© Joseph Mallord William Turner
Tard d’hier soir
La mer parlait de toi
Les vagues parlaient de toi sur le sable effacé
Et les larmes d’embrun au-dessus des rochers
Jusque tard d’hier soir en vain je t’ai cherché
Cent fois j’ai cru t’entendre et cent fois j’ai crié
En vain ton nom
Ils sont restés muets tous ces lointains perdus
Je n’ai pas vu blanchir sur les crêtes mourantes
La frêle goélette aux voiles d’horizon
Aucun souffle n’agitait le moindre pavillon
Le vent dans les haubans avait cessé de
geindre
Tu m’avais tout promis
L’ivresse des grands mâts dans le ciel déployés
Des voilures plus légères qu’un bruissement de soie
Des filets à craquer tissés de fils d’argent
Sur des morceaux de lune au fond des océans
Tu m’avais tout promis
Je t’avais tout donné
Mon nord mon sud et l’est avec le ponant
Et l’après et l’avant et Dieu aussi je crois
Tu as tout emporté
Et même la boussole et même le sextant
Partis à la dérive sous un ciel sans haubans
Il ne me reste aux lèvres qu’un sel d’amertume
Une ombre de lumière égarée dans la brume
Et des larmes d’embrun accrochées aux rochers
Et les vagues et la mer
Sur le sable effacées
© Annie Mullenbach-Nigay
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