© Hans Holbein le jeune
Ténébreuses et troublantes épousailles
La mort joyeuse enlace et cisaille.
Voici la noce ancestrale où le corps se cabre,
La gigue infernale d’une danse macabre.
Les lames rouges saintement ferraillent.
Le choc des boucliers scande la bataille,
Arme nos bras pour que tinte et tonne le chaos
D’une épopée de chair, d’os, rougeoyante et sans repos.
Je me souviens que sous les étendards de velours cramoisis
S’émeuvent les cœurs, s’échauffent les corps aguerris.
L’impatience était grande, en liesse aux sons du tambour, nous sommes partis.
Fiers nous allions avides de conquêtes guerroyer vers la lointaine Asie.
Sur la plaine, dressé au seuil de ma nuit, je me souviens du début.
L’orient s’offrait à nous, éblouissant dans sa lumière crue.
L’or, l’argent, les étoffes précieuses, les corps nus.
La beauté des femmes, la force des hommes, nous voulions l’inconnu.
Voici notre butin corbeaux et corneilles à la noirceur d’émail,
Qui sur la terre desséchée, sable et rocaille,
Tournoient, s’assemblent, viennent affamés
Se nourrir à la source fertile de nos corps mutilés.
Caresses funèbres pour de radieuses funérailles,
Verrons-nous l’aube nouvelle ce tendre corail ?
Et l’onde guerrière d’acier rutilant
Sème la mort dans son sillage sanglant.
© Béatrice Pailler
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