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Sous d’horribles décombres, de fer renforcés,
Languissent par milliers, ici des corps sans vie,
Ecrabouillés soudain, mutilés et meurtris,
Dans ces affres macabres, encore inespérées.
Là, des visages effarés, à jamais égarés,
Errants, désorientés, attendant l’incertain
D’un secours qu’on ne peut renvoyer à demain.
Pauvres êtres perdus, en lambeaux dépecés
De vrais essaims d’enfants, dans l’abysse plongés,
Chantant et pleins de vie, n’ayant connu le mal,
Rêvaient dans leur refrain, non de ce coup fatal,
Mais d’un avenir fleuri et d’agréments chargé.
Vous voilà tous couchés sous ces blocs de pierres,
Sans le moindre soupçon qu’un tel sort vous suivait,
Quand aux jours succédaient des lendemains parfaits
Et l’ardent soleil vous jetait sa lumière.
L’épouvante a passé, elle a tout englouti ;
Port-au-Prince n’est plus, secouée, agenouillée ;
Par ce monstre insatiable, de sang assoiffé ;
Quand la terre a tremblé, la ville s’accroupit.
Cruelle destinée de tous ces disparus,
Attelés à la vie sans penser à leur fin,
Préoccupés qu’ils sont par les devoirs humains !
Leur triste mémoire, sera-t-elle retenue ?
L’effroi gagnant les coeurs questionne la conscience ;
Comme si ce beau Pays patauge dans le crime
Pour que tous ses enfants en soient les victimes ;
Et descendent dans l’abîme où règne le silence.
Non, non, la nature a ses moments de rage ;
Nul ne peut l’arrêter dans sa course affreuse ;
Vents, tonnerres, déluge et mare périlleuse
Sont tous des attributs ajoutés à l’orage
Non n’écoutez donc pas l’écho du désespoir
Qui a tout attribué au compte du Bon Dieu,
Quand les décombres abritent même les religieux
Et ceux qui n’ont pu : ce n’est qu’un au revoir.
Heureusement pour nous, l’humanité entière
A compris nos misères et veut nous soulager
Ce qui nous fait rêver de continuer d’aimer
Dans cette calamité qui mimique l’enfer
O peuple infortuné, pourquoi l’adversité
Vous fait-elle toujours son permanent élu,
Résistant à ses coups et sans être abattu,
Pour rebondir plus tard avec sagacité ?
Si vous pleurez maintenant, est-ce sans espoir ?
Le monde vous connaît courage et endurance
Qui enfantaient longtemps déjà l’Independence ;
Ce qui depuis lors cause bien des déboires.
Aussi bien, ces vertus ont franchi les frontières
Aidant les aliénés à écraser leurs chaînes
Et extirper ainsi les prétentions hautaines
Pour vivre en homes libres, verticaux et fiers
Rappelons sans rougir, en ce temps d’affliction,
Que nous n’avions pas seuls savouré la victoire,
Qu’aussi, nous l’avions partagée dans la gloire
Avec ceux du monde vivant dans l’abjection.
S’ils accourent vers nous, n’est-ce pas un grand geste ?
S’ils viennent de partout est-ce donc par pitié ?
Non, d’un Coeur plein d’amour et plein d’humilité
Car notre modèle tient encore manifeste
Le condor a passé et la désolation
Laissée sur son parcours comblera le passé
Disparaîtra un jour dans un plan bien tracé ;
Le Pays connaîtra une nouvelle création.
Témoins de nos revers, nos mânes veillent sur nous
Au rendez-vous du prochain avenir, marchons !
Marchons unis, marchons, élevons haut nos fronts
Aux chantiers du labeur, nous sommes conviés tous.
A ceux qui par amour nous veulent le Bonheur,
Nous tendant humblement main forte et salutaire,
Nous disons grand merci, tout étant tributaires,
De leur grandeur d’âme en face du Malheur.
© Fred Champagne
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