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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 09:35
PAROLES – Michel Duprez
©Rafal Olbinski
 
 
 
Et si tous ces mots que nous venons de prononcer
perdaient la mémoire au bout d'eux-mêmes ?
En aurons-nous passé des années
À coiffer l'horizon de lumières
Et espérer plus qu'un vague souvenir
D'une prédiction à chaque fois détruite.
En aurons-nous corrigé des épreuves
Avant de paraître à nouveau au monde,
La nuit plantée en nous comme un jet d'eau
Et les paumes fendues par la fatigue.
Le jour imprimait sur notre joue
Les premiers palabres de la terre.
Il n'aurait pas fallu parler trop bas
Ni égarer ses regards dans le ciel,
Mais cueillir, tout au long des chants de pauvreté,
Les fruits d'un avenir pareil à notre enfance.
 
©Michel Duprez
(« Présent ultérieur », La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1981)

 


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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 06:49
Un espoir sur les flots – Djida Cherfi
Alexandre Cabanel
 
 
 
Dans l’océan aux dix mille vagues,
Puissance plus l’infini,
Elle se débat et elle divague,
Les bras levés sans répit. 
Fouettée de tous les côtés
Pour faiblir et sombrer,
La peur et l’adrénaline acharnées
La poussent vers le haut pour espérer.
Elle espère voir ce grand bateau
Qui viendra la sauver.
Halo de lumière et bordé de canots,
Près d’elle, il viendra ancrer.
En vigueur et déterminé,
L’allure d’un super héro,
Il arrivera en grande beauté,
La grâce d’un espoir sur les flots !
Quand le temps d’un délire,
Elle baisse la garde et s’enfonce,
La réveille ce désir
Qui l’envahit de sa force.
Il la ranime lorsqu’elle remonte à la surface, et
Qu’elle se fige comme un bloque de glace.
Elle l’entend alors arriver,
Pour que son combat puisse continuer.
Va-il enfin la sauver ou est-elle encore entrain de divaguer ?
Avec émoi et en sanglots, elle commence à réaliser
Que sa tête n’est plus hors de l’eau qu’à moitié,
Et que le vent, sur sa peau, vient délicatement glisser.
Il soulève jusque sur le pont,
Son corps harassé et pendant. 
La tête en arrière un sourire dessiné,
Cœur enfin apaisé.
 
©Djida Cherfi
20/08/2015
 


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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 07:06
Insolente et furtive beauté – Michel Bénard
 
 
 
 
Insolente et furtive beauté
Déployée comme aile d’ange effaré
Devant l’immense incertitude humaine,
Lorsque, irrémédiablement le temps s’écoule
Défiant l’éclat pourpre et arrogant
D’une vieille, vigne vierge,
Ultime sursaut d’illusoire désir
Scintillant aux yeux
D’une femme en larmes.
 
©Michel Bénard.
 


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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 06:53
Écrits de Femme - Ode
Photo J.Dornac©
 
 
 
Dans les allées de mes écrits
J’ai appelé l’amour, j’ai crié la vie
J’ai parfumé mes pas de foin d’odeurs
Fais cueillette des mots aux branches du cœur

Dans les allées de mes écrits
Je m’y suis perdue, toi aussi
Tu as bu à la robe écarlate des mots
Pour te soûler, t’évader de tes maux
Tu as fait mon rêve tien
Tu as touché de mon Ange, la main
Tu as retrouvé le goût de vivre
Jusqu’à en devenir ivre

Tu m’as emportée avec toi dans les jours renversés de nos terres humides
Des semailles jusqu’aux vendanges, là où le soleil rétrécit la lumière
Je t’ai fait visiter mon île, mes eaux, ma chaleur, mes hautes herbes


Au fil de ma vie,
Au tournant de mes écrits
Tu as humé mes vents
Et tu as fait danser tes tourments
Sur mes nuages ouatés, tu as fait ton lit
En moi tu as fait ton nid
Et je t’ai accueilli

Dans les allées de l’écriture
Est né un amour plus grand que nature
Et tu m’as touchée, là où le cœur bat
Dans le renversement lunaire des ébats

Avec toi j’ai atteint la grandeur, le sublime
Ensemble nous sommes montés jusqu'aux cimes
À mourir d’amour dans les parfums de chair
Qui montent de la haute mer

Et le temps brise tout sur son passage
Dans les allées de nos écrits, s’est déchiré mon corsage
L’épine de la rose en a brisé le tissage

Je reste là, regarde ton beau visage
Tiens ta main jusqu’au bout du paysage

Dans les allées de mes écrits
Dans les sentiers de ta vie...

Le temps d’une vie, le temps du cœur durent le temps de la fleur
jusqu’au verso de l’amour…
 
Ode©
 


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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 06:49
Femme battue – Jean Dornac
 
 
 
 
Tu es là, agneau fragile
Comme un animal sacrifié
A la folie d’un mâle débile
Qui ne sait que frapper
 
Tu es là, belle encore
Mais déjà marquée par les coups
De l’imbécile qui frappe ton corps
Jusqu’à ce que tu sois à bout…
 
Pourquoi ne quittes-tu pas
Ce monstre, cette infecte brute
Qui sans cesse lève son bras
Et dont l’ultime désir est ta chute ?…
 
Ô pauvre fleur d’amour
Ta beauté, sous les heurts, flétrit
Il est trop pénible le poids de tes jours
Tu as épousé un salaud en guise de mari…
 
Cet ours sans cervelle
A osé porter sa main sur toi
Toi qu’il disait la plus belle
Prétendant être ton roi !
 
A jamais, il ne sera
Qu’un triste bourreau
Quelque chose d’un rat
Bourré comme un tonneau !
 
Stupide jusqu’au bout des doigts
Il ignore combien tu es fragile
Il n’a que faire de l’amour et de ses lois
Il n’y a que dans les coups qu’il est agile !
 
Comme tous les crétins, il a peur
L’arme des demeurés reste la violence
Il prétend encore t’aimer avec chaleur
Alors, il te frappe en forte cadence…
 
Et toi, tu subis, tu cries, tu supplies
Rien ne sert face au déchaînement du fou
Il serait plus prudent que tu le quittes et l’oublie
Avant qu’il ne te tue à force de folie et de coups…
 
Quitte l’enfer qu’il t’impose
Ce n’est qu’un ange du mal
Tu n’es pas sa chose
Quitte enfin, ce maudit bal…
 
Quitte ce monde de la mort
Reviens chez les vivants
Pour connaître des jours forts
Fais renaître en toi la sublime enfant…
 
©Jean Dornac
Lyon, le 30 août 2015
 



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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 06:30
BROUILLARD AUTOMNAL - Pierfetz
" Dimanche Blues " - J. Léonard ©
 
 
 
Il crachine ...
Tout pourrit en terre sous mille feuilles.
Noir de Chine, lavés délavés,
L'automne est en deuil.
 
Qui pourrait croire un seul instant
Que déjà le bourgeon attend,
Prêt à s'enfeuiller à nouveau,
Pollen en l'air, pétales dans l'eau.
 
La vie sans cesse recommence,
Les herbes folles à travers prés,
L'été a passé le relais.
A tous les temps, dans le même sens.
 
Moments d'arrêt, moments de vie,
Handicaps en travers de route,
Dos courbé sous intempéries,
Instants propices pour le doute.
 
Il faut remiser l'attelage,
Rentrer bien seul à pied chez soi...
Le bon chemin est d'être sage,
Ne plus trotter comme autrefois!
 
Temps mélancolie, temps malheur,
Temps craché, mauvais temps moqueur,
Vendanges tardives, mais temps bonheur.
A déguster avec fureur !
 
Pierfetz ( 2002 ) ©
 



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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 06:51
Oméga – Thierry Deschamps
" Le secret de leur bonheur " JÉRÉMY COSIMI
 
 


Oubli ! Inexorablement arrive ce moment.
Moment si fugitif dans son éternité.
Éternité qui lie la fin et la genèse.
Genèse qui n'a de sens que si il faut attendre.
Attendre la naissance des vers de l'oubli.

~~*~~
 
©Thierry Deschamps
 
 




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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 06:45
Le rire c’est magique – Michèle Freud
 
 
 
Sur un banc de bois, au milieu d’un jardin public, est assis un vieil homme, immobile, le regard éteint, le dos voûté sous le poids d’une solitude trop lourde à porter. Les passants lui jettent un coup d’œil indifférent et le laissent rêver seul au désert de son être. Soudain une envolée de rires en cascade retentit dans l’espace. Notes cristallines qui dansent dans l’air, devenu tout à coup frémissant. Et le rire, tel un être vivant, s’approche lentement en s’amplifiant. Il est là maintenant près du banc, incarné dans une petite fille pure et fraîche comme une fleur d’amandier. Le vieux monsieur tressaille, se redresse, esquisse un sourire. L’apparition de cet enfant semble pour lui un rayon de soleil pénétrant au milieu du brouillard. La petite fille ne dit rien mais dans son regard, se dessine le paysage de l’amitié. Brusquement, elle lance des éclats de rire tonitruants qui, telles des girandoles de cristal, montent, montent si haut qu’ils touchent les nuages et peignent sur le ciel gris des tapis d’anémones. Et puis ces éclats lumineux, ces fragments de joie, de bonheur, d’allégresse, retombent doucement en arcs-en-ciel vivants, en éclaboussement multicolores. En regardant ce spectacle insolite où chante la beauté, le monsieur se met à rire, non pas d’un rire gras et bruyant mais d’un rire léger, encore hésitant. Et voilà qu’il se sent renaître à une vie nouvelle, qu’un oiseau bat des ailes dans son cœur. Toutes les larmes qui ruissellent sur ses joues, sont des larmes de reconnaissance envers la fillette, qui en lui réapprenant à rire, en lui offrant son amour, vient de lui réapprendre à vivre…
 
©Michèle Freud



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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 07:06
SERAIS-JE UN VIEUX ? - Gérard GAUTIER
 
 
 
 
Quand mes cheveux blancs
Seront devenus
Ou ne seront plus,
Quand ma démarche
Moins assurée se fera
Serais-je ce vieux
Par les oiseaux aimé
Pour les miettes de pain
Au parc, jetées ?
 
Serais-je ce vieux
De douceur,
Par les enfants entouré
Pour le mystère merveilleux
Des histoires bien racontées ?
Serais-je ce vieux
Charmant, charmeur,
Qui à tous temps
Appartient et
Vers «l’après», doucement,
Sans crainte,
S’avance en souriant ?
 
Serais-je ce vieux
Grincheux, rabougri, aigri
Nauséeux,
Rejeté sans cesse
Par tous, comme
Blanche écume,
Pour avoir SOI-MÊME
Seulement
Toujours aimé ?
Serais-je ce vieux,
Haineux aux jeunes,
Des guerres glorieuses
Et imbéciles
Qu’ils n’ont pu faire ?
 
Serais-je ce vieux
A la démarche déambulatoire
Incertaine, sans but
Marmonnant sans cesse
Après le temps qui
Sans cesse
N’en finit pas
De ne pas passer
De ne pas finir ?
 
Serais-je ce vieux
Sans famille, sans ami
Laissé pour compte
De la vie et des gens
Dans la salle d’attente
D’un mouroir anonyme ?
Serais-je ce vieux
Espiègle, coquin
Aux yeux pétillants
D’une impuissante
Concupiscence
Aux mains voleuses
D’une caresse aux fesses
De femmes charnues,
Toujours espérées
Jamais possédées ?
 
Serais-je ce vieux
Facétieux, à la
Goualante faconde,
A la verdeur
D’un printemps
Qui n’aurait jamais
Connu d’été ?
Serais-je ce vieux
Avivant ses regrets
Mâchonnant un passé
Toujours plus éclatant
Que la pâle réalité vécue
Et soliloquant
« Si j’avais su… »
Serais-je ce vieux
Sage, d’avoir connu
Toujours curieux,
Avide de mieux découvrir ?
 
Mais serais-je, jamais
Un vieux ?
 
©Gérard GAUTIER                                                
Saint-Brieuc 1981
Recueil ECLATS 1983



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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 07:14
Ravissement – Denise Bernhardt
 
 
 
 
Un jour où tu fus accablé
De grandes lassitudes
Je posais doucement
Ma tête sur ton cœur,
Tes mains lissant mes cheveux
Entre les fils soyeux
D’un songe.
Comme une fleur d’ambre
Je m’offrais à tes caresses
Pour recueillir en mon calice
Une éternité de lumière.
Pendant que les nuées
Nimbaient de transparences
Un temple d’or blanc
S’élevant sur la mer.

© Denise Bernhardt


Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.



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