Dans la tristesse de mes songes
Je vois passer comme un navire
Un vaisseau fantômes qui me ronge
Qui jamais ne s’incline ou ne vire…
Il y a autant de squelettes mouvants
Que d’années au compteur de mes ans…
Il me semble reconnaître chacun d’eux
En dépit des haillons que portent ces gueux…
Il y a une curieuse ressemblance
Entre ces restes de ce qui fut vivant
Et ce que j’ai connu lors de mon enfance
Puis tout au long de mes temps…
Je reconnais mes joies et mes peines
Mais aussi mes heures d’ennuis
Le temps où mes amours furent reines
Et mes longues années de nuits…
Ce vaisseau n’est que le reflet
De ce que fut jusqu’ici ma vie
L’image des coups et des camouflets
Que l’on m’infligeait sans préavis…
Ce grand cadavre ambulant qui file
Droit comme un fier goéland
Cherche je ne sais où une sorte d’île
Où accoster le plus dignement…
Triste songe sur les ans qui passent
Sur cette vie qui sans cesse trépasse
Mes années me regardent en souriant
Peut-être même en se moquant…
Et pourtant je vois sur ce rafiot
Quelques mines au sourire radieux
Il fut des jours où je n’étais pas idiot
Des jours où je frôlais les cieux…
Dans ces moments-là
Le vaisseau devient papillon
Mes ans mettent leur tenue de gala
Et mes joies se comptent en millions !
Le temps qui passe
Gonfle les voiles
Et file le navire dans l’impasse
De la nuit des étoiles…
©Jean Dornac
Lyon, le 22 mai 2016
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