Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mai 2015 5 15 /05 /mai /2015 08:51
Tout ce sang répandu - Michel Duprez
 
 
 
 
Tout ce sang répandu dans la nuit du langage,
Ce sang bleu, noir, blanc, rose, en rêve éparpillé,
Preuve de mon passage en ce lieu redouté,
Ce paradis perdu poignardé par l’orage.
 
Tout se sait, nul n’échappe à cet œil sans visage
Qui vous condamne un jour au silence glacé,
Comme si l’on pouvait cacher le feu sacré
Qui nous a rendu fous et donné l’air sauvage !
 
Tous ici, morts ou vifs, toujours montrés du doigt,
Parfois contraints de vivre envers et contre soi,
Pauvre de nous, les seuls à seuls avec nous-mêmes.
 
Tout savoir nous est dû mais, là-bas, nul ne sait
A quoi peut bien rimer ce terrible secret :
Être nous malgré tout quand dorment nos poèmes.
 
©Michel DUPREZ

 


Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
14 mai 2015 4 14 /05 /mai /2015 06:38
La vicieuse. – Djida Cherfi
 
 
 
Elle titille mon esprit,
Elle réveille mes ennuis.
Elle me nargue avec mes soucis,
Parfois je l’entends qui rit !
Elle gratte mon âme,
Pour m’empêcher d’être une femme.  
Elle écrase ma poitrine,
La vicieuse, la maline !
Elle m’empêche de bien respirer,
Pour mieux me dominer.
Elle vide de vieux placards,
Pour me mettre le cafard.
Elle efface les souvenirs,
Qui me rendent le sourire.
Elle s’installe en confort,
Elle frappe de plus en plus fort.
Elle m’arrache le cœur,
Qui s’habitue au malheur.
Elle refroidit la chaleur,
Qui atténue la douleur.
Pour que jamais plus je ne me sente,
Assez forte et puissante.
Elle affaiblit mon corps,
Pour que ça ce voit au-dehors.
Elle m’impose cette fragilité,
Que je refuse d’accepter.
 
©Djida Cherfi
28/04/15

 


Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 06:56
Entre rougeoiement de braseros – Michel Bénard
 
 
 
 
Entre rougeoiement de braseros
Sous l’arche étoilée
D’un couchant « joalien »,
La frontière est fragile
Du rêve à la réalité.
L’objet du désir se profile
Esquissant la gracieuse silhouette
D’une femme obsidienne,
A la peau soyeuse et au corps luisant.
Simplement se confier à l’intime
D’une page blanche,
C’est déjà dispenser les reflets
D’un amour utopique et passionné.
Partir en pèlerinage
Sur le mirage d’un voyage,
C’est se mettre en offrande
Mendiants que nous sommes
Tous assoiffés d’intimes tendresses.
Illuminés de subjectives beautés,
Il ne nous reste plus qu’à replacer
Nos images dans l’herbier de la mémoire,
Pour aller jusqu’à la sacralisation
D’une impression d’éternité
Aux senteurs d’une nuit africaine.
 
©Michel Bénard.

 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 07:00
Ce jour là – Ode
 
 

Tu me tenais la main ce jour là
Tu me parlais d’amour
Sur la plage, nous nous sommes arrêtés
Tes mains sur ma peau
Tes lèvres sur ma bouche
Nos deux corps soudés
Sans qu’un seul souffle du vent ne passe

Dans ma tête, il y avait tes yeux
En mon corps, le désir
Je nichai mon nez au creux de ton cou blanc
Je sentis sous ta peau battre le flux de ton sang

Ah ! Respirer ton odeur qui m’enivre encore
Et toi qui te laissais couler dans mon corps
Comme un bateau ivre
Dans l’océan de tendresse assoiffée, de caresses de feu
Emmêlant nos boucles en une course folle
Vers nos rivages
Écoutant le vent chanter pour nous
Les corps emmêlés comme rubans de soie

Montaient le soleil des brumes
Et les odeurs végétales

Dans le creux de tes mains tu me tenais
Dans mon corps, je te gardais au chaud
Au fil argenté de l’eau
Nous avons chaviré jusqu'au creux du monde
Jusqu’à la petite mort
Ce jour là...
 
©Ode

 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 06:57
La Veuve Noire - Jean Dornac
 
 
 
Grinçante, méchante
Jamais elle ne manque
De piquer sa proie
Fixant son venin
Dans les âmes désemparées

Jalouse jusqu’à la maladie
Ses paroles blessantes
Écorchent les êtres sensibles
De ses pattes, elle se dresse
Comme un mur inviolable

Elle impose sa volonté
Sans égard pour la société
Alliée des plus noirs desseins
Attirant ses victimes
Par de douces mélodies

Elle endort les méfiances
Par sa sinistre science
Promettant d’une patte
Ce qu’elle supprimera
D’un seul coup de dard

Hideuse image
De ce qui fut un jour
Une frêle femme
Elle devient monstre
Au service de ses intérêts

Un jour pourtant,
Elle trouvera face à elle
Un être plus futé
Qui lui fermera le bec
Par quelques mots bien sentis

Elle partira s’enfermer
Dans sa laide tanière
Fulminant contre ce monde
Qui rejette ses manières
Maugréant sa misère…

©Jean Dornac
Paris, le 26 janvier 2011


 
 


Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 06:40
DILETTANTE – Pierfetz
Dilettante façon Dali ! - AFT©
 
 
 
Goutte la pluie.
Tonne l'orage.
Derrière les vitres je m'ennuie.
Je guette le prochain nuage.
 
Je suis arrivé plein de rêves
Que je pensais réaliser.
Je n'étais pas un bon élève
Dans ce monde tétanisé.
 
Foudroyée par ses inventions,
L'Humanité atomisée,
Encombrée de contradictions
Se retrouve désorganisée.
 
Au diable les gens de conventions,
Les Savants et les Moralistes,
Les encaisseurs de commissions...
Ils méconnaissent la vie d'artiste.
 
L'Artiste apporte par son travail
La Fantaisie qui nous enivre,
Ecarte les épouvantails,
Sème Plaisir et Joie de Vivre.
 
Pleurer souvent, parfois en rire,
De la réalité aux rêves,
Dilettante savoure ses Soupirs
Volés sur une portée de trêves.
 
Pierfetz©

 


Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 06:54
La pie – Michèle Freud
Photo J.Dornac©
 
 
Eglantine vivait seule sur une colline. Les arbres, les fleurs, les oiseaux ainsi que tous les animaux de la forêt étaient ses amis. Un chat blanc et une pie ne la quittaient pas : un chat affamé de caresses, une pie familière comme un pigeon de cathédrale mais si voleuse qu’un jour la jeune fille lui dit : « Puisque tu te crois très douée, je vais te demander un service ; je te préviens, c’est un service spécial qui réclame esprit d’initiative, voire d’aventure. »
« Alors c’est à ma portée » répondit la pie pleine d’orgueil. Mais avec une pointe d’inquiétude, elle demanda : « De quel service s’agit-il ? »
« Oh, il s’agit tout simplement d’aller dérober au soleil un de ses rayons ! »
« Rien que cela, et pourquoi pas décrocher la lune ? »
« Mais bel oiseau moqueur, ce n’est pas à ta portée, c’est tout ! Cependant, je vais te donner un conseil : vole jusqu’à la mer et, là, attends l’heure mauve, celle où le soleil se couche en épousant les flots ; tu verras, ses rayons sont tout doux, rafraîchis par les vagues. Alors, à ce moment-là, tu cueilleras le plus pur rayon d’or ».
La pie, sans un regard, s’élança vers le ciel et disparut, absorbée par la brume.
 
Les jours et les semaines passèrent. L’oiseau ne revint pas. Il avait peut-être suivi la mouette dans son royaume d’algues et de sable, il avait peut-être voulu goûter au baiser froid de la mer, ou tenté de découvrir les chemins de la voie lactée vers l’inaccessible étoile…
Eglantine ne céda par au remords d’avoir demandé à la pie une tâche aussi difficile. Il a pourtant essayé de s’infiltrer en elle. Mais la petite flamme rose de l’espoir veillait  et le remords qui craint la lumière n’insista pas.
 
Et un matin tout neuf rafraîchi par une pluie cristalline, elle le vit apparaître à la fenêtre. Elle était si heureuse de le revoir, qu’elle ne remarqua pas tout de suite l’une de ses plumes, toute tissée d’or. Mais c’était son rayon de soleil, elle n’en croyait pas ses yeux ! Elle tira sur le fil qui se déroula facilement. L’oiseau la regardait : dans ses yeux, elle lut sa fierté d’avoir accompli une aussi belle mission, mais elle y vit aussi les reflets du soleil se baignant dans la mer et la vague d’émeraude jouer avec la mouette. Elle y vit tout cela et tellement plus encore. Mais comment le dire ? Elle avant beau chercher, elle ne trouvait pas les mots mais son cœur savait et c’était l’essentiel. La pie lut le message et s’envola sans toucher au repas qu’elle lui présentait, rassasiée d’une autre nourriture.
 
Quant au rayon d’or, Eglantine le déposa dans l’un des tiroirs de son cœur, pour qu’il l’ensoleille à longueur d’année et fasse fleurir dans ses yeux tout un jardin où chacun pourra cueillir une pensée de joie, de tendresse et d’amour…
 
©Michèle Freud

 



Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 06:41
Grossesse – Thierry Deschamps
©" Femme enceinte " BÉATRICE CASSARLA
 


Grâce de ton visage au sourire épanoui,
Rondeurs qui t'enveloppent d'une aura de bonheur
Ovale de ton ventre qui abrite la vie,
Seins dressés fièrement en un geste d'offrande.
Silhouette qui me rappelle que je ne suis qu'un homme
Et qu'entre nos deux êtres, la différence est grande !
Semblables sont nos espoirs, nos peurs, nos envies
Seule tu as cependant le plus grand des bonheurs
En toi vit le futur, l'absence à jamais évanouie.

~~*~~
 
©Thierry Deschamps
 
 
 




Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 07:06
Ophélie – Arthur Rimbaud
©Alexandre Cabanel
 
 
I
 
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchées en ses longs voiles.
On entend dans les bois lointains des hallalis.
 
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
 
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
 
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
 
II
 
O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
 
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
 
C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
 
Ciel! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !
 
Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
 
 
Arthur Rimbaud
15 mai 1870.
 
 
Partager cet article
Repost0
6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 07:28
Ligne de fuite – Denise Bernhardt
 
 
 
Tu es mon fruit doux-amer
Quant tes paroles nient
La douceur de tes mains
Inscrivant des calligrammes
Sur mon corps étonné.
Tu es mon heure grise
Quand tu dis « oui »
Du bout des doigts
Et « non » avec le cœur.
Je prendrai mon amour
Les couleurs de ton ciel.
J’attendrai que tu reviennes
De ces terres indécises
Où l’horizon élide
La promesse des eaux.
Car quelque chose en toi
Se délite,
Comme les roches blanches
Erodées par la mer.  
 
© Denise Bernhardt

Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.


 


Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Couleurs Poésies 2
  • : Ce blog est dédié à la poésie actuelle, aux poètes connus ou inconnus et vivants.
  • Contact

  • jdor
  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...

Recherche