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As-tu dit " âme ma sœur âme " ?
De cet appel, j’en garde écho,
À mes braises répond ta flamme,
À mon offrande ton écot.
Quand dans ma main, tu reviens boire
Ce qu’elle infuse d’inconnu,
Ta lèvre en frôlant le ciboire,
Dévêt mon cœur et le fait nu.
Lors, puisque ma phrase te touche
Ode, rondo, terza-rima
Alexandrin, sonnet farouche…
L’aime toujours ! Comme l’aima…
Pour moi de superbe importance,
C’est de les savoir tous nichés
Au cœur joli de ton aimance
Et réfléchis par tes psychés.
Après, autour de ma clepsydre,
Il y a tes fouillis charmants,
Tes dits de vins, tes tons de cidre,
Tes contre-jours de diamants.
Tu fais pour sûr bien tes mélanges,
Et quand tu tisses, m’est avis,
Qu’un peu de terre et beaucoup d’anges,
Laissent mes vœux charmés, ravis.
Que mon calame soit superbe
Je n’en sais rien, à toi de voir,
Mais le chêne n’est rien sans l’herbe
Qui le célèbre en reposoir.
Il n’y a pas de grand poète,
De grands poèmes seulement,
À charge pour lui que sa quête,
Le conduise au seuil du moment :
Moment exquis, lorsque l’aiguière
Verse à souhait l’onde qui doit
Unir les sens à la lumière,
Où chacun d’eux comblé s’y voit.
À m’aimer, ton aveu m’oblige
D’être attentif à tout appel,
De m’y porter esclave lige,
Pour en citer nectars et sel.
Et lorsque me viendra l’aurore,
Ayant tressé tant de faisceaux,
Tes rubans les rendront encore
Inévitablement plus beaux.
Souviens-toi de nos incendies,
De nos courses les avenirs,
C’était au bal de nos envies,
Fortune chère aux souvenirs.
Entre mes berceaux et la tombe
Certes, je n’ai pas su glaner,
Tout ce que mon sein-catacombe,
Portait en lui. Et couronner
Tout à la fois les quelques ondes,
Que j’inventais, leurs clapotis,
Entre tes doigts et leurs facondes
Je les sais déjà bien lotis.
Au sortir de mon terrain vague,
Où j’ai trouvé ce ras-de-cou,
Ce bracelet et cette bague,
Chance offerte à moi, sans le sou :
A ton chevet, tout j’abandonne.
Et quelque rêve aidant plus tard,
J’aimerais que ton cœur frissonne,
Au chant d’un vers pris au hasard.
D’un vers et surtout de sa rime,
Qui se veut le meilleur de soi,
Rayon qui vient baiser la cime,
Avant l'envol de tout émoi.
Je te dis là, l’ultime gemme,
Joyaux du temps aux fronts offerts,
Puisque tu sais, " viens ! que l’on s’aime
À tons immergés et couverts ".
© Claude Gauthier
25 février 2002
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