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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 05:18
Trilogie - Claude LUEZIOR – par Michel Bénard
Editions l’Harmattan- collection Poésie (s) 2015.
 
Volume no I: Fragment. (87 pages)
Volume no II: D’un seul geste. (89 pages)
Volume no III: La couleur d’un silence. (97 pages)
 
 
Au fil des décennies, c’est au rythme de l’orfèvre que Claude Luezior cisèle son œuvre, romans, essais, ouvrages d’art et poésie, avec un égal bonheur, jusqu’à parfois tutoyer ou égratigner le ciel. 
Remarquable et incontestable parcours littéraire et poétique que celui de Claude Luezior.
Il pérégrine au balancement régulier du métronome, rien qui ne puisse arrêter l’élaboration passionnée et éclectique de son œuvre.
Sa dernière « Trilogie » - I -Fragment – II - D’un seul geste -  et – III - La couleur du silence - appartient à cette mouvance.
Patiemment, pareil  à un bon compagnon artisan, il ajuste, peaufine ses mots sur un établi encombré de lettres, signes, songes, et il annonce la couleur dans cette nouvelle « Trilogie : »
Il fragmente !
 
« Ces poèmes sans rime, naissent dans un incubateur d’étoiles. » 
 
Claude Luezior, ressent une nécessité de retour à l’originel, à la pureté initiatique, à l’heure des moissons et de l’engagement.
Au travers de ce besoin de dépouillement le verbe devient rédempteur.
Ce dernier nous forge toujours de brèves, mais remarquables formules.    
 
« …/…le charbonnier
a cloué ses absences
aux portes de la foi. »
 
Une foi des plus discrètes vibre au fond de lui-même. Foi ? Ou plus précisément le questionnement d’un retour au sacré, à la symbolique initiale. Page après page nous cheminons dans la sacralisation et son parfait contraire se manifestant par une espèce de provocation.
Les vers qui se dévident entre les pages de cette « Trilogie » sont brefs, très courts, incisifs, ils vont à l’essentiel, semblables parfois à la manière des haïkus.
Il jongle avec de magnifiques autant que surprenantes métaphores, chaque strophe est en elle-même un poème. De fulgurantes images y fourmillent.
Trilogie - Claude LUEZIOR – par Michel Bénard
« …/…ouvre
les entrailles
du miracle
par ton geste
sacré…/…
  
La vie parfois s’embrouille, les chemins s’emmêlent sur le grand labyrinthe, mais pourtant la poésie est toujours présente pour réconforter nos incertitudes.
Les textes de cette fulgurante «  Trilogie » se veulent libres, sans rime, sans ponctuation, la poésie ici n’existe qu’au prix de cette liberté effrénée autant qu’échevelée.  Nous y ressentons la volonté de sobriété, le frissonnement  mystique, l’épurement à la manière cistercienne en forme de chant grégorien.
Sans oser prétendre faire un comparatif élémentaire, je retrouve au fil des pages une résonance qui n’est pas sans rappeler un peu : «  La montée du Carmel » de Saint Jean de la Croix.
 
« …/…au bout
d’une alchimie
de songes
et d’ave 
toucher
le stigmate
et renaître
par la Croix…/…
 
Claude Luezior perçoit souvent dans l’existence, une grande hallucination, une déferlante d’angoisse, d’étranges mouvances paranoïaques, les démences qui spolient et mettent l’homme à nu. Qui le place face à lui-même et à son insignifiance.
Nous sommes ici confrontés à une remarquable poésie épurée confondue à une profonde réflexion existentielle. Parfois il nous est même possible de nous égarer en quelques espaces ésotériques, en d’énigmatiques cryptes mythiques.
L’ouvrage est fragmenté de subtils aphorismes et sentences qui nous resituent face à nous même en nous abîmant dans une sorte de contemplation.
Il arrive aussi à Claude Luezior de se faire quelquefois iconoclaste ! Il fait l’autodafé des clichés, des idées reçues, des pensées formatées. Il « mécréante » gentiment, il
«  anticléricalise » avec lucidité, toutes les religions prennent une estocade au passage.  
La purification touche même la ponctuation qui est réduite à sa plus simple expression.
Par l’effet d’un seul geste, Claude Luezior nous invite à changer de regard. Il est un mystique animiste, un prince de la liberté.
Ce geste alphabétisé est tout l’acte révélateur de la poésie. Nous y croisons quelques fois des échos nietzschéens à l’esprit chamanique.
Trilogie - Claude LUEZIOR – par Michel Bénard

…/… intemporelles

partitions

pour druides

qui parachèvent

les fantasmes

d’un cosmos

intime.//…

 

Il nous arrive également de décrypter des scènes rappelant Jean-François Millet, des tintements d’angélus sur les terres pacifiées du soir.   

Effleurement de temps à autre sur la pointe des pieds de l’hermétisme, où notre poète avertit par des voies détournées que l’amour peut conduire jusqu’à l’implacable loi de l’anéantissement tel le mythe de Prométhée.

La vie est une sorte de turbulence, de folie brodée de désespérances, de stigmatisations festonnées d’aveugles insouciances, d’infantiles démesures noyées par des rires crédules. La chute et son déclin sont inévitables, alors autant sombrer dans le fol oubli du grand carnaval final, protégés que nous serons par le masque de l’anonymat.

Un temps pour tout, vie, amour, frénésie, larmes, beuveries des oublis.

Le poète fait en sorte de s’égarer, de se perdre un peu sur l’océan de l’existence, alors il quitte son port sans boussole, sans sextant, ni astrolabe, mais il sait encore lire dans les étoiles.

Claude Luezior le confesse, il a joué au poète plutôt que de porter le glaive, il a préféré et grand bien lui en a pris, agiter un calame effarouché.

A choisir je préfère l’image de Claude Luezior en poète ébloui, plutôt qu’en mercenaire !

En touche finale il ne reste plus qu’à faire l’amer constat des heures vulgaires, de la perte d’un certain sens du beau.

 

« …/… à quoi bon ces lignes en perdition

que l’on nomme esthétisantes

alors que des gens, dits de lettres

ont perdu jusqu’au sens du beau ?.../…  

 

Claude Luezior se situe plus que jamais dans le questionnement de la grande confusion de ce début de siècle, il s’indigne du grand mensonge libéral mondialisé au détriment des peuples et à l’aliénation des nations.

Sous la bannière du doute le poète se réfugie dans les alphabets de l’amour et tourne son regard vers une éternité nouvelle colorée de silence.

Une belle et longue route à cette «  Trilogie » qui laisse flotter autour de nous, l’instant d’un rêve l’étonnement d’un voyage intemporel.

 

Michel Bénard.

Lauréat de l’Académie française.

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 07:25
C’est une vague – Denise Bernhardt
©Paul Delvaux
 
 
Ainsi je poétise
Chaque instant de toi…
Et le temps peu à peu
S’amenuise.
 
 
C’est une vague
Qui me soulève et me dépose
Sur ta poitrine
Comme une algue arrachée
Aux cavernes marines.
C’est mon corps abandonné
S’irriguant de ta vie,
Dans un bonheur procédant
De l’étreinte impérieuse de ta main
Tenant ma main captive
Quand t’envahit le désir.
C’est la plénitude
Bien avant l’amour.

© Denise Bernhardt

Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.




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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 06:45
LA DÉCISION – Luce Péclard
 
 
 
 
A vivre en décalage
Au long de l’existence,
Il se perdait en route.
 
Maint tourment, mainte énigme,
Mainte voie sans issue,
Maint élan incompris,
Maint dialogue étréci.
 
Il cherchait le bon carrefour,
Suppliait la rose des vents.
Ayant épuisé les recours,
Il se rongeait d’isolement.
 
Un jour, à bout,  il décida
De déplier tous les zigzags,
D’aplanir les hauts et les bas.
Il sut dès lors apprivoiser
La plus directe ligne droite !  
 
© Luce Péclard

Extrait du recueil de Luce Péclard, « Pars si tu peux » aux éditions du Madrier


 


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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 06:51
MON HOMME TAMARIN – Nancy Turnier-Férère
Oeuvre anonyme – Burkina Faso – Photo J.Dornac©
 
 
 
Tu es mon fruit tropical
Trempé dans mon clérin
Ce breuvage qui me régale
Je te bois jusqu’au matin
 
Couchée sur ta branche
Tu es mon arbre sacré
Mon homme sans revanche
Mon nègre très sucré
 
Mon homme candi
Mon nègre bien orné
Tu es mon homme inédit
Mon nègre passionné
 
Mon homme hâlé
Tu es mon homme tamarin
Mon fruit candi tropical
 
©Nancy Turnier-Férère
 (L’Amour Bleu 2009)
 
 
 
 
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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 07:06
Ai-je encore assez de vie… - Victor Varjac
 
 
A Max Pons
 
 
Ai-je encore assez de Vie
pour mourir ?...
Ai-je assez parcouru
les chemins insolents
pour continuer ma route ?...
Ai-je assez perdu
au grand Jeu des Mystères ?...  
Je n’attends pas de réponse
je connais votre silence
glacial et bleu
comme une énigme…
Je voulais juste
surprendre mes jours
en flagrant délit
d’espérance !...

©Victor Varjac
Antibes, le 18 août 2012


Extrait du recueil de Victor Varjac « Les Fiançailles de l’Aube » aux Editions Chemins de Plume

 
 
 
 
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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 07:08
Déchirure – Béatrice Pailler
 
 
 
 
Sans miséricorde
Voici dix cordes
Que la misère accorde
Pour dix corps
Que la misère corrode.
Et dans la discorde
Les cent femmes
Au sang pâle
S’enflamment,
S’empalent,
Sur le dix cors
Aux cent flammes.
 
©Béatrice Pailler 




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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 06:44
Notre Monde – Michel Duprez
©Vladimir KUSH
 
 
 
 
Un quart de siècle à recenser
la joie ensevelie
sous les décombres de l'inquiétude.
Pas une ride qui ne soit
heureuse et fière,
pas un muscle qui ne guette
un appel de l'aventure;
un mouvement de continent
dans les nervures de mes mains
refait l'humanité,
la retourne, la regarde,
femme au parfum si terrestre.
N'allez pas croire que je triche
en risquant chaque jour ma vie
sur les tréteaux de la mémoire.
N'allez pas croire à ce que disent
les affamés quand ils ont faim
de toréros spirituels.
Leurs yeux ne savent que brûler
les prairies de l'enfance,
et ils prétendent conquérir
nos cœurs à coups de torches !
N'ayez souci que de bien dire
ce poème entouré de flammes
au vent des quatre vérités
et rien ne vous résistera autant
que le silence.
 
©Michel DUPREZ  




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17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 06:45
Et l’homme apparut…I) - Un monde de brutes a l’état brut - Djida Cherfi
 
 
 
A l’aube du monde,
Quand la nature traçait sa route
Les civilisations, sans doute,
Devaient être à l’état brut.
Puis un jour, tel une verrue,
Sur la terre, l’homme apparut.
Aussi brut que barbare,
Il était sauvage et ignare.
La nature en savait plus que lui,
Il vivait de soleil et de pluie.
Faisant attention où il mettait les pieds,
Il n’allait que là où l’environnement le lui permettait ?
Peu à peu, il a évolué,
Il s’est levé, le dos redressé.
Il s’est mis à fabriquer,
A construire et à labourer.
Plus tard, il a voulu inventer,
Bâtir et détruire selon son gré.
Il est devenu homme fort et bavard,
Il est devenu fort, homme de pouvoir
Qui  veut à tout prix se surpasser
Pour avoir une revanche sur son passé.
Ne faisant plus attention aux pas qu’il fait,
Partout, il veut fourrer son nez.
L’homme primitif a avancé,
Mais son esprit est conditionné.
Il était brute, il reste barbare.
Il était sauvage, il reste ignare.
Démarches sournoises jamais réfléchies.
Indifférence et rejet des valeurs de la vie.
 
©Djida Cherfi Juin 2015  




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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 07:05
Le regard alors perdu – Michel Bénard
 
 
 
 
Le regard alors perdu
Sur le profond mystère
De la voie lactée,
Par la magie du rêve
Laisser se dérouler
Nos légendes d’écume et de sel,
Laisser s’éclaircir en nous
Les nappes de brumes
Encore enchâssée
Dans le bleu d’un vitrail
Symbolisant l’union
D’un mariage clandestin
Aux nostalgiques souvenirs.
 
©Michel Bénard.  




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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 07:22
Rêve et Désirs – Ode
 
 

Tant de lunes ont éclairées mes nuits
Tant de lunes sont venues attiser
Les braises de mon ventre blanc
Mon ventre chaud à faire fondre
Toutes les neiges de mes ans

Je t'appelle dans le rayon qui filtre
Mon corps te réclame
À ta source même
La flamme bleue de tes yeux
Allume l'éternité et fait refleurir
Nos incertaines étreintes

J'appelle les plaisirs de l'amour
Pour la seule joie d'aimer
S'allonge la nuit sur le rouge
De mon ventre de feu
Mon cœur ne chôme pas

Je suis l'amoureuse de l'amour
Et je brûle sous les braises ravivées
Réveillée par le rêve que je fais de toi
Entends-tu monter en toi le désir
Entends-tu monter la musique de mon âme

Et j'arrive à la hauteur de ta flamme
Continuer le rêve
Achever le poème de chair et de sang
Jusqu'aux berges
De son interminable blancheur
 
©Ode  




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