Il était une fois un petit vieux et une petite vieille qui vivaient pauvrement à l’orée d’une forêt. Ils avaient juste une chèvre, Blanchette, qui leur fournissait lait et fromage, sauf en hiver. Durant la saison froide, ils se nourrissaient frugalement de soupes aux herbes, aux baies séchées, à la farine de gland ou de châtaignes.
Mais c’était surtout l’amour qui les tenaient en vie. Leur plaisir, c’était d’aller ramasser du bois pour allumer un bon feu dans la cheminée. Et main dans la main, ils regardaient, heureux, la danse des flammes.
Mais voilà qu’un jour, c’était la veille de Noël, alors que dehors il neigeait à gros flocons, la chèvre devint nerveuse et se mit à bêler. Le petit vieux et la petite vieille comprirent qu’il se passait quelque chose d’anormal. La grand-mère alla ouvrir la porte et inspecta les alentours, mais tout paraissait en ordre. Elle avait à peine repris sa place au coin du feu, quand elle entendit nettement des petits coups frappés à la fenêtre. Vite, elle l’ouvrit et c’est alors qu’elle le découvrit, l’oiseau, tremblant de froid, avec quelques cristaux brillant sur sa belle gorge rouge. Il semblait implorer le gîte et le couvert. La petite vieille, toute émue, comprit le message et dit tout haut : « Quelle joie, mon homme, ce soir, pour le réveillon, nous avons un invité inattendu » ! Vite, elle alla traire Blanchette. Quelques gouttes de lait sortirent de ses pis ; en cherchant bien, elle trouva des miettes de fromage et une pincée de graines. L’oiseau était servi ! Il regarda le grand-père et la grand-mère comme s’il voulait leur dire merci, puis il se mit à becqueter avec appétit. Quel plaisir de le voir dévorer son repas ! Quand il eut terminé son festin, la petite vieille sécha ses plumes avec un tissu doux et fin. Sous une aile, elle trouva une gousse séchée qu’elle mit sur la table. Aussitôt, l’oiseau la prit dans son bec et ô surprise, la déposa dans la main de la petite vieille. Que signifiait ce geste ? Que voulait dire l’oiseau ? La gousse, à coup sûr, avait de l’importance. Laquelle ? Les deux bons vieux réfléchirent, mais peu de temps. Les graines sont faites pour être plantées, n’est-ce pas ? sans hésiter, ils sortirent avec une pelle, déblayèrent un carré de neige, firent un trou, y déposèrent la mystérieuse semence. Puis il rentrèrent au chaud, tout excités.
Le lendemain matin, presque au saut du lit, ils se précipitèrent dehors, tels des enfants impatients de découvrir les merveilles cachées dans leurs souliers. Pour une surprise, ce fut une surprise ! Ils n’en crurent pas leurs yeux : devant eux, se dressait un petit arbre avec plein de branches d’où se balançaient des pastilles multicolores, parfumées et brillantes. Les graines qu’ils avaient plantées étaient donc magiques ! Les petits vieux croyaient rêver… Ils se regardèrent, émerveillés, s’embrassèrent, puis, avec délicatesse, ils cueillirent une petite boule, toute douce au toucher. Lentement, en hésitant un peu, ils la mirent dans la bouche. Aussitôt, des effluves inconnus mais sublimes se diffusèrent dans tout leur être. Leurs papilles n’avaient jamais goûté à une telle saveur. Mais le plus étonnant fut qu’après la dégustation, non seulement ils se sentaient rassasiés, mais une énergie vivifiante rayonna dans tout leur corps. Ils avaient envie de danser, de faire la fête d’autant plus qu’ils comprenaient que cet arbre magique leur fournirait durant l’hiver et peut-être au-delà, nourriture et santé. C’était le cadeau de Noël du rouge-gorge. Ils voulurent le remercier, mais l’oiseau avait disparu…
©Michèle Freud
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