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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 08:20
Depuis la nuit des temps – Abderrahmane Zakad
 
 
 
Depuis la nuit des temps, les contes, les chants, la poésie ont été pour les sociétés un moyen pour alléger les souffrances, défendre le territoire, renforcer l’identité et la culture. Dès le déclenchement de la Révolution Algérienne, les autorités coloniales ont procédé à l’arrestation systématique des chantres (les meddahs) dans les douars et les souks, comme en France, au XIIIème siècle les seigneurs interdisaient les troubadours dans les foires. Par leur méthode d’exposer et le contenu de leurs récits, ils alertaient le peuple en  favorisant l’éveil.
 
Au XVème siècle (déjà !), François Villon chantait la liberté. 
Mon seigneur n'est ni mon évêque,
Sous lui ne tiens, s'il n'est en friche
Foi ne lui dois n'hommage avec que,
Je ne suis son cerf ni sa biche
Peu m'a d'une petite miche
Et de froide eau tout un été ;
Large ou étroit, moult me fut riche
Tel lui soit Dieu qu'il m'a été.
 
A quoi sert la poésie ? On pose parfois la question. On pourrait se demander aussi bien à quoi sert un opéra de Verdi, une pièce de théâtre de Brecht ou une saudade. Que c'est beau "El Emigrante" de Juanito Valderrama ou encore Hyzia, ce  poème d’amour écrit par Benguettoune en 1880 lors de la mort de sa belle, Hyzia, fille des ouled naïls (Biskra). Et ces chansons napolitaines qui faisaient pleurer même Al Capone qui retrouve sa "Mamma".  Connaissez-vous les mélopées des femmes du Djurdjura ou celles des montagnes de Yougoslavie ou encore de Bulgarie. Quelles ressemblances dans les mélodies et les invocations de toutes ces femmes si lointaines et pourtant si proche par la manière de conter. Que c’est envoûtant l’Achwiq que lançaient les femmes de Kabylie pour conjurer le sort. 
 
Le premier poème a certainement été chanté dans une grotte du paléolithique par une femme pour endormir son enfant. La création poétique féminine la plus spontanée se rapporte à ce que la mère a de plus cher : son enfant. Plus tard, en tournant le moulin à bras pour écraser le blé ou pour ramasser les olives, la femme, toujours la femme, a suscité un souffle respiratoire en chantant pour apaiser les tentions musculaire dans leurs activités.
 
Les poètes, les écrivains, les artistes ont projeté d’étonnantes lueurs sur leur époque. Sans eux les peuples se replieraient sur la solitude.
 
© Abderrahmane Zakad



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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 08:18
Trois blessures noires – Victor Varjac
 
 
 
Trois blessures noires
sur le corps d’azur…
Trois taches profondes
aux ailes de nuit…
Trois signes croassant
au sommet d’un if…
Trois larmes sonores
et le visage du jour
qui balbutie ses pas
sur le chemin de l’aube…
… Mais qui tresse une couronne
en mensonges d’espoir
en fêlures de vent
au milieu d’un silence
qui se noie dans ses cris ?...
Le voyage commence
et le ciel déborde
les frontières du doute…
L’ombre s’efface
car tout ce qui existe
s’abandonne au grand jeu
de la métamorphose…
Les lignes et les points
par caprice ou défi
transforment leurs empreintes
en cercles sans paupières…
en figures nouvelles
aux couleurs changeantes…
Peinture matinale
d'un paysage hirsute
qui s’étire
sur le seuil précaire
d’un avenir possible
contemplant son chef-d’œuvre
ivre d’un songe radieux
aux mains tendues d’amour !...
… Mais dans la course du ciel
trois blessures noires
trois ailes de nuit
croassent au sommet
d’un if sombre et droit…

© Victor Varjac
Antibes, le 25 juin 2011


Extrait du nouveau recueil de Victor Varjac « Les Fiançailles de l’Aube » aux Editions Chemins de Plume

 
 
 
 
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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 08:06
Je t’aime, m’aimes-tu ? – Béatrice Pailler
 
 
 
Un baiser volé, à tes lèvres, dérobé
C’est un baiser osé, déposé sur tes lèvres de rosée.
 
Ce baiser voulu, à mes lèvres défendues,
Soudain me fut rendu par tes lèvres mises à nu.
 
Sur tes lèvres mes baisers.
 
 Baisers légers,
 Baisers sucrés,
 Lèvres aimées,
 Lèvres salées.
 
Tes baisers sur mes lèvres.
 
© Béatrice Pailler  
 
 


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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 08:00
Conte à rebours – Michel Duprez
 
 
 
J'ai changé mon carrosse doré en une énorme citrouille,
mon superbe attelage en stupides souris,
mon cocher bien dodu en un rat tout ratatiné,
mes six plus fidèles laquais en horribles lézards.
Le jour où Cendrillon disparut pour de bon
et qu'il ne resta plus à sa place
qu'un tout petit tas de cendres,
je me suis rendu compte au bout du conte
combien j'avais perdu au change
et j'ai changé mon fusil d'épaule
en commençant par changer un lapin en chapeau
pour mieux saluer le temps qui passe,
ensuite une statue de sel en blonde incendiaire
pour réchauffer au feu de l'amour
ce cœur plus frissonnant qu'un enfant perdu dans la nuit.
Mais – Hélas, trois fois hélas ! -
l'idée m'est à nouveau venue de refaire le monde.
J'ai donc changé le singe en homme,
l'homme en génie,
le génie en lampe,
enfin la lampe en ce fichu bec de gaz
qui provoqua l'étincelle soupçonnée
- à tort -
d'avoir déclenché la guerre froide.
Alors, en attendant le dégel,
lassé d'avoir vendu tant de sable dans le désert,
j'ai décidé à compter de ce jour,
et ce jusqu'à ce que mes vieux os soient changés en poussière,
de laisser la nature suivre son cours
et de continuer à gagner ma vie
en reprenant mon petit commerce de glaces
au Pôle Nord.
 
© Michel Duprez 
 


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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 08:15
La marche - Djida
J’ai le grand plaisir d’accueillir, aujourd’hui, un nouvel auteur : Djida, Algérienne. J’aime son écriture. J’ai fait sa connaissance grâce à Abderrahmane Zakad. Nous commençons, aujourd’hui, avec un texte en prose et par la suite, je publierai les poèmes qu’elle voudra bien me confier. Jean Dornac
 
 
 
 
 
 
 
      Un jour, alors que Mohand et Zahir étaient entrain de méditer sur leur avenir « en duo », un ami arrive et leur apprend qu’il y aurait une marche le lendemain. Les deux garçons étaient ravis d’apprendre cette grande nouvelle ! Ils allaient pouvoir parler de leurs multiples problèmes, tous leurs souhaits allaient être entendus. Leurs rêves les plus fous allaient devenir réalité. Ils avaient trop de choses à dire. Mohand en avait marre que son père le réveille tous les matins pour qu’il aille se trouver une occupation, ou faire une petite formation et obtenir un diplôme. Zahir, lui, était fâché contre sa mère car elle refusait de lui donner l’argent que son défunt père leur avait laissé. Il voulait passer son permis de conduire, et sa mère voulait qu’il obtienne d’abord son bac. Les deux « enfants » étaient révoltés ; et ils allaient pouvoir le dire enfin. Le dire haut et fort. Mohand veut s’exprimer ; il veut « la paix ». Zahir veut avoir les moyens qu’il mérite. Il a vu une paire de chaussures à 10.000Da ; et le pauvre ne peut pas se la payer ! « C’est des chaussures géniales ; elles sont « Trop ! », elles marchent toutes seules ! « C’est des Puma ya mhainek, tu veux t’arrêter quelque part, tu leur dis « l’arrêt » elles s’arrêtent ! ». Disait Zahir. C’est fini, ils n’allaient plus se laisser faire.
« Demain on ira à cette marche » Dit Zahir.
« Oui on va rovondéké »
« On a le droit de rovon… nos droits »
 Puis Zahir et Mohand se regardent l’air de dire… ça veut dire quoi RO  VON… Mais ils baissent la tête puis ils se lèvent pour rentrer chez eux et se préparer pour la marche.
 
          Le lendemain, les garçons se lèvent très tôt (9h30 !) et partent « revendiquer » ! Ils se sont mis en tenu de combat ; chaussures volantes, jeans a la Justin Timberlake, casquettes a l’envers, téléphone portable dernier hurlement et Mp5 (pour ne pas tomber dans l’ennui, ou pour donner le rythme ; va savoir !!). Et s’il venait à perdre ces gadgets, ils vont le revendiquer tout simplement. Ils arrivent à l’arrêt de bus et après avoir attendu une heure, ils demandent à un passant pourquoi ils ne voyaient pas de bus passer. L’homme leur répond qu’il y avait une marche ! Ils se lancent alors dans une course dont ils allaient certainement se souvenir toute leur vie. Ils arrivent au milieu d’une horde de « marcheurs ». Mais c’était trop calme ! Les marcheurs ne revendiquent rien, ils ont les yeux fixés dans le vide et les colonnes vertébrales bien à la verticale ! Mohand et Zahir qui étaient en position d’attaque (Jambes écartées et…collines… invertébrés…) se regardent et se redressent. Mais ils se disent que cette position n’est peut être pas appropriée, et qu’elle ne va pas avec leur attitude et leurs jeans taille basse. Ils se demandent pourquoi c’est aussi clams ?!
 
          A la maison, le soir venu, Zahir et Mouhand regardent les informations ; on parle de la marche qui a eu lieu dans la journée pour rendre hommage aux martyres de la guerre ! Devant la télévision, le père de Mohand est ému. Il repense à son père qu’il a perdu pendant cette guerre alors qu’il n’avait que dix ans. Et la mère de Zahir se souvient de l’histoire de sa grande mère, morte de chagrin et de honte. Elle avait été violée par un soldat français. Elle se demande si on peut la considérer comme une « Chahida », ou juste comme la femme souillé et violée de la guerre. Tous dévorent la télévision des yeux, L’air pensif, et les deux marcheurs aussi. Mais eux ils essayent de voir s’ils peuvent s’apercevoir au milieu de la foule. Et oui, c’est trop cooool de passer à la télévision.
 
© Djida
 
Coline : pour courbé
Invertébrés : Pour la bêtise de deux jeunes gens
L’arrêt ! pour arrêt, chez nous c’est correcte.
Ya mhainek : Une expression qui veut dire «  réalise ! » ou « regarde les choses en face ! » ou encore «  les chaussures sont trop belles attention ! »
 
 


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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 07:57
Au cœur des ténèbres – Michel Bénard
 
 
 
Au cœur des ténèbres
Et des brumes visqueuses,
L’empreinte du temps s’interroge
Sur les ombres du passé.
Face au retour des effarés
Ployés sous l’hypocrisie
Des paroles mensongères,
Blessés par le fardeau
Des promesses vénales,
Le paysage devient irréel.
Au seuil du passage
Le sage seul attend,
Dans un champ de lumière
Le temps des résurgences.
 
© Michel Bénard.



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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 08:35
Les étoiles comme feux d’artifice - Ode
 
 
Les étoiles comme feux d’artifice
Filantes ou pas, célébraient nos épousailles
Épousailles étranges, toi du Grand Héron, le fils
Moi fille du Vent venue d’un autre portail

L’Univers avait pour nous préparé cette rencontre
Rencontre si belle de nous deux
Là où la terre et les cieux se confondent
Là où nos corps se sont fondus en camaïeu

Ô ! Miracle de l’Amour et du Rêve
Ce soir là tu m’auras envolée avec toi

… Jusqu’aux Origines du Monde…
 
© Ode



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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 07:48
Cœur douleur – Jean Dornac
 
 
 
Cœur brisé par l’horreur
Cœur douleur face à la souffrance
Des proches, des amis ou collaborateurs
Cœur éclaté face à l'indécence
Des actes de ces démons
Sortis un instant du néant
Pour y retourner à jamais !
 
Cœur saignant pour les victimes
Policiers en service ou passant par là
Juifs juste parce que Juifs
Dessinateurs à l’humour de génie
Qui n’avaient pas de sang sur les mains
Juste des taches d’encre ou de feutres
Cœur en souffrance et désespérance…
 
Cœur fier et heureux
Par les foules défilant
Dans les rues de nos villes
Comme un universel défi
Aux fanatiques, aux barbares
Cœur espérant qu’enfin
Nous savons que nous sommes frères !
 
Cœur inquiet si le racisme renaît
Hurlant à  la vengeance contre les musulmans
Cœur angoissé si des concitoyens
Passent à l’ennemi par bêtise
En appliquant sans le comprendre
Le plan des arriérés sanguinaires
Par déficit de cœur et de réflexion !
 
Cœur flagellé par l’absence d’amour
Par le rejet total de l’aimer
Par la volonté d’infliger la mort
De préférence lâchement
Et sans raison valable
Blessant toute l’humanité
Pour alimenter un stupide ego…
 
Cœur infiniment triste
Que la laideur de la haine
L’emporte finalement toujours
Sur la beauté de l’Amour
Et que les ténèbres de la nuit
S’imposent encore
En dérobant la beauté du jour…
 
© Jean Dornac
Lyon, le 18 janvier 2015



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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 08:08
ODE AUX MORUES – Carmen
 
 
(elles se reconnaîtront...)
 
Une MORUE se prend pour une SARDINE
Son grand fantasme, elle le clame sur tous les tons & à tous les THONS.
 
 
Voyez-vous, une SARDINE
ça brille,
ça frétille,
ça se dandine,
C’est classe en société !
 
La MORUE entendez-vous,
Ça hue,
ça mord,
ça rue,
C’est autrement moins sympathique.
 
Mais la nature est ainsi qu’elle revient au galop...
Et une MORUE
Bien déguisée en SARDINE, reste une MORUE !
 
Aussi Messieurs lorsque entre elles deux vous choisissez...
Si vous préférez la MORUE,
dites-vous...
être un peu MAQUEREAU !
 
© Carmen - Texte protégé
09/09/2012



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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 08:10
Le Pauvre Pion – Francis Jammes

 

 
Le pauvre pion doux si sale m’a dit : j’ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé. 
 
Bien sûr que le pauvre diable n’a pas de mère
pour le consoler doucement de sa misère. 
 
Il vit comme cela, pion dans une boîte,
et passe parfois sur son front froid sa main moite. 
 
Avec ses bras il fait un coussin sur un banc
et s’assoupit un peu comme un petit enfant. 
 
Mais au lieu de traversin bien blanc, sa vareuse
se mêle à sa barbe dure, grise et crasseuse. 
 
Il économise pour se faire soigner.
Il a des douleurs. C’est trop cher de se doucher. 
 
Alors il enveloppe dans un pauvre linge
tout son pauvre corps misérable de grand singe. 
 
Le pauvre pion doux si sale m’a dit : j’ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.
 
Francis Jammes 
 
http://www.poesies.net/francisjammeslangelusdusoir.txt



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  • : Ce blog est dédié à la poésie actuelle, aux poètes connus ou inconnus et vivants.
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