Poème de Barnabé Laye et la sculpture est de Franceleine Debellefontaine.
Chimères ou offrandes
Nous n’avons que nos rêves
Comme héritage
Et l’aube est promesse
Pour un nouveau soleil
Et l’aube est promesse
Pour une soif rebelle
Tu étais aussi simple
Que le dos de la main
Que la pierre du lavoir
Ou qu’une laie de soleil
Sur le parquet de la chambre.
Si simple que tu ne laissais
Qu’un peu d’ombre sur mon âme.
Tu voulais donner si peu
Un mince filet d’eau
Chuchotant sous la palme,
Qui ne troubla point
Le ruisseau de ta vie…
Tu avais si peur d’être aimé
Et restais si loin
De ma faim, de ma soif
Que je m’en retournais
A mes moissons d’étoiles.
18 mars
Quelle ardeur te propulse au coeur de ton semblable,
Recherchant un miroir en l’humeur du moment ?
Ne t’aventure par sur le sol malléable,
Reste ferme à ton poste et donne assidûment.
19 mars
Je regagne ma place au poste d’aiguillage
Pour surveiller de haut la juste direction.
En jaugeant d’un coup d’oeil l’effort d’appareillage,
Je ne laisse passer aucune inattention.
20 mars Passer, laisser passer, offrir libre passage…
Toujours en mouvement, le mot lance des ponts.
D’une rive à une autre, il sert le bon usage,
Il tisse des liens, suscite des répons.
21 mars
Le choeur de la nature appelle nos répons,
Amplitude sonore au lent balancement.
Ce fragile équilibre, hélas, nous le rompons,
Sans cesse renvoyés au recommencement.
Vent lutteur, bilboquets des pluies, la saison joute. Des arbres, l’été mûr à fruit croule. Faînes et châtaignes gisent en poignées ; yeux sous la paupière des feuilles, mots sous la paupière du silence.
Vies pleines, cerfs et biches festoient, rassasiés des fruits : temps du présent accompli.
Sobre silence des bogues ; vide aux jonchées de l’automne, lèvres aux jonchées du poème : heures pleines du temps accompli.
Depuis très longtemps
L’Un à l’Autre, étions très attachés,
Petit à petit son amour, en moi, a grandi
Sa beauté aussi.
Pourtant, très complice,
Parfois du mal m’a fait.
Quand, de rire, j’éclatais
Scintillante, Elle s’illuminait.
Elle aimait partager, déguster,
De la vie, toutes les saveurs.
Aujourd’hui, Elle est Partie
Pour un Autre ailleurs.
Frivole,
Dans les hauts jardins de l’imagination,
je te trouverai broyant la couleur
au revers du coquelicot éphémère,
accoudé au temps et à la butée des étoiles,
à fortifier la frêle charpente de la toile
que le couteau déjà entaille de son entière passion.
Je te trouverai absorbé dans l’intervalle
entre le geste et son intention,
entre la beauté et son interrogation,
au coeur d’une lumière différée,
à la torche ressaisie sur la cécité du jour
et dans le halo d’une certaine idée de l’amour.
Dans les hauts jardins de l’imagination,
tu me trouveras au dernier quartier lunaire,
sur la balançoire obstinée qui balaie le vulgaire,
à la strate du mot et à la nuque d’un bras de mer.
Tu me trouveras au sang bleu d’un théâtre mental,
à la mouette qui se cogne à la butée des étoiles.
Tu me trouveras dans l’étroit du mot,
dans l’écriture du ventre et son cachot,
entre le centre et le contour,
entre le dire et son silence,
au coeur d’une partition langagière,
à la torche ressaisie sur l’éphémère
et dans le halo d’une certaine idée de l’amour.
Je ne suis qu’un oiseau de passage
survolant un paysage éphémère.
J’écoute le silence de l’écume
d’un pays mutilé
par les tourbillons du temps.
Parfois les montagnes dévoilent
une chute d’eau,
un torrent argenté.
des fleurs multicolores parfument l’espace
ensorcelantes fragrances .
où sont les hommes ?
Ils ont quitté la terre martyrisée
pareils à des animaux
quittant le navire avant le naufrage
ils sont partis vers d’autres sphères.
avec leurs rites
de la pensée
les souvenirs barbares
rugissent en moi
d'inépuisables courbes
telles des blessures
ne cessant leur agonie
me voilà confronté
au vivre qui s’épuise
à cet appel trépignant
ses impatiences
aux indicibles aveux
quand chuinte encore
le va-et-vient du tourment
pour avoir donné le feu
Prométhée souffre l’aigle
qui lacère son ventre
et savoure ses entrailles
pour avoir trop aimé
le voici proie
de l’implacable loi
être la plaie furieuse
qui enfle, machinale
au souvenir du temps
façonner le gouffre
s’y couler, s’y noyer
une nuit dernière
en résines d’éternité
l’épaisseur du noir
monte et m’envahit
suis-je encore homme
au parapet des vertiges
ou châle que l’on jette
quand s’inscrivent
La Guerre, d'Otto Dix, triptyque peint entre 1929 et 1932
Mais qui sont ces ignobles
Fossoyeurs des droits de l’homme,
A propos de qui, de quoi,
En fonction de quel droit,
Au nom de quelle loi
Brisent-ils l’écho de nos voix,
En raison de quel pouvoir osent-ils
Déclencher une tragédie mondialisée.
Mégalomanie démesurée,
Insoutenable paranoïa
Aveuglée des fumées de la vanité.
Mais qui sont ces hommes
Plus proches du Léviathan
Que de l’apparence humaine,
Nous rapprochant de l’immonde.
Aucune guerre, aucune violence,
N’ont de justes raisons
Sinon celle de l’aliénation.
Sur ce linceul silencieux ,
Seul perce le cri prédateur,
Le ricanement cynisme
Sidérant symbole du chaos.
Mais qui sont ces créatures
Profanant le sens même de la croix,
Mais qui sont ces hommes
Sans nulle compassion
Pour leurs frères de sang
Portant la mort au fond du regard.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...