La vie émerge comme une île
au milieu de ce temps
qui donne à l’éphémère
ses lettres de noblesse
mais où l’homme se contente
d’un passage si bref
que son regard
n’atteint jamais
la main de la lumière…
Captif d’un jour
l’espoir lui-même
ne desserre pas
les mâchoires du piège
qui nous enlace et nous fascine…
Il nous faut marcher
dans le sable des heures
pour atteindre le lieu
où l’existence plonge
dans l’abîme et l’oubli…
Les mots hélas
ne savent que se taire
aucune porte où frapper
aucune vitre ouverte
à l’appel de notre angoisse…
La paix n’entre même pas
dans la flamme des lampes…
Tout est sombre
sur les genoux du soleil…
Il est temps de renverser
l’encrier du chagrin…
Il est faux de dire : je suis né. Faux de dire : je mourrai un jour, seul convient de dire : je brûle. Ou mieux encore : de dire de cela qui brûle, je suis le feu. P. Emmanuel in Sophia
Migraine, migraine, migraines saintes tout se brouille, s’éclaire en jeux de mots, l’auteur ne sait plus s’il dort ou sommeille, s’il est encore vivant. Toute chose est dépourvue de vérité, tout est impermanent, inconstant, tout est projection de son esprit, il erre dans la ronde des existences. Dans « mi-graines » il y a le mot graines, et l’auteur ensemence ses mots à l’envers à l’endroit, ce sont des messages enfouis, une langue maternelle d’une autre vie.
Ara dans un arrière- plan psychique, tantôt ruisseau, tantôt torrent, brouille, amalgame, jongle avec les lettres sans les voir, car la migraine s’approche de moi telle une morte sur un miroir vide.
C’est tantôt un balbutiement, tantôt une force éclatante brûlante, venue de la nuit des temps, peut-être du néant car la migraine est messagère du néant, elle est cendre froide ou terreau purificateur et « glisse entre les seins des songes ».
Apparaissent, ici et là, de petits cristaux que l’auteur amalgame en déployant ses potentialités, ce sont parfois des messages enténébrés de lumière en arc en ciel, et les mots ruissellent avec les fontaines fendues, mots que le lecteur cueille tels des fruits vivifiants, ou vénéneux qui l’exaltent le terrassent, lui échappent, le construisent, le métamorphosent, ce sont des mises en abyme, des réalités ou des reflets d’être. L’auteur ne cesse de déplier l’inexistant et en même temps il y a tentatives d’être au plus près de l’évanouissement qui m’écoule.
Dans la sphère du réel lointain est-ce l’intention qui l’habite à chaque acte qui le déclenche ? Le poète entre en action avec un vocabulaire chargé d’émotions, de rhétorique, peut-être en quête de son karma. Il sème, fouille, renverse, jongle fait des détours, des allées et venues mais toujours quelque chose se creuse comme une tentation d’être au plus près du monde ou du néant.
D’où vient le langage qui pousse l’auteur à écrire ? il est souvent derrière le miroir sachant que partir au-delà est toujours dangereux car le dragon veille. Il exprime un contenu inconscient tout en se souvenant que l’esprit n’est que souvenir du néant, nitescence de la nostalgie du néant mis en scène, qui tout à coup comme un jet d’eau étincelant fait irruption de sa conscience et trace ses intentions intérieures qui se démultiplient de miroirs en miroirs, de fêlures en brisures : la chambre marron me fend telle une guillotine en deux miroirs qui se cognent l’un contre l’autre.
Ce feu qui le brûle est « cette modalité du feu artiste, celle qui assure la liberté du cœur »1
Selon la déclaration d’Hermès il faut semer l’or du sol de la terre promise, ce sont les sèves du texte, et pourtant titubant, somnambule, je me lève dans un exil / où je ne me reconnais plus. Mais comment savoir où se situe l’auteur : « Si tu ne connais pas la clef des instructions, tu ne reconnais pas les sons, les lumières et les rayonnements et tu erreras dans le cycle des existences2 » mais Ara écrit avec l’abîme je nourris mes questions, mes attentes sont des caillots de réponses.
Mi-graines est un hors temps, un hors lieu, un plongeon dans le Styx, dont on remonte, ou pas, les neurones ont le vertige et les migraines tombent/ tels des oiseaux morts d’un arbre sans feuille.
Dans mi-graines le lecteur se gave, s’enroule, s’étourdit de ce qui le nourrit, il est parfois étonné, transformé, vacillant, mais il n’a jamais la migraine. Il lui reste le possible d’être, sachant que, le centre s’il ne peut être atteint, il y aura toujours les bords pour reprendre souffle, mais cela peut être dangereux car c’est presque une valse avec Méphisto.
Comme le dit le préfacier Dan Cristea, « Ara Shismmanian n’est pas seulement un poète inspiré, c’est un poète qui inspire ».
Bruno Perramant - La couverture rouge (Léviathan), 2011
La retraite certes mais pas la défaite
Même si à force de passer,
le temps a quelque peu usé notre corps,
même si les mots parfois nous échappent
et vont se cacher sournoisement
dans les coins les plus sombres de notre mémoire,
nous n’avons pas encore oublié
ce qui donne du relief à la vie,
cette délicieuse insolence,
soi-disant apanage de la jeunesse
et que l’on croyait depuis longtemps perdue.
Mise simplement de côté, juste par obligation,
elle nous est soudainement rendue,
ajoutant les plaisirs de l’esprit
à cette liberté si vaillamment acquise,
celle d’user du temps à notre guise.
Il y a très peu de lecteurs actuellement... A quoi est-ce dû ? Guerre, covid, présidentielles en France ? Comment savoir ? Mais j’ai la joie d’accueillir une nouvelle poétesse, Alix Lerman Enrique, membre, notamment, de la Société des Poètes Français ! J’espère que vous lui réserverez un bel accueil ! Bienvenue à vous, Alix !!
La bouilloire siffle
à côté des oranges amères.
dans l’odeur du pain noir,
des feuilles de menthe
qui parfument mon chagrin.
La cloche sonne :
Huit heures à l’horloge
tandis que le soleil
monte haut
dans le ciel d’avril.
Et cette rose émiettée
qui poudroie
comme un ciel d’enfance
dans son verre ébréché,
rose sans parole
assoiffée de silence.
Ā mes doigts,
quelques perles d’eau,
quelques gouttes de miel
qui suintent comme
un nectar de jouvence.
L’heure n’est plus à l’enfance,
pourtant, mais au soir
d’une vie éraillée de rires
faite de chuchotements,
parfois de pleurs à peine tus.
Géricault - Le radeau de la méduse (symbole du naufrage de toutes vies - JDornac)
Nous naissons et mourons
en un même naufrage
Qui parle de terre ferme ?
Nos répulsions et nos délices
croisent la même mise à feu
dans les jardins du paroxysme
Nos errements nos certitudes
ont cette morsure identique
au talon de leurs équipées
Les victoires et les défaites
se disputent les mêmes jeux
les mêmes torrents galvaniques
leurs cris de foule et leurs outrances
leur même tanière abyssale
Fourches caudines Sous le joug
de votre impériale jactance
nous vivons à jamais l’hiver
les sombres promesses du soir
et l’été de nos résiliences
matutinales
Nager sur les vagues du vent
Et animer le paysage de sa vision
Déplacer ces monuments ancrés dans l’histoire
Que ma parole réchauffe de ses mots
Il se passe du temps dans l’espace du regard
Quand tu longes ces gestes inscrits dans la matière de ta terre
J'écris sur toi, mon amie, le sais-tu ? Ce n'est pas mon affaire, me diras-tu, et pourtant que peux-tu penser de « la fraternité par le poème » ? Tu veux rester à l'écart, le poète est celui qui rêve plus qu'il ne vit, crois-tu et tu as peut-être un peu raison ! Mais ne doit-on pas rêver une vie pour mieux la vivre, car parfois sans le rêve, la vie n'est pas des plus supportables ; alors, viens et rêvons, veux-tu, rêvons, ma chère tourterelle aimée, pour ce que tu es, pour ce que nous sommes…
Vient de paraître le 25 mars 2022
« Sur les pas du silence… »
Livre de luxe 21 x 21 cm
80 pages Quadri rect/verso 140g/m2
Couverture rigide pelliculage mat
Fragments des toiles de
Daniel Convenant artiste peintre
Préface et poèmes
Michel Bénard Lauréat de l’Académie Française
Editions Les Poètes Français
ISBN : 978-2-84529-345-8
Nom :………………………………………………………
Prénom :…………………………………………………….
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L’exemplaire : 35 € ( pour la France métropolitaine)
Nombre exemplaire :………………Total :…………………€
Bon de commande et règlement par chèque à l’ordre de Daniel CONVENANT à envoyer à
24 avenue de Paris 78000 Versailles
MERCI POUR VOTRE AIMABLE SOUTIEN GRACE AUQUEL CE LIVRE VIVRA
Scintillii nel cuore del silenzio de Sonia Elvireanu – Éditions Giuliano Ladofi. Traduction de Giuliano Ladolfi (2022)
ou
L'arc-en-ciel du silence
Dans son dernier recueil, Sonia Elvireanu écrit depuis le silence, pour et par le silence et passe d'un silence habité à un autre.
Dans ce nouveau parcours poétique, tout n'est que pont d'un amour à l'Autre, d'une rive solitaire à un rivage peuplé, d'un ciel blessé à un ciel confondu, du rêve au réel, d'un chant bleu au chant immortel.
L'arc-en-ciel qui enjambe le recueil, lien de lumière et de couleurs est ceinture entre le ciel et la miraculeuse argile. Parce que ce silence en elle, Sonia Elvireanu le provoque, l'écoute et voit le monde qui l'entoure avec les yeux du ciel. Je me suis retirée dans la solitude/ pour être près de toi, te chercher et te parler, écrit-elle. Et par ce vers, on distingue le double mouvement qui dans ce recueil anime la parole de la poétesse : se recueillir en sa solitude pour retrouver l'amour perdu mais aussi se rapprocher d'un autre Amour qui englobe le premier.
Dès le premier poème, Sonia Elvireanu donne le ton. La poésie pour elle, est ce seul murmure en langue bizarre où la voix étrange du Poète s'élève et celle du Très Haut descend en parfaite communion. Je t'écris où toutes les choses parlent car parler c'est lumière.
Et tout parle en couleurs, en lumières, en explosions de fleurs, de fruits, en parfums délicieux, en langages d'oiseaux qui remplissent le vert/ silence de la solitude comme un lien entre terre et ciel. Les bras du silence.../ s'accrochent aux odeurs et la poésie peut devenir l'eau miraculeuse de la guérison.
Il y a dans cette écriture une forme d'élégance soyeuse (le mot soie est récurent), un sentiment d'intemporalité symbolisée par les papillons blancs messagers ou écailleurs d'ombres (à l'aube, des ombres écaillées de papillons), un effleurement des pas sur l'ardoise du sable où la poétesse écrit l'amour, la solitude, une tentative d'aller au-delà des lointains, là où attendent l'amour et peut-être cet Amour qui signera la fin de la solitude.
Dans le même temps, s'exprime tout au long du recueil une souffrance vigilante qui refuse l'orage des mots noirs qui risquent d'entraîner vers la chute et veille à refaire chaque fois, le pont écroulé pour que l'arc-en-ciel s'y pose.
La poétesse devient la myrrhe de l'amour, celle qui cicatrise et encense en élevant son parfum vers le ciel.
Cette poésie bruisse, bouge, frôle, coule. L'eau – océan, source, fontaine, ruisseau- est aussi présente que la lumière, aussi subtile et essentielle.
Sonia Elvireanu écrit aussi depuis le cri noir du confinement, des ravages du virus, ce rouge qui s'étend comme la rougeole alors même que le printemps se montre dans sa splendeur et qu'un arbre vert/ pousse en nous. Ce silence de tombeau l'incite à la prière comme un appel à la lumière de la Résurrection.
Peu à peu, la sérénité se fait chemin en la poétesse qui commence à voir la beauté/ dans tout ce qui (l') accueille et féconde les terres stériles de la solitude des fleurs de la parole poétique.
La langue de Sonia Elvireanu toute de délicatesse, de touches infimes tel un flocon/ dans la chute des neiges ou l'effleurement des papillons/ sur les eaux de l'oubli atteint les tréfonds du silence telle la perle/ souffle de psaume.
Le silence alors parle, articule la lumière, la beauté, l'attente, la solitude et la soif de l'Amour car le mot a pris corps, il est incarné, il est arc-en-ciel.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...