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4 mars 2016 5 04 /03 /mars /2016 08:03
L’amour – Kacem Issad
 
 
 
 
Prends avec tes yeux son corps velouté,
Mets-le dans ton cœur lourd pour le sucrer,
Arrose-le de ta passion
Et tu verras fleurir l’amour
Qui éclairera ton chemin.
 
©Kacem Issad
 



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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 07:47
Le rouge-gorge – Michèle Freud
 
 
 
 
Il était une fois un petit vieux et une petite vieille qui vivaient pauvrement à l’orée d’une forêt. Ils avaient juste une chèvre, Blanchette, qui leur fournissait lait et fromage, sauf en hiver. Durant la saison froide, ils se nourrissaient frugalement de soupes aux herbes, aux baies séchées, à la farine de gland ou de châtaignes.
 
Mais c’était surtout l’amour qui les tenaient en vie. Leur plaisir, c’était d’aller ramasser du bois pour allumer un bon feu dans la cheminée. Et main dans la main, ils regardaient, heureux, la danse des flammes.
 
Mais voilà qu’un jour, c’était la veille de Noël, alors que dehors il neigeait à gros flocons, la chèvre devint nerveuse et se mit à bêler. Le petit vieux et la petite vieille comprirent qu’il se passait quelque chose d’anormal. La grand-mère alla ouvrir la porte et inspecta les alentours, mais tout paraissait en ordre. Elle avait à peine repris sa place au coin du feu, quand elle entendit nettement des petits coups frappés à la fenêtre. Vite, elle l’ouvrit et c’est alors qu’elle le découvrit,  l’oiseau, tremblant de froid, avec quelques cristaux brillant sur sa belle gorge rouge. Il semblait implorer le gîte et le couvert. La petite vieille, toute émue, comprit le message et dit tout haut : « Quelle joie, mon homme, ce soir, pour le réveillon, nous avons un invité inattendu » ! Vite, elle alla traire Blanchette. Quelques gouttes de lait sortirent de ses pis ; en cherchant bien, elle trouva des miettes de fromage et une pincée de graines. L’oiseau était servi ! Il regarda le grand-père et la grand-mère comme s’il voulait leur dire merci, puis il se mit à becqueter avec appétit. Quel plaisir de le voir dévorer son repas ! Quand il eut terminé son festin, la petite vieille sécha ses plumes avec un tissu doux et fin. Sous une aile, elle trouva une gousse séchée qu’elle mit sur la table. Aussitôt, l’oiseau la prit dans son bec et ô surprise, la déposa dans la main de la petite vieille. Que signifiait ce geste ? Que voulait dire l’oiseau ? La gousse, à coup sûr, avait de l’importance. Laquelle ? Les deux bons vieux réfléchirent, mais peu de temps. Les graines sont faites pour être plantées, n’est-ce pas ? sans hésiter, ils sortirent avec une pelle, déblayèrent un carré de neige, firent un trou, y déposèrent la mystérieuse semence. Puis il rentrèrent au chaud, tout excités.
 
Le lendemain matin, presque au saut du lit, ils se précipitèrent dehors, tels des enfants impatients de découvrir les merveilles cachées dans leurs souliers. Pour une surprise, ce fut une surprise ! Ils n’en crurent pas leurs yeux : devant eux, se dressait un petit arbre avec plein de branches d’où se balançaient des pastilles multicolores, parfumées et brillantes. Les graines qu’ils avaient plantées étaient donc magiques ! Les petits vieux croyaient rêver… Ils se regardèrent, émerveillés, s’embrassèrent, puis, avec délicatesse, ils cueillirent une petite boule, toute douce au toucher. Lentement, en hésitant un peu, ils la mirent dans la bouche. Aussitôt, des effluves inconnus mais sublimes se diffusèrent dans tout leur être. Leurs papilles n’avaient jamais goûté à une telle saveur. Mais le plus étonnant fut qu’après la dégustation, non seulement ils se sentaient rassasiés, mais une énergie vivifiante rayonna dans tout leur corps. Ils avaient envie de danser, de faire la fête d’autant plus qu’ils comprenaient que cet arbre magique leur fournirait durant l’hiver et peut-être au-delà, nourriture et santé. C’était le cadeau de Noël du rouge-gorge. Ils voulurent le remercier, mais l’oiseau avait disparu…
 
©Michèle Freud



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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 08:04
L’heure bleue – Denise Bernhardt
 
 
 
 
 
Quand tu viens t’échouer
Lourd de plaisir
Dans l’anse tiède
De mes grèves offertes,
En fermant les yeux
Tu me caresses encore
Imperceptiblement,
Et nos doigts s’effleurent
Dans l’apesanteur
Emouvante des âmes.
Quand tu poses ta tête
Sur mon cœur
En un geste enfantin,
Le temps s’immobilise
Et ton corps alangui
Pérennise,
Le charme félin
Des princes levantin.

© Denise Bernhardt

Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.




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1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 08:08
EN AVANT TOUTE ! – Luce Péclard
 
 
 
 
                                            A Gil, pour 72 ans de théâtre
 
Ce matin, dès ma prime entrée
En conscience mémorable,
Je rentre en scène, pour la fois
Vingt-six mille deux cent huitantième.
Un tour de force, en vérité !
J’agis toujours en chef d’orchestre,
Le temps n’a pas usé mon geste,
Et je commande à la régie.
Il faut régler les éclairages,
Inventer de nouveaux décors.
Cet espace est mon jeu de vie
Où trouver mon champ d’énergie.
J’y puise à ma source profonde,
Le contact avec mon public.
 
Il n’y a plus ni vous ni moi,
Mais une entité fusionnée,
Un « tout nôtre » émergé de l’ombre
Pour briller aux feux de la rampe.  
 
© Luce Péclard

Extrait du recueil de Luce Péclard, « Pars si tu peux » aux éditions du Madrier

 


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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 07:37
Tu es près de moi - Nancy Turnier-Férère
Le réveil, 1876 - Eva Gonzalès
 
 
I
 
Tu es près de moi
tout près de moi
cependant
ta présence paraît lointaine
 
À voix basse tu me dis
je t’aime
as-tu peur de le dire
as-tu peur d’aimer
 
Aisément vers ton amour
mon cœur s’emporte
Est-ce un amour féal
un amour embrasé
nonchalant ou frivole
 
Pourtant je goûte une brève
sensation de bien-être
que je déguste
que je soigne précieusement
au fond de mon cœur
 
Partout où je porte mon regard
je te vois je t’invite
approche-toi
Qui sait toutefois
si tu tends l’oreille
 
Miraculeusement
mon cœur de nouveau
a le goût de t’aimer
le goût de te savourer
dis-moi que tu m’aimes
 
II
 
Quand tu es près de moi
je me jette à ton cou
je me demande si parfois
tu veux m’aimer
si tu penses à m’aimer
si simplement tu peux m’aimer
si vraiment tu m’aimes
 
Puis au-delà des doutes
et d’abondantes larmes
j’attends avidement
un dernier baiser
un dernier regard tendre
lentement je m’emporte
dans le calme de la tombée
de la nuit pour m’enivrer
vers un demi-sommeil
Je prie
 
Ensuite j’accueille
un nouveau jour
Je médite pieusement
Je dis merci
à la lueur du crépuscule
au calme de la lumière
Je rends grâce aux faits de Dieu
jusqu’au lever du jour
Puisqu’Il est Amour et Vérité
Il sait tout et voit tout
et Il comprend bien
combien je t’aime
combien je veux t’abriter
dans mes bras
sans blâme ni revanche
 
©Nancy Turnier-Férère




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28 février 2016 7 28 /02 /février /2016 08:07
Lorsque le soir rassemble – Victor Varjac
 
 
 
 
Lorsque le soir rassemble
le grand troupeau de l’ombre
le feu se métamorphose
en une pluie de lumière
qui s’accroupit
dans la demeure des hommes…
 
C’est l’heure trouble
où chaque chose renonce
à son individualité…
 
Alors jaillit du mensonge
l’anonymat qui submerge
toutes les formes du monde
tandis que le miroir s’évanouit
dans les bras du silence…
 
Le jour vaincu va se pendre
à la muraille sombre
et le pinceau nocturne
redessine les âmes…

©Victor Varjac
Antibes, décembre 1998

Extrait de « LE CHEMIN DES RÊVES » aux éditions Chemins de Plume




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27 février 2016 6 27 /02 /février /2016 07:51
Saison – Béatrice Pailler
©Bart Heirweg
 
 
 
Au canal embué, sous l’haleine gourmande d’un baiser matinal, éclosent de pâles flamandes. Brumes en bouquets et vapeurs pommelées se déprennent de l’onde. Ces rondes pelotes peignées de vent, s’épanouissent en corolles blondes. Ici, au ciel clarifié, elles viennent, blancs nonchaloirs, écheveaux dénoués, jouer au carreau de l’aube dentelière. Petite main aux doigts de fée, dans sa paume, la lumière égrappée roule ses grains, se lie de fraîcheur. Au ciel étonné, elle tisse la beauté. Ici, sur sa toile de miel aux lueurs tiédies, s’émerveillent les nuées attendries.
 
©Béatrice Pailler/2015
 
Publié sur le site le portrait inconscient
Article du 29 mars 2015 consacré au mouvement intuitiste
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26 février 2016 5 26 /02 /février /2016 07:48
LIEU-DIT – Michel Duprez
 
 
 
 
Si mes souvenirs sont bons,
ils ne devaient pas habiter très loin d'ici.
À un jet d'éclair peut-être,
mais pas plus,
entre les lignes d'une main gauche
habituée aux dents de scie
et le bras droit d'un maître-mot
entrecoupé de fausses notes,
ou alors carrément dans la marge,
le crayon hésitant presque toujours
entre deux expressions plus ou moins identiques.
Je me rappelle en effet les avoir déjà vu emprunter
cette artère au sang bleu qui meurt d'envie de savoir
où commence la faim d'écrire et tout finit par s'éclairer.
Je me souviens d'un lieu, d'un abri sûr,
ou du moins supposé tel,
où la femme invisible et seul être au monde,
dans l'immensité des milieux littéraires,
à croire encore en leur innocence,
avait jugé bon de les assigner à résidence,
quelque part, là-bas, dans l'archipel des archives,
debout sous l'aile protectrice d'un rayon sans arrêt à pied d’œuvre
ou rêvant tout haut d'un morceau de ciel bleu,
à plat ventre étendus sur la plage d'un disque,
logés pour ainsi dire à la même enseigne
que les ombres familières d'autres vacanciers fidèles
ayant eux aussi oublié un peu de lie au fond de leurs vers,
juste assez pour ne pas être classés sans suite.  
 
©Michel Duprez



 
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25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 09:07
Si le monde était poète ! – Djida Cherfi
Source de l'image inconnue…
 
 
 
Ah si tout le monde était poète !
Les discussions seraient plus belles.
La terre entière serait en fête.
Les amis resteraient fidèles.
 
Si le monde écrivait des poèmes,
Il serait tellement plus plaisant !
Il ne dirait rien d’autre que « je t’aime ».
En ami plus qu’en amant.
 
Si le monde était poète,
Les barbares seraient moins bêtes!
Occupés à faire des rimes,
Ils penseraient moins au crime…
 
La tendresse et la chaleur humaine,
Grandiraient dans le cœur.    
Qui serait une vaste demeure,
Sans place pour la haine.
 
©Djida Cherfi
04/05/15


 
 
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24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 08:10
Les architectes de la mémoire – Michel Bénard
Cathédrale Saint-Jean, Lyon – Photos J.Dornac©
 
 
 
Les architectes de la mémoire
Impriment leurs pas sur le cycle
Des empreintes universelles,
Aux schémas de l’espace éternel
Placés sous le signe
Du nombre d’or.
Par ce livre de pierre
Le monde est recréé,  
La rosace reprend sa place,
La Vierge est couronnée,
C’est un rêve de cathédrale
Que s’élève en couleurs arc en ciel.
Les étendards royaux se déploient,
Sur les bannières fleurissent les lys.
Nous avançons au cœur de temps,
Sur l’initiatique voie
Du grand labyrinthe.
Ce sont des songes aux nuances bleues
Qui illuminent le sourire de l’ange !
Mais la nuit reprend ses droits,
Lorsque soudain s’éteignent
Les rayons de l’éphémère lumière.
 
©Michel Bénard.


 
 
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