© Paul Klee
Le Verbe…hélas
aveugle et perverti
par le poison des hommes
se roule dans la fange
et pavoise au sommet
de l’impur et du viol…
L’image elle-même
prostituant ses formes
ses couleurs et son rire
pour un peu de monnaie
tout juste vingt deniers…
insulte la terre
qui se fissure…
se mutile…se révolte….
Ah ! la Publicité…
amazone vorace…
érotique figure
se vautrant sur nos jours
pour exciter encore
nos envies et nos vices…
Dans ce cirque étroit
nous accouchons sans cesse
d’une petite mort
dont les belles cicatrices
préparent notre chute
au pays de l’enfer !...
Toujours insaisissables
les affiches s’emparent
du paysage urbain
asservissant nos murs
nos jardins et nos places
de leurs chants de sirènes…
Fourberies à la mode
guets-apens redoutables
qui séduisent nos yeux
caressent nos cerveaux
puis déposent la graine
rouge et noire
du désir et du feu
dans nos êtres conquis…
Des femmes se prélassent
le corps brûlant et nu
pour vanter un produit
toujours plus inutile
que celui qu’il remplace !...
Inlassables louages
du prêtre des finances
l’annonceur accomplit
l’ordre de ses maîtres
en flattant la bêtise
de tous ceux qui dévorent
babioles et gadgets
prisonniers de l’Avoir…
Eclatant aux jointures
repoussant les limites
les mots
breuvage magique
enivre le quotidien
et l’homme des heures grises
sur le crâne du mirage
plonge dans la machine
à broyer l’existence…
Il est ce demi-dieu
esclave de ses choix
suspendu à la poutre
où dessèche son âme !..
© Victor VARJAC
Extrait de la Rouille des Jours
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