© Isabella Poulenard
Je serai l'escarboucle du rouge de ton sang,
Parcourant tes vaisseaux, nourrissant ton printemps.
Pour me couler sans cesse à l'ombre de ta peau,
Là où la chair est reine, je bâtirai château.
Depuis l'aube des temps, je me serais mêlée
Au lait des étoiles, nectar d'immensité,
Savourant la magie d'un instant qui révèle
La douce mélancolie d'un bonheur qui te hèle.
Je me ferai corail pour qu'en mes flots marins,
Tu pêches des astéries aux regards de lutins.
Tu plongerais en moi, te noyant sans remords,
Au fond de mes abysses quand ma bouche te dévore.
Je serai chrysoprase pour t'habiller d'or jaune,
Scintillante au soleil qui caresse les faunes.
Je maquillerai ta vie d'un éclat de vermeil,
Revêtant d'organdi ton cœur quand tu sommeilles.
Pour réchauffer tes rêves à l'heure des grands frissons,
Je dessinerai sur toi des flammes en moissons.
Mes yeux te seraient jade pour orner de mon vert,
L'espace du moment où plus rien n'est frontière.
Balayant de mon souffle les orages, les saisons,
Je chercherai ta bouche pour y graver mon nom.
Au cristal de ta peau, tintera notre histoire.
L'amour fera vibrer la lune dans sa robe de moire.
Et je serai saphir éclairant tes espoirs
D'une lumière bleutée qui efface le noir.
Au ventre de mes cris, j'enchaînerai ton être,
Étouffant dans son œuf l'aigle noir du paraître.
Je tuerai sans répit et de toutes mes armes,
Les démons jalousie, calomnies qui font drame.
Je serai l'améthyste, t'offrant dans mon calice
Les chants de mon plaisir quand ton corps m'est délice.
Je serai tienne alors, assaillie de désir.
Ma chair qui chanterait ne serait qu'un soupir.
En pierre à jamais, je clamerai au monde
Que de l'éternité, tu m'as rendue féconde...
© Mahaut d'Ys
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