lui délier la langue.
Ce que je relate pourrait peut-être à certains
paraître en général un peu trop relatif...
Mais peu importe :
à partir du moment où mon petit doigt me dit
que, si depuis le début, ça vous parle,
c’est que nous étions faits pour nous entendre.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...