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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 07:04
A l’aune de l’univers – Jean Dornac
©Salvador Dalí, L'énigme sans fin
 
 
 
Que sommes-nous à l’aune de l’univers ?
Pas même une misérable poussière…
Il en est qui s’imaginent au sommet
Et du pouvoir se montrent si gourmets
 
Ils ne songent, ô grand jamais ! à leur propre fin
Elle arrive plus ou moins inopinément
Venant les rattraper dans ses filins
Comme le ferait n’importe quel amant
 
Et je songe à ma propre décrépitude
Annonciatrice d’un futur cruel trépas
Je n’ai pour cela aucune aptitude
Mais demande-t-on son avis à l’appât ?
 
Sentir que tout s’échappe
Se savoir déjà en partie dans la trappe
Ne rien pouvoir retenir
Pour mieux nous obliger à mourir
 
Je voudrais pourtant résister
Pour prolonger ce qui me reste de vie
Et garder la flamme allumée
Mais que faire quand à rien, on est réduit ?
 
Ô combien me semblent dérisoires
Les luttes humaines si repoussoirs
Qu’elles soient au nom d’un dieu
Ou d’idéologie tragiquement boutefeu
 
Ô combien sommes-nous ridicules
Lorsque nous croyons détenir la vérité
Que bien sûr comme tous les crédules
Nous ne pouvons pas sérieusement vérifier
 
Faut-il regretter d’être né, un jour, par hasard ?
Nul ne peut répondre à notre place
Certains se la posent, âme et cœurs hagards
 D’autres se regardent dans une glace…
 
Et presque tous, nous nous posons les questions
Du pourquoi, du comment et tout à foison…
Nous savons que nous n’aurons nulle réponse
Alors, nous inventons et nous écorchons contre les ronces…
 
©Jean Dornac
Lyon, le 26 avril 2015

 


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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 07:14
Les nuits de Bougie - Abderrahmane Zakad
 
 
 
La rue est déserte, une porte rugit,
Le vide envoûtant des nuits de Bougie.
Nuits sans mouvements, sans bruit et où l’air
Mélange son parfum à l’iode de la mer.
 
On frôle distrait les verdures dans l’ombre
Et les rythmes digitales bourgeonnant de poésie
Epanouies de floraisons de senteurs sans bornes
Bougie ! Bougie ! Nuits d’été et frénésie
 
Le frisson des ramures que love l’alizé,
L’orgueil de l’ipomée pour l’abeille câlinée,
Le musc arrogant du galant de nuit,
La cigale qui craquette, la luciole qui luit.
 
S’entend la mélodie d’un rire velouté
D’une femme romantique et charmeuse.
Il pleut la mélancolie tombant du ciel voûté,
L’ambre et le benjoin sur la cité radieuse.
 
Piaffant et roucoulant près d’une porte close
Un amoureux transi qui piétine les roses
La femme s’esclaffe, chaste et puritaine
Vive et sensuelle sans être hautaine
 
Le chant tragique d’un luth s’atténue
Emportant vers le large la musique et le rythme
Il garde à l’horizon sur la mer et aux nues
La mémoire antique en des pics charnus
 
Le mouedden appelle et s’entend tout près,
Un passant se hâte, l’ombre décroît,
Une chatte, sans ombre, se retire assurée
La ville s’endort dans un rêve de soie.
 
On ferme les yeux pour mieux ressusciter :
- Datus le romain et Saldae du fond des âges[1]
- Nacer ibn Hamad dans la Casbah l’été
- les tribus fatimides campant sur la plage
 
Ibn Toumert  venant de loin[2]
Pourchassait une jeunesse gaie
Qu’Ibn Khaldoun avec  tant de soins
Préparait  au combat contre Charles Quint[3]
 
Nul geste n’aurait ce soir arraché,
La corde du chalut au port amarré.
La lune traîne, ronde et assagie,
Hésite et s’arrête sur le golfe de Bougie.
 
Quand les poètes pour plaire à Bougie
Epelleront les vers sans savoir qu'aujourd'hui
Malgré le temps qui coule et les stances qui fuient
Ils auront aimé qu'on lise leur symphonie.
 
©Abderrahmane Zakad
Alger
 

[1] Sous le règne d’Adrien (117-138), le gouverneur de Saldae, Varius Clemens adressa un texte au gouverneur de la Maurétanie Césarienne, texte qui est gravé sur la stèle qui se trouve  face à l’ancienne mairie : « Au nom de la cité splendide et de ses habitants, je te prie seigneur, d’engager le niveleur Nonius Datus, vétéran de la 3eme division Augusta, à venir à Saldae afin d’y terminer son œuvre ». L’œuvre consistait au tracé de l’aqueduc venant de Toudja.
[2] Ibn Toumert séjourna à Béjaia à partir de 1118. Pourchassé, il se réfugia à Mellala.
[3] En 1555, Salah Rais assiégea Bougie pour en chasser les troupes de Pédro de Navarre installées de puis 1509. En 1545, Charles Quint de passage à Bougie consolida les fortifications. Apparut alors la légende de Sidi Bou Djemline.
 
 
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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 07:31
Blanche neige – Michèle Freud
 
 
 
 
Dans son atelier magique,
sur un balcon du ciel,
une fée, avec un savoir-faire inné,
crée de la neige, une neige unique,
fine, poudreuse, légère
comme du sable entre les doigts.
Voilà qu’elle tombe maintenant
à gros flocons, minuscules cachets
qui s’agitent en équipe,
se bousculent, se percutent.
Frileuse, la campagne se protège.
Elle se couvre
d’une épaisse couette blanche.
Les buissons ont l’air de grosses meringues
craquantes et glacées.
Les arbustes, en vis-à-vis,
sont des dômes de Chantilly.
Quant aux bouquets d’arbres,
on dirait de gigantesques barbes à papa.
Le silence, sans à-coups ni coup de foudre,
se cristallise.
Tout est blanc,
Même l’air, même le ciel.
Tout est blanc.
Mais quand la neige fondra,
Que deviendra-t-il,
ce blanc ?
Sera-t-il lumière, poussière d’étoiles ou arc-en-ciel ?
S’inscrira-t-il en signes secrets dans l’azur ?
Dans mon cœur, je le sais,
il sera jardin de perce-neige…
 
©Michèle Freud

 


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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 07:14
L'albatros – Charles Baudelaire
Charles Baudelaire
 
 
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
 
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
 
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
 
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
 
Charles Baudelaire
 
 
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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 06:48
DÉSIR DE CONNAÎTRE - Nancy Turnier-Férère
 
 
 
                                   À vous tous
 
Si un jour on me demandait
Pour qui écris-tu
Ces précieux poèmes
Je dirais qu’ils sont tous
Pour celui que j’aime
 
Si un jour on m’abordait
Pour me dérober
Des détails succulents
Je dirais simplement
De prêter bien attention
 
Si un jour on me traquait
Pour me chiper
Des réponses hâtives
Je dirais joyeusement
Tu es à côté de moi
 
Si un jour on me truquait
Pour me peiner
Me mettre en brouille avec toi
Je dirais franchement
C’est un amour inébranlable
 
Si un jour toi tu le voulais bien
Pour en finir
Je dirais véritablement
À tous ces curieux jaloux
Combien je t’ai sous la peau
Tu es celui qui veille sur moi
Et nous nous aimons à la folie
 
©Nancy Turnier-Férère


 


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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 06:51
Matin – Denise Bernhardt
 
 
 
Pourtant les oiseaux
Donnent leurs plus beaux chants,
Et Mozart la même musique
Qui vient jusqu’à mon cœur
Que ton cœur assassine.
Les rideaux pénétrés par le vent
Soulèvent des espaces blancs
A l’orée de l’été,
Où viendra le temps
De laver les eaux
Sur les pierres de lumière
Pour retrouver
Le cristal de l’âme.  
 
© Denise Bernhardt

Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.


 


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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 06:45
CE QUI EST – Luce Péclard
 
 
 
Monsieur notre mental
S’y prend à sa façon
Pour nous assujettir :
Il envoie dans les têtes
Des bribes de passé,
Des moments de panique,
Des peurs irraisonnées.
Et nous voilà flottant
Sur une houle inquiète.
 
Comment trouver l’issue
A ce perpétuel mobile
Pour goûter simplement,
Dans sa belle exigence,
La liberté de ce qui est ?  
 
© Luce Péclard

Extrait du recueil de Luce Péclard, « Pars si tu peux » aux éditions du Madrier




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20 avril 2015 1 20 /04 /avril /2015 06:50
Amour de Femme – Michaële Bernos
©Photo J. Dornac  - Jardin des chartreux lyon 1
 
 
 
Soupirant
Sous tes caresses chaleureuses
 
De ta tendresse et de ta douceur
Je suis gourmande
 
Cette affection et ce bonheur
En offrande
 
Me comblent de joie
Et me mettent en émois
 
Toi qui as su me rendre femme
En mon corps et mon âme
 
©Michaële Bernos
 
 
 
 
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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 07:05
Chaque soir – Victor Varjac
©Vladimir Kush
 
 
A Hubert Reeves
 
Chaque soir
l’ombre dévore le ciel
découvrant une plaine
immense et terrible
où sur leurs tiges d’étincelles
cent milliards d’étoiles
remontent le Temps…
Ce miroir sans visage
et sans fond
à la mémoire du feu
où la fièvre extrême
du commencement
conserve le silence
et la lumière close
qui régnaient dans l’espace
avant le premier souffle…
La grande Porte Noire
me regarde
et je me perds
face à ce passé
qui contient
je le sais
toutes mes autres vies…
Le beau vaisseau des songes
ose à peine l’aventure
où le plus petit sentier
devient une tempête…
… un passage… un vertige…
… un ravin… une chute…
… un ogre de couleurs…
Tout me semble si vaste
presque irréel
pour le pas d’un homme
entre infini et mystère
et mon désir d’âme
tel un rêve de sang
traverse les âges
avec mes yeux d’enfant !...

©Victor Varjac
Antibes, le 4 novembre 2011


Extrait du recueil de Victor Varjac « Les Fiançailles de l’Aube » aux Editions Chemins de Plume

 
 
 
 
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18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 07:06
Cure – Gilles Lecoq
 
 
 
Bipolaire, dit le médecin en chef de la Psychiatrie,
Organisatrice de ses soirées entre fous,
Où nous jouions gaiement aux échecs.
Mat ou Pat, peu importait.
 
Bipolaire, pris entre deux pôles.
Pôle Nord et Pôle Sud,
Paul Nort et Paul Sude,
Pôle contre épaule,
Épaule contre épaule,
He !! Paul !!
 
Et qu'est-ce qu'un pôle ??
Négatif dans leurs complaintes
Résumatoires d'une Vie Entière.
Positif entre deux prises de bonbons
Roses qui te la font toute en Rose,
Voir, cette Vie.
 
De leurs tiroirs à étiquettes humaines,
En protocole rigide
Telle des coups de triques
Spatio-temporelles crâniennes,
De l'intérieur de ta Tête
Tu t'extirpes,
Pour refuser leurs Pôles.
 
Non deux, mais tant
Et tant,
Au temps qui s'ajoutent,
Se confondent, t'embellissent, t'ornent,
Te magnifient, t'illuminent,
Ou pas,
Pas d'ombres sans Lumières,
Et vice sans versa,
Versa sans tille.
 
Tu te confonds avec ces girouettes
Que tu combats contre les Moulins à Vents,
Tel un Don Quichotte
De la Mancha.
 
Sans faire la manche,
Tu te les retrousses et,
Tu essayes d'autres cieux,
Tu renais encore et encore,
Tu tentes et retentes,
Car, malgré tout,
Tant de choses
Encore
A faire, à voir,
Que ton périple à jamais ressasser
Sur les écrans noirs de tes nuits, presque blanches,
Qu'il suffit d'une aurore,
Même pas boréale
Pour que tu...............................
 
©Gilles Lecoq
 



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