voici mes fleuves
filant leurs rêves souples
trois fois sculptés
voici mes preuves
souffle de coquilles éclatées
le bruit que la nuit fait
derrière mes cloisons
je suis le galet qui revient
réparer l’infortune et
recommencer l’érosion
et l’érosion tu sais
est un désir d’ouverture
un flux mélancolique
une dernière énergie
forte d’une première liesse
écoute
comme elle est belle la musique
qui lèche nos pieds
de sa langue amère
pour ouvrir le courant du pur espace
sur l’âme ravie
il n’est nul coin perdu
tout rejoint tout
sans laisser d’autres traces
que la lointaine caresse
d’une larme de lune
venue creuser l’âpre
la tendre quête d’une vie
le lilas est presque flétri
on met ses couleurs entre nos paupières
qu’on ferme doucement, avec piété,
comme on cache la sainteté dans les pages d’un livre
on s’abreuve les envies des mots roses, blancs ou mauves
des grains remplis de grâce qui gardent les effluves tel un trésor
on prend le livre et on le met sous nos têtes
le rêve glisse
dans notre bref sommeil
un sourire d’enfant,
dans un mois de mai troublé
Vacances,
Depuis longtemps j’ai oublié ce mot,
Pourquoi partir
J’aime Paris en été
Il se vide dès juillet
Pour faire place aux touristes.
Des bus à étages
Circulent sur les grands boulevards,
Des mots inconnus
S’envolent ici ou là
Au fil de l’eau
Des odeurs nouvelles
Flattent notre odorat
Pourquoi partir ?
Lors de ma fuite, le sang suinte, les épines
griffent. L’hiver se pend à une corde de lune. Dans
l’inertie des mousses, les fleurs se recroquevillent,
le vent vocifère, la pierre bave, ne croyant plus au
miracle de l’éternité.
Un brouillard noir écime le pommier de la
Connaissance. La nuit se rétrécit, décapite le ciel,
coule une pluie de cendres. Indécelable présence
dans la plissure d’un devenir.
Rampant (1), le grand serpent crache son
premier venin, tant de choses étonnantes sont
arrivées. La Genèse ne les a pas gardées.
Qu'arriverait-il si la princesse se révoltait
Si elle enlevait sa couronne et décidait de se rebeller,
Qu'arriverait-il si elle réalisait,
Que sa place est dans d'autres contrées.
Que son royaume devient trop petit
Pour sa soif d'aventure et l'appétit de son esprit,
Qu'arrivera-t-il.....
Quand elle enlèvera sa couronne?
Quand elle brisera ses chaînes et fuira son royaume...?
Sur sa tête elle mettra une couronne de reine,
Et au dessus du monde, elle établira son propre trône.
Au delta du fleuve,
Un envol de flamants roses
Et le sable à l’infini.
Vont et viennent les flots,
Se meuvent les eaux
Saillies par le feu solaire.
Mordue par les vents
La vague enfante ses pépites,
Fleurs serties du sel de la mer.
Elles se mêlent, s’emmêlent
S’assemblent pour mieux s’embrasser
Au cœur des camelles*.
Ainsi va l’existence,
Vont et viennent les nuées
De larmes salées
Semées d’embellies
Scellées de l’amour
Saupoudrant l’Être du sel de la vie.
L’initiation du regard est la véritable mission de l’histoire de l’art.
Se gardant toujours d’ignorer l’histoire, l’art reflète le génie du créateur .
L’art nous invite à porter notre regard sur une œuvre pour y découvrir la part intime blottie en chacun de nous.
Voici qu’en ce printemps 2023 jaillit de l’ombre la lumière rouge d’un peintre italien, mort à trente-sept ans, après une existence tumultueuse.
Le noir est la non - couleur, absente de la gamme harmonique.
Plus encore, pour qu’il vive, qu’il sorte de sa boîte noire, il lui faut une source : la lumière de la couleur.
Commençons par un des derniers tableaux peints où l’artiste exprime de la plus saisissante façon son sentiment de culpabilité et de désarroi.
David, jeune berger israélite abat le géant Goliath, chef des Philistins, avant de lui trancher la tête pour l’offrir au roi Saül.
C’est la victoire du bien sur le mal, du Christ sur Satan.
Grâce aux effets contrastés de lumière et d’ombre, le peintre crée une atmosphère dramatique.
Ne voyez vous pas le peintre dans le visage du sacrifié ?
L’orgueil est vaincu par l’humilité surexposée à la lumière.
Décapitation, supplice ; la nuit est plus forte que le jour.
Les œuvres de ce peintre de génie, souvent refusées par leurs commanditaires, provoquèrent indignation tel ce jeune Bacchus (autoportrait), à peine sorti de l’adolescence offrant une coupe à chaque visiteur.
Les joues enflammées par le vin, ce jeune puceau montre l’élasticité de ses muscles, prêt à toutes les folies.
Cette jeunesse embrasée, fleurie de pampres, peut elle faire meilleur cadeau aux hommes et aux femmes amoureux de la vigne et du vin ?
Ignorant la grâce et l’élégance, rompant avec l’imagerie religieuse traditionnelle, l’artiste insoumis peint un tableau grandeur nature : La mort de la Vierge.
Son modèle serait inspiré d’une prostituée morte sur le trottoir, montrant ainsi la Vierge avec peu de dignité, et non la divine Mère de Dieu.
Posant problème aux autorités religieuses, cette œuvre fut rejetée, puis achetée par Rubens pour le compte du duc de Mantoue.
Ce tableau est un chef-d’œuvre. Son réalisme atteint des sommets rarement dépassés dans l’histoire de la peinture.
Sous l’ample tenture rouge, les apôtres veillent, regroupés à gauche du lit pour mieux mettre en évidence la Vierge habillée de rouge sur son lit de mort.
Les lueurs surgies de zones d’ombre renforcent la vérité pathétique de la scène.
Ombre et lumière ont permis au Caravage d’introduire l’humain dans la sphère du sacré.
Le peintre a magnifié l’humanité des humbles.
SOURCES :
CARAVAGE (Michelangelo MERISI, dit le)
Caravaggio, 1573
Porto Ercole, 1610
Le Caravage a allumé une des grandes révolutions qu’ait connues l’histoire de la peinture.
David avec la tête de Goliath
1610, huile sur toile, 125 X 101 cm
Rome, Galerie Borghèse
Bacchus
1597, huile sur toile, 95 x 85 cm
Florence, Galerie des Offices
La mort de la Vierge
1601-1603, huile sur toile, 369 X 245 cm
Paris, musée du Louvre
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...