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Ils ont cru quelque temps le poème bonasse,
Breuvage liquoreux
Avec quoi contrefait, quelque chétif finasse
Maints projets doucereux.
Surfait comme anodin, quand d’humeur trop crédule
Niais et bon enfant,
Un quidam s’en saisit dont il fait son pendule,
Tel autre un olifant.
Ils l’entendent souvent comme un brame sans force,
Complainte haute en fards,
Dont l’insipide ton, désespéré se force
Sur des matins blafards.
Malheureux qui n’avez soupesé sa couronne,
Ni son glaive tenu,
Trop sourd à ses contre-uts sur lesquels il claironne,
Sans artifices, nu.
Où musardiez-vous donc au jour de sa naissance
Ignorant ses berceaux,
Au lieu de ses coursiers en capter la puissance
Puis en couler les sceaux.
Approche et vois au fond de son œil qui s’enflamme,
La crainte des cochers ;
Entends de son sabot intrépide, la lame
Fracassant les rochers
Les vents dont l’ouragan disperse ses crinières,
Cinglent nos attendus,
Tandis que ses nasaux calcinent nos manières
Et leurs tons éperdus.
Vous êtes-vous risqués à maîtriser l’enclume
De son poitrail de fer,
A lui passer un frein quand son œil noir s’allume :
Qui de vous s’est offert ?
Qui sait d’un bond hardi, lui saisir l’encolure
Et le piquer au flanc,
Pousser ou retenir son intrépide allure,
Dont il mène l’allant ?
Tel est, franc le poème où souffle Polymnie
A son oreille un chant
L’écoute toi de même et tes doutes renie
Puis t’en fais le servant.
Poète, garde nous ton art allégorique,
Source de bon aloi,
Qu’on ne nous serve pas quelque jour historique :
Un poème, c’est quoi ?
© Claude Gauthier
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