13 décembre 2014
6
13
/12
/décembre
/2014
09:00
Souvent les vœux par trop crédules,
Conduisent nos destins vers des maux majuscules,
Et le plus sûr talent, fût-il de Léonard,
N’en saura conjurer l’insigne canular.
Réfléchissons d’abord, pour un meilleur office !
Un âne fort nanti que taraude un caprice,
Oublieux de son près, tend un nez frémissant
Vers les hauts d’un clocher. Puissant
Est son désir, farouche son envie
D’y tondre - eh, la fourbe folie -
Trois brins d’herbes venus sous l’ardoise du toit !
Il en rêve, il s’obstine et ne mange et ne boit
Que par mesure extrême.
Il n’est qu’une langueur, tout lui semble carême
Et son maître à la fin engrange de l’humeur :
- Il me faut à Martin rendre son goût de vivre… !
Un jour, plus ou moins ivre,
Il encorde le cou du rétif animal,
Monte à la cloche et non sans mal,
S’armant d’une poulie, enlève
Avec des ho, des hisse et vous soulève,
Entre nuages, sol, l’indocile bourrin !
Pour atteindre au lupin,
Il se distend l’échine autant que l’homme peste ;
Le quadrupède alors, flaire son pain céleste.
Il la sent, s’enhardit, à ce point l’imprudent
Qu’il atteint à la chose, hélas ! Car saisissant la touffe,
A ce moment précis, notre fol âne étouffe !
Plus tard, le franc crétin d’aller nous raisonner :
- Ainsi voulut le Ciel, de me l’empoisonner !
Tels sont les sots complices,
Qui ne sauront jamais borner, ni mœurs, ni vices,
Non sans en rejeter le plus clair de leurs torts,
Sur un tel et consorts.
© Claude Gauthier
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits