Sans écriture, je suis réduite au silence,
Mains attachées, toute la journée, mon esprit est en prison.
Mais le soir, brisant mes chaînes,
C’est tout mon corps qui se réveille.
Les mots courent sur le cahier,
Filent entre mes doigts
Écrire en liberté ou en pleine consigne
Entre les lignes,
Je me transporte dans un autre monde
Imaginaire.
Couchant mes pensées sur papier,
Mon âme en stylo plume
n’est qu’audace,
Révolte.
Hélant mes rêves, mes impatiences,
Le temps se fige.
Je ne souffre plus,
Personne ne peut m'arrêter.
C’est une plume de plaisir qui m’a tout appris,
Toute entière noyée de bleu,
Dans un encrier de volonté face à la page blanche
Quand je ne peux pas parler, j’écris.
Collectif Images et mots – CM1 à 5ème
Prix Gabriel Celaya jeunesse 2023
Clara Santos, Grand lycée franco libanais Madrid – Hana HADJ-MABROUK, 94550 Chevilly Larue –Zélie SCHMITT, 69008 Lyon – Maïa TOPRIDES PUYDUPAIN, 38114 Allemond – Calixte DEMOUSTIER de COLOMBE, 31500 Toulouse – Louison BREGIROUX, 93260 Les Lilas – Hao Xuan SHI, 75015 Paris – Mina ROBERT FOURMIGUÉ 75011 Paris
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Sa maison, réelle ou rêvée,
avec le soleil glissant à travers tous les murs,
habillée dans les nuances de l’arc-en-ciel
de l’aube blanche aux flammes du crépuscule,
émaillée de bleuets et de pavots,
au parfum d’azur, sur son vert de mer,
des vagues de mouettes emportent
sous les ailes des vers de tous les coins du monde,
des chaînes de poèmes s’élèvent au ciel
dans la danse rituelle du soleil,
un bleu collier d’étranges perles,
comme on peut en voir seulement en peinture ou en poésie,
une maison bleue, une île dans la mer,
un arrêt pour tous les voyageurs téméraires,
prêts à affronter la tempête pour une rencontre rare
avec l’étrange esseulé de la terre,
orange dans le crépuscule qui se pose silencieux
et serein sur la plaine et sur les crêtes des montagnes,
sur la plage, le vent nuageux ne la traverse pas,
seulement les brises de la mer et l’azur,
une maison dans la plaine, le ciel dedans,
sous la voûte de la vigne, un pain
et un verre de vin pour les pèlerins.
Lettre parue en été 2003 dans la regrettée revue « Remue-Méninges » à propos du beau livre* consacré à la peinture de Salvatore, analysée par Anita Nardon.
* « Traces de l’art », Éditions Art in Belgium, 2002.
Le 29 janvier 2003
Cher Salvatore,
À peine sortie de mes visions, de mes intérieurs et extérieurs voyages (il y a un an, je me trouvais en Inde du Sud), me voici invitée à celles, à ceux de ton livre !
Je ne puis y entrer qu’avec mon propre regard, ma propre entente. D’éminent(e)s critiques ont analysé ta peinture. Aussi, est-ce en tant que seule peintre et seule poète que je la contemplerai.
Hier soir, quand tu m’as téléphoné pour une autre invitation, celle de t’envoyer quelques dessins et poèmes pour « Remue-Méninges », je venais de vivre un épisode poétique, de ceux qui créent des légendes.
Sur le plus grand des deux tablas indiens (achetés en Inde du Nord en 1978) décorant un coin de ma demeure, j’avais pianoté, puis tambouriné avec cette colère qui est l’autre versant de mon énergie.
Aussitôt, le vent au-dehors se leva. Un orage éclata.
Ces coïncidences me remplissent toujours d’un immense bonheur.
Quelle ne fut ma surprise de voir ensuite tomber la neige ! Des éléments du ciel se mêlaient. Le vent, le tonnerre, la neige : l’air, le feu, l’eau. Tous trois dans des états extrêmes.
De ma fenêtre, je voyais avec ravissement le sol blanc tandis que la foudre se canalisait dans quelque paratonnerre. Et ma colère, et mon énergie extrême, étaient au ciel ! C’est le cas de le dire.
Alors, tu me téléphonas. Je repris ton livre aux beaux tableaux dont les ciels aussi mêlent différents éléments. Je passai la soirée à le redécouvrir, c’est-à-dire à le mieux découvrir.
• « La spirale de la vie »...
Dans le conte (La Source d'Incandescence, 2002 Bruxelles et Inde du Sud) que je viens d’écrire, encore inédit, un taureau, terrienne monture de Shiva, s’envole. Dans ta vision, la corne est d’or ; son or, d’abord de la Terre, devient solaire en s’effilant. Un croissant de soleil !
À l’image de ton nom – Salvatore –, ce croissant sauve. Il semble sauver la ronde harmonie de notre planète. Il la sauve, la contient, la maintient hors des crevasses et des abruptes chutes, telle une main émergeant encore de marais enliseurs qui voudrait sauver une étincelle de vie. Dans ta sphère, cette étincelle est le soleil. Combien, cher Ami, je suis sensible à ces images, étant sans cesse animée, habitée, par de pareilles ! Cette étincelle, ce feu, est d’ailleurs le départ de mon dernier conte. Que l’on me pardonne de parler à nouveau de moi, mais c’est dans le cadre d’un dialogue de visions.
Ta spirale qui est spire, est-elle involution ou évolution ? Elle me semble repli méditatif en un monde qui s’effrite, se fissure, se brise. La bonne Terre, symbolisée par l’animal le plus terrien : le taureau, est enlisée dans une destruction, un écroulement. Une seule corne en émerge qui peut-être deviendra cosmique. Si tu as voulu cette corne de bélier, on peut espérer un bond, un saut par-dessus les abîmes.
Dans mon conte, j’ai doté d’ailes l’animal.
Mais la Terre, chez Gucciardo, est massive et opiniâtre, elle a d’autres moyens, d’autres envols.
• Dans « La destinée humaine », un Ange féminin apparaît, discrètement, qui désigne du doigt une voie hors cadre, tandis qu’un musclé humain montre le centre du tableau, un couple au pied duquel est assis un serpent apprivoisé – et ailé !
Cette « destinée » place résolument l’Humain au milieu, sa rédemption est dans le couple. Dans l’androgyne, peut-être, car trône au-dessus, telle une divinité, presque une idole, un homme au visage de femme.
• Le nuage compact du « Jugement dernier » est-il vraiment tragique ? Il semble plus contenu qu’atomiquement explosif... Ne sortirait-il pas du cerveau de l’accusé, de celui montré du doigt par le représentant d’une foule dans l’ensemble plus passive qu’effrayée ? Assis comme le « Penseur » de Rodin, le désigné n’est-il pas incompris des gens agglutinés de part et d’autre de lui ?
Bordé par tout ce monde, un chemin relie le solitaire à la perspective de sa création : à un jugement ?
Les solitaires et créatifs artistes sont-ils jugés dans leur vision ? Dans leur pensée ?
De quelle sorte d’explosion sont-ils accusés ?
Salvatore, je ne connais pas les dates de tes tableaux. Mais, même si « Le jugement dernier » est postérieur à la « Traversée flamboyante », l’accusé du premier pourrait être l’homme rivé de la seconde. Rivé à sa planète, en formant un croissant, gravitant sans errance au-dessus d’un paysage doux et suave qui, telle une rose, comporte quelques épines, des tours ou collines acérées. L’homme aux mains absentes fut-il ainsi condamné ?
Dans cette éventuelle condamnation, est-il aussi heureux que celui ou celle enfermé(e), protégé(e), dans la translucide sphère de « La joie sacrée » ? Sans doute, car sage et serein est le profil de son visage. Si la métallisation de son corps est un vestige de la robotisation d’une ancienne période de Gucciardo, elle l’a coulé en sculpture, dans un alliage de terre et de feu.
Voici, cher Salvatore, quelques étapes dans le voyage que je viens de faire au sein de ton livre.
Lorsque, naguère, tu me fis découvrir de tes tableaux, je restai abasourdie devant nos affinités cosmiquement visionnaires.
Mon conte La Source d'Incandescence, écrit en 2002, est paru en 2004 aux regrettées Éditions de la Page. Il vient d’être réédité aux Éditions M.E.O., en 2022.
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
MOSSOT — Travail personnel - Brigue - Chapelle Notre-Dame-des-Fontaines - Fresque du Jugement dernier
L’idéal inaccessible
un piton trop élevé
on s’y croyait arrivé
qu’il est encore invisible
on le recherche on le cible
mais on croit qu’on a rêvé
son temps est presque achevé
qu’on n’a pas fermé sa bible
on a cru dur comme fer
que le ciel comme l’enfer
pouvaient être de ce monde
on s’aperçoit que des deux
le second parvient le mieux
à garder son tour de ronde
1953. J'ai huit ans, et je suis en classe au village de Saint Etienne de Fontbellon ( Fontaine de Bellius) sous Aubenas ; c'est le cours moyen dirigé par le maître que j'adore : le père Escoutay qui fait aussi fonction de maire socialiste du village : ''La Souche''. Cet homme qui joue de la guitare ressemble à Georges Brassens comme son jumeau ( ''le vent qui souffle à travers la montagne me rendra fou''....Gastibelza l'homme à la carabine...'')
On vient d'écouter tout une série de conseils sur le respect à avoir pour notre belle et excellente langue française que bon nombre de pays nous envient...etc...etc... On est tous fin prêts pour la dictée de ce matin-là...sauf une absente, et c'est rare ! Jamais personne ne manque à l'appel de la dictée qui sera notée.
-Attention ! C'est la dictée de composition, relisez-vous bien !
-Oui, maître ! ( Réponse nourrie : fois 37, car on est 37 au cours moyen cette année-là)
Toutes les plumes à l'encre violette sont dans les starting blocks des encriers de porcelaine...
Une seule absente : Monique Malosse, l'aînée d'une famille nombreuse, famille serrée dont tous les enfants sont nés à un an d'intervalle à peine ; c'est dire si le père est vaillant et fier...et si la mère est épuisée, femme invisible : elle a donné naissance à une vraie touffe de champignons sauvages, bouilles rondes, cheveux raides coupés courts ; ils habitent en montagne au lieu-dit ''Les Espéraïgues''où toutes les sources sont vides l'été.
Pour descendre au village, la route est longue et ressemble à un lit de ruisseau à sec ; ils la parcourent toujours à pied, parfois en char-à banc tiré par deux bœufs. Ils apportent une petite cantine remplie de ''bombine'', ce fricot ardéchois de pommes de terre agrémenté d'un bout de lard, repas qu'ils mangent autour du poêle de la classe en hiver, un bout de fromage de chèvre et deux prunes en été, quelques châtaignes en automne...
Ah ! Ils ont du mérite ces petits paysans ardéchois, droits et vaillants par tous les temps et qui jamais ne se plaignent !
Ce matin-là, on est tous prêts pour la dictée du matin ; le nom de l'auteur est déjà écrit en belles lettres cursives au tableau : Marcel Pagnol lorsque :
-Toc toc toc...la porte de la classe s'ouvre
C'est l'aînée des Malosse, Monique, méconnaissable, ébouriffée comme un épouvantail de paille, le visage en sueur couvert d'égratignures et de bleus
-Bon sang Monique, dit le maître, que t'est-il arrivé ???
-Me sian toumba dédins oun bourdigas y me sian tout ingrapina lou mouré !
( Je suis tombée dans les buissons et je me suis tout égratigné la figure!)
Tout le monde a compris et personne n'a ri.
Monique, après quelques soins généreux au mercurochrome, le visage semblable à une pomme sauvage dévorée par les renards, a fait la dictée avec nous comme d'habitude, et comme d'habitude : zéro faute, puisque c'était la meilleure de la classe. Ce n'était pas un plongeon dans les ''bourdigas''ni dans le patois ardéchois qui allait changer les choses, bien au contraire !
"Comme tu viens souvent
je te donne la clef
de la porte secrète"
Souffle Pierre dans l'ombre
De cette grande salle
Où tout un bric à brac
Regarde la fillette...
Sa main reconnaissante
Serre la" Clef Magique"
Qui connait son royaume
Si près du magasin
De ce vieil homme tendre...
"Tu es presque ma fille
tu ne peux rien jeter
un siège ou un jouet
une lampe...un miroir...
compagnon de nos jeux
nous serions bien ingrats
d'omettre vos conseils
et votre fidélité
car en vous oubliant
nous effaçons nos jours
du tableau de la vie..."
"Merci..merci encore
d'avoir sauvé l'enfance
et la joie de mes rêves
qui vivaient au grenier...
merci d'être venu
et d'avoir acheté
à mes parents surpris
tout ce qu'ils voulaient vendre
pour faire de la place
au salon de Mamie...
Je n'étais que tristesse
et vous l'avez compris...
Je vous rembourserai
un peu chaque semaine"
Dit Camille au vieil homme.
"Je sais que tu écoutes
le silence et le vent
que tu parles aux insectes
et que les fleurs se penchent
en signe de respect
quand tu passes près d'elles...
Ma petite Camille
poursuit le magicien
à la voix merveilleuse
Sais-tu que ma boutique
dès qu'elle t'aperçoit
me parle d'une fée
qui règne sur les choses
et tout ce que tu vois
s'anime devant moi...
N'est-ce pas un paiement
plus vrai que de l'argent ?...
Tes amis te réclament
ils possèdent le livre
des mystères et des songes
Vas vite mon enfant
tu connais le chemin..."
Camille disparut
Au fond du magasin
Retrouver l'univers
De son nouveau grenier...
Sous l'astre de lumière
Au bonheur des fées...
Fin ...
Cette aventure fut imaginée, puis écrite avec le concours des élèves, lors des ateliers "Poésie" durant l'année 2012, au "Cours de l'Alphabet" à Cagnes sur Mer.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...