© Guernica - Pablo Picasso
Mon poème à la main
je marche vers les hommes
soudés dans leurs armures
d'égoïsme et de peur…
Ils brandissent l’épieu
la chaîne et le boulet
comme des talismans
ou des prises de guerre…
Je vois les chars d'assaut
farouches et grotesques
qui bouchent l'horizon
ensemençant la plaine
de leurs chants métalliques…
Ils construisent l'horreur
labourent les poitrines
des êtres qui s'opposent
à leurs nombreux caprices…
Soldats en uniforme
chasseurs de liberté
surgis du grand trou noir
amant de vos tombeaux !
Vous incarnez l'abîme
et la chute éternelle
au milieu du silence…
Vos armes acérées
terrorisent les humbles
jusqu'au seuil de la mort…
En ces temps périlleux
la prudence devient
de la provocation…
Le mot en équilibre
sur la lèvre tremblante
ressemble à l'abandon
qui devient un signal
pour les mâchoires d'acier
des monstres sans visage
qui pulvériseront
la robe de l'espoir
puis fouilleront sa chair
dévoreront son cœur
symbole mystérieux
de nos incarnations…
Ces actes impensables
fichent nos existences
sur la croix des douleurs
qui fissurent les âmes…
Fuyons ces lieux maudits
où la grandeur se couche
dans la boue de l'Avoir !
Prenez garde banquiers
marchand de viande humaine
spéculateurs véreux
industriels gourmands
qui dévastez la terre
vos légions de comptables
ne tiennent pas le monde
la rentabilité
aux mains toujours sanglantes
à l'ombre de la Bourse
édifie peu à peu
le gibet de vos crimes !
Je ne céderai pas
aux chantages des chiffres…
Trop de pauvres… Trop de morts
peuplent votre univers…
Trop d'enfants misérables
trop de femmes perdues
sur le sentier du monde
ont payé de leur vie
l'égoïsme des hommes…
Assis sur votre trône
de marbre et d’illusions
monarques des chimères
vos plaisirs… vos richesses
déchirent le soleil
et trompent le bonheur
en livrant aveugles
à la meule qui tue
les heures de nos vies…
Prenez garde !... Prenez garde
Seigneurs de la finance
car je porte en mon sein
le poème vivant
qui renaît de ses cendres
et de la damnation
qui anime cet âge
ténébreux et cruel…
Vos êtres sont trop lourds
pour peser sur nos âmes
et qu'importe aujourd'hui
si les dents de vos balles
font jaillir de nos corps
le sang bleu de l'amour !
Chaque blessure possède
un appétit de gouffre
dévorant le mirage
des fortunes malsaines
jetant la pourriture
de leurs entrailles molles
dans l'enfer impossible
de vos cris d'impuissants !
Oui je le sais demain
sur la plaie de vos tombes
l'enfance retrouvée
dansera le sourire
et la joie de la Terre
en douces rondes blanches
embraseront cette aube
sur les joues de la vie…
Ce sera je le sais
le premier jour du monde !
© Victor Varjac
Antibes, le 6 novembre 2004
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