3 octobre 2012
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07:09
© Michel Bénard
L’écriture délie les cris du monde,
Réveille les silences,
Ses signes s’impriment sur l’invisible.
La trace interroge la forme,
La lettre s’incruste
Sur un fond de feuille d’or
Sous un ciel de rêve.
L’alphabet se fait inaccessible
Pour mieux chanter l’inaudible.
Lorsque la lettre s’érode
Il faut la recomposer,
Lorsque le verbe s’absente
Il faut le recréer,
Et c’est le soleil qui s’enlumine.
© Michel Bénard.
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Michel Bénard
2 octobre 2012
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07:30
Infographie de Ode©
Venu du sud, un vent fort et rouge
Couvre mes neiges blanches
Un vent de guerre et de sang
Mon voisin est armé jusqu'aux dents
Il menace, il hurle sa haine
Je l'entends d'ici, dans ma plaine
Venu d'Orient, un vent fort et rouge
Remue mes neiges blanches
Un vent de haine et de sang
D'armes destructrices son bras est fortifié
Il guette, il vocifère sa colère revanche
Je l'entends d'ici, dans mon étendue blanche
Venus de partout, des cris de paix
Font écho sur mes neiges
Je les entends d'ici, raisonnent sur mes congères
Il se fait tard
O fragile victoire
Des nuits de feu, de flammes et de cendres
Il a neigé de la neige rouge
Le froid tapis est raisiné
Calice qui déborde
Rouge du sang des innocents
Et mon corps a la couleur du poème
Sur le champ de bataille des neiges tombées
© Ode
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Ode
1 octobre 2012
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07:46
© Charles Léandre
Tu t’en es allée, un jour de mai
Tu es partie aux jours des fleurs renaissantes
Il y a bien longtemps, tu m’as donné la vie
Et je reste là, scrutant mon âme
A l’écoute de ce que tu fus
Le sablier accélère sa course
Dans une farandole endiablée
Ne connaissant nulle pause
Menant en un pas allègre
De la naissance au trépas…
Il me semble que c’était hier…
Tu me berçais, me souriais
Comme une fée, sur moi, tu veillais
Chétif et encore fragile
Tu aimais ce petit bout de vie
Ô insouciance de ces moments
Où tous les possibles sont réunis
Où l’amour jaillit des regards et des gestes
Ô douceur des ces premiers instants
Qui s’envolent sur un coup de vent…
La vie, dans son tourbillon infernal
Nous a séparés peut-être trop vite
Les jeunes pousses n’aiment guère les tuteurs
Elles n’aspirent qu’à la liberté
Qu’aux voyages vers les ailleurs
Où es-tu, à présent
Toi que, parfois, j’oubliais ?
Diluée dans le vaste éther
Noyée dans le néant
Ou prête aux recommencements ?
Ton dernier regard
M’a transpercé l’âme
Qui, sans délai, tressaillait
Sachant, sans le dire
Que ce furent nos derniers moments
Tu es parti un beau jour de mai
Au temps des renaissances de la nature
Mais dans mon cœur tu demeures
Restes-y jusqu’à mon dernier souffle
Tu verras, tu y seras bien, Maman…
© Jean Dornac
Paris, le 21 juin 2010
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Jean Dornac
30 septembre 2012
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07:49
Comme toutes les vieilles villes, surchargées et abandonnées, la Casbah d’Alger se dégrade au fil du temps. Dès la conquête
d’Alger, le génie militaire français a entrepris de grandes percées transversales qui l’ont défigurée. Elles se sont poursuivies en rasant d’autres îlots vers les années 1930-1940. Après
l’indépendance, la médina se vide progressivement de ses habitants pour laisser place à de nouvelles populations qui n’ont pas su l’entretenir. La Casbah se délabre, quartier par quartier et,
inéluctablement, elle disparaîtra. Un vieillard, mourrant, peut-il retrouver sa jeunesse ? Dans un siècle, quelques poèmes la remémoreront. ( Abderrahmane Zakad –
Urbaniste)
Après mille ans de murmure
La casbah aux larmes lasses
Subit le mépris les aventures
L’abandon le temps qui passe
Dans ses rues d’obscures rumeurs
Serpentent le jour ainsi que la nuit
Au détour des chats qui pleurent
Sur ses murs des chauves-souris
Et déjà des cils d’herbes humides
Sous les seuils et sur les frontons
Les éboulements en chutes timides
Enlacent l’agonie le tuf et le limon
On n’entrevoie ni seins ni hanches
Les filles ont quitté le printemps
Les poèmes tombent des branches
Les mots n’ont plus le sens d’antan
La Casbah est en somnolence
Elle gît geint et subit longtemps
L’absence l’oubli et l’insolence
Qui la confinent à l’abandon
© Abderrahmane Zakad
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Abderrahmane Zakad
29 septembre 2012
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07:56
http://sud.france3.fr/emissions/51842232-fr.php
Son chariot prêt, devant
le soir dans les couloirs
elle sourit, dit bonsoir
dit merci en me voyant
sourire en réponse
cadeau pour chacune
dit merci parce qu'elle pense qu'il faut le dire
dit merci parce qu'elle a appris à bien le dire
dit merci pour se draper dans l'excuse
de l'autre langue
étrangère langue de France
dans sa langue à elle, elle vient du Sri-Lanka
elle chante, sa langue chante et berce, roucoule
elle est femme de ménage, elle dit merci
parce qu'elle pense que j'ai une quelconque importance
dans les bureaux, identiquement gris
dit merci sans raison apparente
elle pense à son fils, jeune
en classe, pas bon en écriture qu'elle dit
dit merci, remercie sans motif
c'est terrible de voir des personnes remercier sans motif
lorsqu'elles prennent des coups.
Me revient l'homme, arrêté après une filature
finalement : empreintes digitales inconnues
relâché deux heures plus tard....
il ne comprend pas toutes les questions
ce qui est dit
maghrébin qu'il est
en partant il remercie les policiers
remercier de quoi ?
J'aurais voulu qu'il se redresse,
ne surtout pas dire merci.
Cette femme, c'est différent
c'est sa pudeur a elle, elle qu'elle met en avant
soir, avec le chariot
c'est tout.
© Djalila Dechache
extrait du recueil "Commencements" - éditions Marsa
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Djalila Dechache
27 septembre 2012
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07:25
© Thierry Deschamps
Le soleil décline doucement
Pour, finalement, se fondre
Dans les flots rougeoyants.
Alors que dans les cieux
Les étoiles se dévoilent
La lune hésite encore,
La nuit s'est éveillée
Et l'Homme est là
Pour l'accueillir
Se mettre à nu
Humblement
Et lui offrir
Ses pleurs
Ses rêves.
Il revit
Retrouve
Le chemin
Qui l'emmène
À travers l'infini.
Loin de l'agitation
Qui occulte ses sens,
L'empêche de respirer,
Quand le jour s'évanouit
Sa vie marque une pause.
L'Homme peut se retrouver.
~~*~~
© Thierry Deschamps
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Thierry Deschamps
26 septembre 2012
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07:09
© Meule de foin au crépuscule – Claude Monet
Si nous étions tous les deux,
Face à face
Dans la fragilité des choses
Que resterait-il de nos chimères.
Un homme hier encore un enfant
Une femme alanguie
Dans la lumière arasée du couchant.
Il est vrai que l’eau et le feu
Parfois se confondent
Dans un embrasement
De fin du monde,
Et que le ciel n’est jamais plus beau
Que vers la fin du jour.
Ainsi nous serons
Refuge et berceau
Douceur et passion
L’un pour l’autre,
Dans la désespérance inhérente
Aux amours singulières.
© Denise Bernhardt
extrait de La vie en Marelle écrit
avec DUCCHA
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Denise Bernhardt
25 septembre 2012
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© Sisyphe, par Franz von Stuck
Parvenus au pouvoir,
Les rois et présidents
Célèbres pour leurs crimes
Seront-ils condamnés à perpétuité
A rouler sur la pente
D’une montagne des Enfers
Le rocher qui toujours retombe
Juste avant le sommet ?
Question posée pour l’éternité.
L’application de la peine
Etant sans contrôle possible,
L’on s’est contenté
De transférer le mythe
A l’ensemble des hommes,
Comme symbole accepté
De la condition humaine !
© Luce Péclard
20.10.08
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Luce Péclard
24 septembre 2012
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08:02
© Picasso
Dans le passage du temps, le réel se joint à l'imaginaire et je visite encore les sables
chauds des encolures marines.
Ma main remontant les creux et les vallons de ton corps offert.
Ton sexe est le plus beau des paysages
O mon amant de croissant de lune et de soleil ardent.
Secrète jubilation de mon corps en attente de la marée haute.
Quand tu dérives dans mes ports d'ancrage
Que tes mains larguent les amarres de tous mes interdits
O mon amour de ma saison de pluie
Je me niche dans ta cale pour réinventer l'accoutumance des rafales de coïts infinis.
O mon amant de ma saison d'été et de mangues mûres,
Le souffle
de nos souvenirs d'amour réchauffe les arbres aux feuilles tombantes des premiers jours d'automne..
© Marie Alice Théard.
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Marie Alice Theard
23 septembre 2012
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© Le jeune mendiant – Murillo
J’ai peur du noir
j’ai peur de la nuit
je crains la solitude
je redoute le froid
j’appréhende l’ombre
et la clarté du silence
fige la toile de mon sang…
J’ai peur depuis l’enfance
la chambre qui craque
les volets qui claquent
et le couteau de l’Ogre
entre les dents du soir…
Je crois que j’ai toujours
que j’ai toujours eu peur
de cette marche quotidienne
avec ses grosses mains
sans baiser ni tendresse
et cette voix terrible
qui ordonnait…punissait…
comme un ciel en colère !...
Oui tous ces visages
me pétrifiaient
et j’étais si petit
au milieu de la détresse...
J’avais l’âme farouche
en ces heures de glace
et de nuages lourds
dont les méchantes figures
cherchaient en vain
le fantôme pendu
à mon corps déserté !...
Peu à peu les saisons
pénétrèrent mon être
enfonçant le chemin
dans ma poitrine ouverte…
comme je ne pouvais m’enfuir
je regardais les étoiles
qui me jetaient des pierres
car je ne comprenais pas
leurs chansons de lumière !...
Les anges des solstices
ne m’ont jamais parlé
je n’étais qu’un frisson
entre les doigts de l’erreur
une rature sur une page
une errance que l’on cache
dans l’oubliette du passé…
C’est drôle aujourd’hui
aujourd’hui je n’ai plus peur
je n’ai plus peur du noir
je ne crains plus la solitude
le silence lui-même
câline mes cheveux
de ses doigts de tendresse….
Je n’ai plus peur du tout….
Mais que font tous ces visages
qui s’empressent autour de moi ?..
Que disent toutes ces bouches
et que signifient ces mots
ces mots que je n’entends pas ?...
Et cette femme qui pleure
en me prenant la main….
Ma mémoire comme la loi
expulse les anonymes
de la maison du cœur !...
Je ne sais plus…
Je ne sais plus rien…
C’est drôle je n’ai plus froid
dans ma veste « courant d’air »
l’estomac ne cogne plus
aux barreaux de la faim
et la crasse elle-même
ne taquine plus ma peau…
Ils allongent mon corps
sur un brancard tout neuf
puis me couvrent tout entier
d’un drap blanc comme le jour…
C’est drôle mes yeux traversent
ce masque inattendu
et je les vois qui m’emportent
vers une ambulance
dans une confusion
de gestes et de paroles…
de paroles muettes
que je ne comprends pas…
C’est drôle je n’ai plus peur
et surtout je n’ai plus froid…
C’est si bon…voyez-vous
de ne plus avoir froid !...
© Victor Varjac
(Extrait de la Rouille des jours)
le jeudi, 11 décembre 2008
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Victor Varjac