Il va de ville en ville
De rue en rue
De banc en banc
Dans l’espoir de trouver
Enfin son petit coin de paradis
Il a soif de vie et de reconnaissance
Il quête plus les regards bienveillants
Que l’argent des quidams qui passent
Sans bouger l’œil ou l’âme
Détournant leur conscience vers le néant
Pauvre bougre abandonné par les siens
Lâché sans remord par la société
Il ère ne sachant ou se fixer
Voyageur des quatre saisons
Il n’est plus qu’un reproche permanent
Envers ceux qui le haïssent
Et le chassent de leurs décors factices
Il est le reflet de leur égoïsme
Sous le mépris des belles âmes
Des dames bien mises
Et des hommes raides de conformisme
Il ne lui reste que le vin
Où son âme aime à se diluer
Sa bouteille, au moins
Ni ne le juge ni ne le condamne
L’ivresse le libère de l’insolence
D’une foule qui n’a que faire du pauvre
Il rêve d’une autre transhumance
Celle qui le mènera aux verts pâturages
D’un monde sans loi ni argent
D’un univers parmi les étoiles
Loin de ce monde d’orgueil
De nantis et de pharisiens
Il rêve de se retrouver
Dans quelque journal
Lorsqu’on l’aura retrouvé
Au fond d’un canal
Ou se balançant au bout
D’une corde libératrice
Pour une fois, même brièvement
On saura qu’il a existé
On saura qu’il a aimé
Qu’il a chanté et souffert
Qu’il fut un homme
Un pauvre, un marginal
Qui par acte de décence
A quitté ce monde
Qui jamais n’a su l’aimer…
© Jean Dornac
Paris, le 8 juillet 2010
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