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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 07:12

 

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Dans la ville dévastée où tout vacille
Deux âmes s’en vont cote à cote
Leurs pas, devenus étrangers
cadencent à contretemps
Tandis que sur un piano borgne un bémol s’obstine à obscurcir la flamboyance
insolente de leurs rires en cascade
Dans leur sillage, la machine à broyer la joie ouvre déjà sa gueule puante
pour recevoir l’empreinte de ces âmes en mal de jumelage
Ici tout, jusqu'à l’angoisse
tout s’estompe
Autour de leurs visages, l’ennui guette….

Elle se souvient encore comme si c’était hier
ou plutôt aujourd’hui
Elle et lui, enlacés sur cette place des amants en mal d’amour
Lui, oubliant jusqu’au clin d’œil du moment d’éternité
et vivant son désarroi
comme s’il s’était trompé de gare
Elle, croyant encore à la complicité retrouvée des unions saisonnières

Non loin, la fenêtre ouverte bée sur la montagne ou s’exile la pleine lune dont
la face ruisselle des stries dévastatrices d’une pluie inattendue
Les amants ou ce qui y ressemble
s’amusent à jouer à effacer les maux des mal-aimés
Deux visages se grimant de silence, de peur
se rapprochent
et se barbouillent de l’opacité des demi-vérités
Elle se veut pareille à la source au printemps des amours renouvelées
Lui ne connaît plus de saisons si ce n’est l’illusion d’une conquête d’été
Le froid a emporté la foi
l’engouffrant dans les grandes giboulées d’occident

Eux, c’est la solitude
jusqu’au moindre gémissement d’un contre-chant déballant des « miserere»
striant les empreintes de l’âme

Elle, la chevelure en éventail
le corps modulé de désirs
Elle devient navire, océan,
à la fois captive et conquérante des gréements de la voile
et du tournis de la vague
Lui, phallus vengeur
Lui bourlingue dans sa chaire
comme en terre étrangère

Leur seul geste d’intimité est l’acceptation de l’orgasme femelle, tel hommage
à la virilité
Les mots d’amour dérivent, hoquettent et se taisent naufragés du bégaiement
de l’angoisse

Un amour se noie dans la jouissance devenue stérile
Et pleure son pareil envoûté par le sifflement des mirages aux contours
submergés de sable

Elle sait qu’il va faire nuit dans l’aube impalpable ou le coït terminé
leurs corps se séparent à nouveau étrangers

Une note claire enclavée dans le tumulte des émotions contraires
Laisse échapper sa démesure comme une indécence dans le courant d’air
Ce n’est que la voix d’un bébé qui pleure dans le voisinage
Elle croit entendre claquer le fouet aveugle du néant dans l’embouchure de
leur luxure

Il ne reste plus à quai que le mâle fonceur
dérivant les replis d’un antre désemparé

C’est l’agonie d’un amour qui n’arrête pas de mourir
Elle, devenue femme de passage
plie le bagage de ses attentes bafouées
Lui, tourne le dos, avec pour seul aveu,
Son pantalon accordeonant sa mollesse le long de deux cuisses musclées
balafrées des dégoulinades d’une semence mort-née

Dans l’ombre, se profile indéfinie la souffrance d’une âme endolorie étreignant
l’inconstance du vent ou l’amour joue encore à se faire croire vivant

Dans la ville défigurée, les lys se penchent sur leurs tiges privées de sève

Pas un effleurement, pas un geste d’amitié quand l’amour s’absente

Et la pleine lune pleure des larmes
rougeoyant de sang la source engorgée
des vomissures de cet adieu
qui emporte avec lui jusqu'à l’ultime cri du plaisir

© Marie Alice Théard (IWA/AICA)
Thomassin 2011



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  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
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