Bercé
D’un feu si tendre que le ciel s’est troublé
D’un sentiment si doux qu’un rayon de soleil s’y est réfugié.
Percé
Au fond de l’âme d’une larme retenue, qui jamais ne s’épand
Cascade interrompue par le souffle du temps.
Jardin muet
Jardin secret
Peuplé d’ombre, de tombes froidement alignées
Envahi de silence
De souvenir qui dansent.
Il me faut m’en aller la mémoire muette
Ravaler mon chagrin, mes larmes désuètes
Renoncer à t’offrir mes œillets de poète.
Il me faut m’éloigner, te laisser à ta mort pour me perdre à ma vie
Affronter la quiétude qui vient après les cris.
Exercice de style
Me voici inutile
Et mes mots, et mes vers je le sais, je les hais et les jette à l’oubli.
Quiconque passera ne les reconnaîtra
Ne les remarquera
Qui sait ?
Même pas toi.
Rampent les heures en tapinois
ainsi qu’un funeste tournois.
Insaisissables elles ricanent,
se faufilent sous les arcanes
de nos journées et de nos nuits,
inaltérables et sans répit.
Et dans les instants de bonheur
elles nous trompent, elles nous leurrent
car elles nous guettent constamment
pour nous jeter dans le néant.
Elles sont d’autant plus pernicieuses
qu’elles avancent, silencieuses,
tout en creusant impunément
leur lot d’entailles dans le temps.
Oui, c’est une ronde infernale,
une véritable bacchanale.
Sur proposition de Michel Bénard, j’ai la joie d’accueillir Véronique Flabat-Piot, vice-présidente de la Société des Poètes Français. J’espère que vous lui réservez un très bon accueil.
Comme une aube qui s’étire
les mots
se sont effilochés
dans mon cœur…
L’écharpe vermeille du jour
emmitoufle
d’un châle évanescent
mes espoirs et mes rêves.
Un collier de rosée
pare mes songes
de perles d’espérance.
Le souffle éternel
de la nature
rythme mon être.
Chaque atome de vie
converge
vers cet infini
de lumière palpable.
Au terme du parcours
le Verbe
recompose la parole.
Les mots renaissent
pour colorier l’Avenir
de leur puissance subtile,
nuages dessinant
la phrase
où fleurissent
les « Je t’aime ! »…
Janvier s’en est allé
Février frappe aux volets
Laissez moi vous offrir ce bouquet
Un ciel en exil aux nuages fuyants m’invite à tourner la page du calendrier.
La Seine a mis son manteau aux boutons de givre.
Elle déploie son ruban céladon, saluant square Viviani le robinier, vénérable de plus de quatre siècles. Il ouvre ses bras nus pour accueillir la fée des neiges.
Vêtu de frimas, le Petit Pont tend son regard vers le prophète :
Chemin perdu sur l’horizon des attentes
Nuit glacée, voix égarée
Buisson brûlé
Chimères aux arbres effeuillés
Tandis que les corneilles fuient au vent de l’oubli, l’espérance renaît au Pont au Double. ans un ciel blanc de neige se lève une main :
Main muette et transparente
Main lasse à la dérive
Main de maraude
Main de tendresse
Main d’offrande
Main de justice
Mains jointes devant les vingt-huit statues des rois de Juda et d’Israël
Mains ouvertes vers la grande rosace où demeure l’écho de la flèche
Le Pont de l’Archevêché conduit au square Jean XXIII drapé de sa toge d’ivoire. ans son dépouillement, l’hiver dévoile le chevet de Notre-Dame.
Cette hardiesse du Moyen Age nous offre la joie d’être, de comprendre ce que l’homme a crée de plus beau pour n’être jamais seul.
Comment quitter ce lieu magique ?
Un vent de neige plisse la Seine jusqu’au Pont Saint-Louis où convergent mille influences.
L’Île de la Cité et l’Île Saint-Louis livrent leurs âmes.
Au Pont au Change la Seine porte l’empreinte des passions. ’une rive à l’autre son chant s’élargit jusqu’à la houppelande des bouquinistes.
L’heure de vérité sonne Quai de l’Horloge. e glaive et la balance trouvent un point d’équilibre et rendent leur verdict :
Justice retrouvée
Neige sur l’arbre de Mai
Sous les douze arches du Pont Neuf résonnent les voix de Marquet et de Signac.
Parée de ses plus beaux atours, la Déesse Sequana déroule ses songes le long des berges enneigées de la Seine :
à Lutèce
sur le pilier des Nautes
la Seine se métamorphose
en blanche aigrette amoureuse
Mes pas crissent sur la neige poudreuse quand s’ouvre la place Dauphine.
Sous la valse des flocons, j’entre au numéro 14.
Près de l’âtre, une Muse écoute Jean Ferrat :
« Quand l’hiver a pris sa besace
Que tout s’endort et tout se glace
Dans mon jardin abandonné
Quand les jours soudain rapetissent
Que les fantômes envahissent
La solitude des allées
Quand la burle secoue les portes
En balayant les feuilles mortes
Aux quatre coins de la vallée
Un grillon dans ma cheminée
Un grillon se met à chanter
… »
Les vieux arbres de l’oliveraie,
Sève enracinée au sol cicatriciel,
Tendent leurs branches orantes
Vers les échappées d’or célestes.
Un vent délétère délie
Mes frêles poèmes suspendus
Au vert séculaire du feuillage,
Mots et lettres esseulés
S’envolent pêle-mêle
Tourbillonnent
Avant de s’abandonner,
Gorgés de liberté,
À l’humus de terres ameublies
Par l’imaginaire encré
Des jardiniers de la beauté
Fertilisant le pollen de la paix.
Tout en métamorphose
La tête qui explose
La souffrance à petite dose
Et le choix qui s'impose
À trop vouloir satisfaire
Le cœur de lucifer
C'est son monde qui se perd
La fin de son univers
Flamboyante enveloppe
Tout en métamorphose
Elle prend le dessus la rêveuse
La fébrile nauséeuse
L'estomac noué
La gorge enrouée
La captive du monde stérile
Renonce et se met en péril
Elle avance d'un seul pas
Elle ne reculera pas
La patience paiera
La rivière de larme s'assèchera
Elle sera à son apogée
Et la fleur qui a fané
Prendra la lumière qui lui a manquée
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...